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Manoeuvre, Conte à Bruxelles : ce que demande l'UE et ce que propose l'Italie

Bruxelles s'attend à ce que le déficit du PIB italien de 2019 reste en dessous du mur des 2%, mais Conte est actuellement incapable de convaincre les vice-premiers ministres de descendre en dessous de 2,1% - Environ 4 milliards sont nécessaires pour combler l'écart, que la Commission européenne voudrait vider le quota de 100 sur les pensions. Pourtant, la Ligue a répondu : "On n'en parle pas" - Moscovici : "La comparaison entre la France et l'Italie est fausse"

Manoeuvre, Conte à Bruxelles : ce que demande l'UE et ce que propose l'Italie

Une poignée de milliards séparent Rome de Bruxelles. Pour désamorcer la bombe procédure d'infraction, la Commission européenne demande à l'Italie de réduire le déficit du PIB 2019 de 2,4% prévu dans la note de mise à jour de la Def jusqu'à à 1,8%. C'est la position officielle, mais officieusement - compte tenu également d'une flexibilité supplémentaire pour l'effondrement du pont Morandi et l'instabilité hydrogéologique - l'Europe est prête à aller jusqu'à à 1,95%. C'est la dernière offre mise sur la table de Jean Claude Juncker : à prendre ou à laisser.

Pour l'instant, les efforts du gouvernement jaune-vert ne suffisent pas à satisfaire les demandes de Bruxelles. A la table des négociations, le Premier ministre, Giuseppe Conte, est autorisé par ses adjoints à proposer une réduction du déficit à 2,1%. Trop peu : la distance entre l'offre et la demande est environ 4 milliards.

Pour se rapprocher de l'objectif d'un accord, il faudrait modification substantielle du quota de 100: La Commission souhaite que la contre-réforme des retraites prenne effet seulement l'année prochaine, avec une série de fenêtres temporaires qui ne pèseraient toutefois pas sur les comptes 2020-2021. Pourtant, la Ligue s'est déjà opposée à un refus virulent.

Pendant ce temps, un côté inattendu pour l'Italie pourrait venir de reddition d'Emmanuel Macron aux gilets jaunes.

Pour endiguer les protestations qui sévissent dans le pays, le président français a annoncé une série de mesures : une augmentation de 100 euros du salaire minimum, une détaxation des heures supplémentaires et des baisses d'impôts pour les retraités les plus démunis. Tout cela aura un impact significatif sur les finances publiques françaises, au point que le ratio déficit/PIB de Paris pourrait franchir le plafond de 3 % établi par les règles de Maastricht, pour atteindre 3,4 %.

Du point de vue de l'Italie, la capitulation de Macron est une opportunité. Lors du prochain Conseil européen, prévu les 13 et 14 décembre, Conte tentera de tirer parti de la situation française pour assouplir la position de Bruxelles sur la manœuvre jaune-vert.

Cela ne veut pas dire que c'est suffisant. « Le gouvernement italien – met en garde le commissaire européen aux affaires économiques, Pierre Moscovici – semble plus ouvert à trouver des moyens de réduire le déficit 2019. Mais s'ils veulent changer notre analyse, ils doivent trouver des chiffres et des engagements concrets ».

MOSCOVICI : LA FRANCE PEUT ENFREINDRE, LES RÈGLES LE DISENT

Dans une interview au Parisien, Moscovici a déclaré que la comparaison entre la France et l'Italie ne tient pas la route : "Dépasser la limite des 3% de déficit est possible de manière limitée, temporaire et dans des conditions exceptionnelles, mais chaque mot compte dans le sens où tout dépassement de 3% ne doit pas s'étendre sur deux années consécutives ni dépasser 3,5% par an. Il n'y a pas de clémence, ce sont nos règles, juste nos règles. Surtout, ne faisons pas comme s'il y avait sévérité excessive d'un côté et je ne sais quel laxisme de l'autre. La comparaison avec l'Italie est tentante mais erronée, car ce sont deux situations totalement différentes. La Commission européenne surveille la dette italienne depuis de nombreuses années, ce qu'elle n'a jamais fait "pour la France".

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