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Loi électorale : la réglementation parlementaire est cruciale

L'attention des observateurs politiques est focalisée sur la nouvelle loi électorale et sur les risques pour la stabilité politique mais les dangers de fragmentation en trop de groupes découlent des réglementations parlementaires - Cependant, le mandat électoral impératif proposé par les grillini pour éviter les migrations ne convient pas aux systèmes politiques démocratiques et représentatifs

Loi électorale : la réglementation parlementaire est cruciale

Après avoir surmonté l'inquiétude du résultat électoral en France, les marchés financiers évaluent désormais (c'est leur métier, puissances fortes ou faibles) le risque de l'Italie, avant tout du point de vue de sa stabilité politique dans l'attente du résultat des politiques des prochaines élections. On se demande si le retour électoral de type allemand donne naissance à un gouvernement stable quoique de coalition, quel qu'il soit.

Les observateurs politiques avancent parfois qu'en raison de l'effet du système proportionnel de la loi, la formation de soi-disant « planches » comprenant des sénateurs et des députés de visions politiques différentes mais unis pour franchir le seuil des 5 % et siéger au Parlement est à attendu. Il est raisonnable, ajoute-t-il, qu'au sein même des principaux alignements qui se présenteront aux élections, il y ait une place, comme par le passé, pour des parlementaires potentiels qui expriment des sensibilités politiques différentes sur les questions les plus diverses.

Si telles sont les prévisions des commentateurs politiques, il est surprenant que le débat sur la réforme électorale néglige les effets potentiels sur la stabilité des futurs gouvernements permis par le règlement parlementaire actuel : donc pas au moment du vote, mais au suivant quand les élus se présenteront dans leurs chambres respectives .

Comme on le sait à cette époque, chaque élu individuel devra choisir à quel groupe parlementaire il entend adhérer. C'est un acte imposé par le règlement parlementaire du Sénat et de la Chambre. Mais rien ne garantit que la structure des groupes parlementaires issus des options personnelles les plus diverses coïncide avec les partis ou avec les « planches » qui se sont présentées aux élections.

Aujourd'hui encore, à la fin de cette législature, la stabilité invoquée du gouvernement dépend non pas tant de la configuration des groupes parlementaires assumée au début de la législature, mais de la structure qu'ils ont progressivement assumée au cours de la législature et de la comportement de vote corrélé des nombreux groupes : 10 au Sénat et 12 à la Chambre. Parmi ceux-ci se distingue le Groupe mixte (33 sénateurs et 51 députés) qui, comme en témoignent les consultations du Quirinal pour la constitution du gouvernement Gentiloni, s'est à son tour fragmenté en sous-groupes contribuant à la formation de ces 23 groupes (certains aussi nés de l'émulation de la scission de l'atome) qui expriment aussi légitimement des positions politiques différentes à l'occasion des différents sujets à l'ordre du jour.

Un regard sur l'ensemble des groupes parlementaires actuels montre qu'ils se répartissent entre un minimum de 12 sénateurs et un maximum de 99 ; d'un minimum de 11 à un maximum de 282 députés, montrant également dans ce cas une fragmentation persistante qui, même dans un avenir prévisible, ne pouvait garantir la stabilité de l'exécutif dans le temps. Il faut ajouter que la transmigration d'un groupe parlementaire à l'autre est une habitude répandue dans les deux chambres. Par exemple, le Parti démocrate a remporté 9 sénateurs et 24 députés durant la législature mais en a perdu respectivement 16 et 33. De son côté, le mouvement 5 étoiles a perdu 19 sénateurs et 21 députés et n'a remporté qu'un seul sénateur. Forza Italia a perdu 52 sénateurs et 52 députés et en a remporté 4 au sénat et à la chambre (OpenParlamento. http://oopenpolis.it).

Il faut rappeler que face à de telles migrations d'un groupe parlementaire à un autre, il a été proposé par certains pentastellati de modifier l'article 67 de notre Constitution (exercice de la fonction parlementaire sans mandat) pour introduire la contrainte dite du mandat électoral un impératif qui, cependant, ne s'adapte pas aux systèmes politiques démocratiques et représentatifs. Ce n'est pas un hasard si l'interdiction du mandat impératif, que beaucoup de pentastellati oublient, est l'un des héritages les plus importants de la Révolution française de 1789, dont la Constitution ultérieure de 1791 a sanctionné l'interdiction du mandat impératif. A ma connaissance, ce n'est qu'à l'occasion de la Commune de Paris - qui suivit la défaite militaire de la France face à la Prusse - dont le gouvernement provisoire gouverna Paris du 18 mars au 28 mai 1871 et introduisit précisément le mandat impératif élu en plus d'avoir adopté le drapeau rouge comme symbole.

Il me semble que ce n'est pas un exemple à imiter, même pour ceux qui se réfèrent à la pensée du calviniste Jean Jacques Rousseau qui, comme on le sait, est mort en 1778 avant d'avoir vu la Révolution française et peut-être apprécié ses héritages démocratiques.

Il conviendrait que le Parlement actuel s'interroge aussi sur l'après élections, les règlements parlementaires et la migration pas impossible autorisée par ce dernier, à moins de vouloir suivre les admirateurs de la Commune de Paris.

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