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Lapadula (Cgil-Cnel) : "Oui au pacte de productivité programmée"

Selon le chef de la délégation de la CGIL au CNEL, la proposition de Marcello Messori sur la productivité (voir FIRSTonline du 30 septembre) "va dans le bon sens car elle met l'accent sur les investissements dans les technologies innovantes et sur les changements d'organisation et de gestion des entreprises" - Non au salaire compression - Le gouvernement doit donner des indications concrètes.

Lapadula (Cgil-Cnel) : "Oui au pacte de productivité programmée"

La proposition de pacte de productivité esquissée par Marcello Messori dans leinterview publiée sur FIRSTonline du 29 septembre dernier, s'il était accepté, il donnerait une orientation claire aux négociations interconfédérales en cours sur ce dossier. C'est encore incertain aujourd'hui aussi parce que le gouvernement a confié la question aux partenaires sociaux sans exprimer explicitement son propre point de vue. Le risque est donc que la discussion se termine par des déclarations de principe, mais sans indications concrètes. Cela serait peut-être utile pour montrer à Bruxelles que l'Italie fait quelque chose, mais cela n'aiderait pas à combler concrètement l'écart de productivité du pays par rapport à nos partenaires européens les plus importants. Comme Istat l'a récemment souligné, il s'agit d'un écart inquiétant : en termes de productivité, nous avons moins progressé que la moyenne européenne, la modeste augmentation du PIB enregistrée après l'entrée dans l'euro était due à l'augmentation de l'emploi et ne donne pas améliorations de l'efficacité.

Comme cela s'est produit au début des années 90 pour vaincre l'inflation et créer les conditions de l'entrée dans l'euro, il faut aujourd'hui encore identifier un catalyseur permettant de concentrer les efforts de tous les acteurs économiques et institutionnels autour de l'objectif de croissance de la productivité. En d'autres termes, il s'agit de faire un effort pour multiplier le nombre de nos entreprises gagnantes dans la compétition internationale et pour faire reconnaître une plus grande valeur au travail italien. La productivité croît avec la croissance de la taille de l'entreprise : l'Italie a trop de micro-entreprises et c'est un sérieux handicap, de plus nous sommes trop spécialisés dans des secteurs à faible productivité, contrairement à la France et l'Allemagne, nous n'avons pas développé de grandes entreprises en recherche et développement intensives secteurs.

Nos entreprises qui réussissent (les entreprises de taille moyenne du soi-disant quatrième capitalisme) sont, en fait, trop peu nombreuses pour atteindre une masse critique. La protection contre les écarts de productivité offerte par les bas salaires a, en effet, découragé une grande partie des entreprises de faire face aux coûts et aux risques du saut de taille et des processus d'innovation. Ce sont précisément ces derniers qui étaient si déficients qu'ils empêchaient l'exploitation des avantages potentiellement garantis par les technologies de l'information et de la communication (TIC). Aujourd'hui, en effet, la dynamique de la productivité du travail et de la productivité totale des facteurs dépend essentiellement de la capacité à innover dans l'organisation des entreprises et du travail. L'idée de regagner de la compétitivité en réduisant les coûts salariaux unitaires (CNU) en comprimant les salaires doit donc être rejetée. En fait, de cette manière, la demande globale serait encore réduite et les entreprises ne seraient pas encouragées à s'engager dans des innovations en matière d'organisation, de processus et de produit. Même l'idée qu'il suffit d'encourager l'engagement des travailleurs pour augmenter la productivité n'est pas soutenue par les nombreux travaux théoriques et empiriques qui ont plutôt démontré la centralité du progrès technique, de la dotation en capital par employé, de la qualité du capital humain.

La proposition avancée par Messori, et discutée lors d'un récent séminaire par Astrid, met en place une incitation forte dans la bonne direction, pour accroître les investissements dans les technologies innovantes et adopter les changements organisationnels et managériaux qui en découlent. Avec la productivité programmée, en effet, les entreprises les plus efficaces recevraient une prime donnée par la différence entre leur taux de croissance de la productivité et le taux d'augmentation programmée des salaires, tandis que les moins efficaces seraient pénalisées par un CSU croissant et, par conséquent, obligées de se restructurer. ou sortir de l'entreprise.

La planification de la productivité implique la résolution d'un certain nombre de problèmes complexes. Contrairement à ce qui a été fait pour réduire l'inflation, il n'est pas possible de penser à un seul taux de croissance des salaires : il faut tenir compte des valeurs absolues de départ, des différences sectorielles, et avoir comme repères les pays européens les plus vertueux. Ce ne sont pas des idées simples, mais elles peuvent être faites en un temps assez court. Le CNEL a déjà entamé une réflexion sur la productivité et a activé des accords avec l'ISTAT et le CNR précisément pour répondre à des problèmes de cette nature.

Cependant, comme le reconnaît Messori, la proposition est plus complexe d'un point de vue politique, surtout dans une phase de grave récession de l'économie italienne. C'est précisément pour cette raison qu'un rôle actif du gouvernement est nécessaire, qui doit jouer son rôle même en présence de contraintes sévères en matière de finances publiques. Il y a la question des infrastructures, la question prioritaire des amortisseurs sociaux et, surtout, la question des incitations à la restructuration des entreprises. Les incitations, en effet, devraient être remodelées en faveur des entreprises qui ont une meilleure productivité, qui sont capables d'exporter vers plus de marchés, qui investissent dans la R&D et le capital humain. Ce remodelage devrait s'accompagner de quelques projets technologiques capables de valoriser certains avantages compétitifs déjà existants. Pas de dirigisme donc, mais une politique industrielle capable de démultiplier le potentiel déjà exprimé par le système productif du pays.

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