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La crise a 10 ans, mais nous ne sommes pas encore complètement sortis du tunnel

Le 9 août 2007, les premiers signes de la crise sont venus des prêts hypothécaires à risque qui l'année suivante, avec la faillite de Lehman, sont devenus systémiques et ont infecté l'économie réelle - Les banques centrales, en injectant des liquidités, l'ont narcotisée mais la stagnation nous n'avons pas encore sorti et nous ne voyons pas un leadership mondial capable d'ouvrir une nouvelle ère de prospérité.

Toute l'instabilité financière dont le monde développé peine encore à sortir commence le 9 août 2007. C'est depuis lors que l'explosion de la crise, d'abord appelée des subprimes (une épithète qui fait référence à un segment de prêts hypothécaires de quelques centaines de milliards de dollars et qui sent plus la farce que la catastrophe). Ce jour là les taux interbancaires augmentent – la nuit européenne bondit de 4 à 4,6 % – parce que la confiance des banques à prêter de l'argent s'effrite. les soudains, interventions massives de la banque centrale à donner de la liquidité au tampon interbancaire la situation mais ne la résout pas. Pendant des mois, on a parlé de turbulences (turmoil) mais la réalité était pire : depuis, rien n'est plus comme avant.

Pour décrire la majeure partie des dernières années, il est plus réaliste de parler d'une période de crise ponctuée de brèves périodes de stabilité financière, plutôt que d'une stabilité parfois interrompue par des crises financières. Comme dans un tourbillon fou, la crise commence par les principales institutions financières aux États-Unis mais frappe immédiatement aussi fort systèmes bancaires en Europe. Puis, en 2008, le vortex retourne dans le Nouveau Monde pour se décomposer Lehman Brothers et toucher le pic de la crise bancaire. Des renflouements rapides par les gouvernements comblent l'écart, mais ils ne suffisent pas.

Ainsi, le vortex frappe fort l'économie réelle détruire des entreprises et des emplois des deux côtés de l'Atlantique. Alors que les pays émergents continuent de croître en marge du tourbillon et que la reprise, accro à des politiques monétaires et budgétaires ultra-expansives, semble avoir commencé même chez les riches, en 2010 on se rend compte que la reprise est trop faible et les coups du tourbillon ont creusé des trous dangereux dans les finances publiques. Dans un premier temps le problème semble limité à quelques petits pays périphériques de la zone euro mais ensuite le vortex rebondit vers les grands pays de l'UE et s'écrase à nouveau sur les États-Unis, qui souffrent de la honte du déclassement en débiteur souverain qui n'est plus au-dessus de tout soupçon.

La situation devient de plus en plus complexe avec le tourbillon convulsif qui claque de partout, remettant également en question l'avenir de l'euro. Le capacités innovantes de la BCE dirigée par Draghi permettent de franchir la phase la plus critique en 2012 mais l'économie de la zone euro est trop faible pour sortir de la stagnation et la construction des institutions communautaires est encore à la traîne. Grâce aussi à des politiques monétaires et budgétaires beaucoup plus agressives qu'en Europe, les Etats-Unis semblent avoir retrouvé de la croissance mais même celle-ci apparaît parfois incertaine, au point que la Dégressif, annoncée début 2013, n'a commencé à produire de timides hausses du taux des fonds fédéraux qu'à la fin de 2015.

Dans l'intervalle, les méfaits continuent d'émerger par les grandes institutions financières internationales et la défaillance du Grece, pour lequel le terme mignon a été inventé Grexit. Sans parler des vents de guerre qui soufflent non loin de l'Europe et dans d'autres régions du monde ou des signes clairs de ralentissement de l'économie chinoise qui ont provoqué de forts chocs d'instabilité financière. Retourner en Europe, comme si cela ne suffisait pas, en juin 2016 là-bas le Brexit elle a encore accru l'incertitude et exacerbé la volatilité financière. Et, outre-mer encore, la présidence Trump elle jette une ombre sur le libre-échange et la mondialisation économique et financière qui ont façonné l'économie mondiale au cours des dernières décennies. Au départ, les marchés financiers donnaient confiance, mais les incertitudes de l'administration Trump pourraient changer la donne.

Nous sommes loin de l'ère de la Grande Modération, lorsque Bernanke affirmait que l'économie mondiale était entrée dans une nouvelle ère de prospérité. Seulement dix ans se sont écoulés sur le calendrier mais nous sommes dans un autre contexte, plein de incertitudes sur l'avenir. Et presque tout le monde se demande quand ce cauchemar qui dure depuis trop d'années prendra fin. Le vortex s'arrête lorsque le calme se produit ou lorsque les règles du jeu disent stop. Un leadership mondial à la hauteur de la situation devrait établir l'arrêt, se précipiter immédiatement pour sérieusement re-réglementer la finance - pour qu'il ne soit plus déstabilisant - de négocier des plans de redressement des déséquilibres mondiaux et du surendettement, dans lesquels toutes les parties assument une part du fardeau et de préparer politiques de relance, notamment par les pays les moins endettés, qui relancent les moteurs de l'économie en évitant une phase prolongée de stagnation. C'est l'occasion d'une transition ordonnée d'une structure mondiale dirigée par les Américains vers une structure multipolaire. Mais, avec Trump, le leadership américain lui-même est ébranlé de l'intérieur et, sans consensus politique généralisé, la mondialisation (et pas seulement la finance) risque sérieusement de se détraquer.

Une décennie après le début de la Grande Crise 2007-09, la reprise économique amorcée depuis quelque temps aux États-Unis se consolide également en Europe. Enfin, il y a des signes de reprise aussi en italien et cela contribuera à réduire les graves difficultés sociales et, en réduisant les PNP, à stabiliser notre système bancaire. Mais Que se passera-t-il lorsque la BCE commencera à relever les taux d'intérêt ? Les fragilités financières apaisées par le baume du Quantitative Easing vont ressurgir.

En Italie, certes, la question jamais résolue de la stabilisation resurgira le ratio dette publique/PIB et le ramener à des valeurs moins conformes au traité de Maastricht (en dessous de 60%) mais au moins dans une zone plus confortable (autour de 80%). Admonestées par le Brexit et Trump, les chancelleries de Berlin et de Paris semblent aujourd'hui conscientes qu'il n'y a aucun risque de disperser le bien essentiel du marché commun européen. Alors, on aura peut-être plus de tolérance de Bruxelles et de Francfort. Mais aurons-nous un contexte politique et institutionnel adapté pour vraiment faire ressurgir le Bel Paese de ces dix années compliquées ?

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