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France, Le Pen rêve de Frexit mais Macron grandit

L'avenir de l'Europe dépend des élections présidentielles en France en avril : le Front National de Le Pen promet de sortir de l'UE, de l'euro et de l'OTAN et le consensus lui donne 27% mais il gagnera difficilement au second tour - Face au naufrage de la droite et l'improbable sauvetage des socialistes, les chances de Macron grandissent, qui sont déjà à 22% - Les effets sur les marchés

France, Le Pen rêve de Frexit mais Macron grandit

Marine Le Pen, leader du Front national d'extrême droite français, déclare ouvertement son intention de sortir la France de l'OTAN et lance sa campagne électorale avec 27% des sondages lui permettant d'atteindre facilement le second tour des élections présidentielles d'avril. A l'autre extrême Benoit Hamon, un jeune candidat du Parti socialiste qui a surpris Valls aux primaires et dont le programme repose sur l'utopie du revenu universel. Il imite Bernie Sanders, mais avec peu de chance d'accéder à la première place, crédité de 16 %, et avec pour seul résultat attendu une érosion du soutien aux autres candidats de gauche.

Le scandale familial qui s'abat sur le favori de ce tour électoral, François Fillon, s'est amplifié au point qu'il pourrait contraindre le candidat à la démission, jetant dans le désarroi les Républicains, qui ont déjà ressenti le coup du rejet du second candidat Alain Juppé . Au centre-droit, le conflit entre sarkozistes et non-sarcotiques enflamme la recherche d'une remplaçante et c'est ainsi que l'ancien ministre de l'Economie Macron, l'enfant prodige que nous avions déjà pointé du doigt après l'extraordinaire succès et la rencontre à Deauville lors du « Women in le Forum mondial sur l'économie et la société » en décembre, en rit et se renforce avec une campagne facilitée par l'expulsion de Hollande du tribunal socialiste. Macron dépasse Fillon dans les derniers sondages avec 22% contre 19,5% du candidat en sortie de scène, et est projeté vers un affrontement au second tour contre Le Pen, affrontement qu'il pourrait gagner haut la main actuellement avec 65% d'Elabe -Les pronostics des Echos.

Malgré la persistance d'une peur généralisée dans la capitale française, 2017 a bien commencé avec une reprise des flux touristiques et de la fréquentation hôtelière dans la capitale et au-delà. Puis les données récentes sur le secteur manufacturier avec l'indice PMI qui monte à 53,6% et les immatriculations automobiles qui marquent +10,6% en janvier ont donné un peu de relief à la courbe des obligations d'Etat Oat qui, sur les maturités 10 ans, s'est stabilisée mais avec un spread de 60 pb par rapport au Bund allemand, en tout cas au maximum de la période. Tant que Le Pen restera au-dessus des 25%, les valeurs françaises auront du mal à regagner du terrain et même si sa victoire est exclue à l'heure actuelle, et donc à l'aube d'une campagne électorale qui s'annonce aussi sanglante que celle américaine, le risque politique dominera et conditionnera significativement l'attractivité des marchés actions européens.

Certes, de l'autre côté de l'océan, c'est la politique tout-court qui domine, plutôt qu'une perspective de changement de politique monétaire, qui a pour l'instant vu la Fed prendre du recul sur une hausse des taux en mars après les dernières données sur l'emploi, tandis que la BCE évite mentionnant le tapering malgré l'amélioration des données sur l'inflation. Ainsi l'UE fait face au match du Brexit, mais pour l'instant il pousse un soupir de soulagement sur le Frexit, toujours sans regarder les troubles des banlieues.

En Italie, les super managers français restent au centre des jeux boursiers entre Generali, Intesa, Mediobanca et Unicredit. Précisément pour ces derniers, la saison des augmentations de capital s'ouvre. Et le dernier des mystères du jeu français dans Mediobanca est cet étrange reportage sur Italexit également repris par la presse anglo-saxonne et avec des hypothèses macroéconomiques discutables qui montrent clairement qu'il y a bien plus qu'un simple facteur politique dans le jeu étant joué sur Generali. Deux mois de siège de la Bastille nous attendent.

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