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Le nationalisme se développe en Europe centrale : attention à Berlin

De l'Allemagne à l'Autriche, en passant par les pays d'Europe de l'Est sur tout l'axe austro-hongrois, un vent nationaliste et populiste inquiétant souffle au vu des nombreuses épreuves électorales - Le vote imminent à Berlin s'impose - Migrants, sécurité, économie dominer la confrontation dans l'après Brexit – Et la fusion possible entre Deutsche Bank et Commerz augmente le mécontentement allemand

Le nationalisme se développe en Europe centrale : attention à Berlin

Il y a un an, la chancelière allemande Angela Merkel a ouvert les frontières de son pays aux réfugiés et maintenant, après avoir atteint sa onzième année de mandat, l'esprit qui avait animé des milliers de volontaires dans la région s'est transformé en une défaite électorale pour elle. Dès la terre qui lui a donné naissance, le Mecklenburg Vorpommern, une défaite retentissante est venue sonner l'alarme pour les élections fédérales de septembre 2017 prochain. L'extrême droite du parti Afd Alternative pour l'Allemagne remporte 21% et écrase la CDU de Merkel en troisième place. Les positions eurosceptiques de l'AfD avaient valu à ce parti des succès au niveau régional il y a trois ans, mais c'est désormais sur la question des migrants qu'ils font la différence, recueillant 15% des suffrages au niveau national, selon un récent sondage.

Dans deux semaines à Berlin, la Grande Coalition entre le centre-droit (CDU) et le centre-gauche (SPD) sera à nouveau mise à l'épreuve, alors que le soutien populaire a chuté de près de 50 %, et si Merkel veut se battre pour une réélection, elle devra certainement changer quelque chose dans sa stratégie politique. Sinon il sera difficile d'enrayer l'avancée d'une dérive nationaliste qui récolte de larges succès.

Le glissement sur l'accord turc de l'UE qui considère l'Allemagne comme un fervent partisan d'un pacte avec un gouvernement de plus en plus autoritaire et impitoyable après le coup d'État manqué, ainsi que l'absence de ces avantages économiques et démographiques à la base de la politique gouvernementale d'accueil des réfugiés connus comme "Welcome Culture" ne favorisent pas la chancelière pour l'instant.

Et si l'on regarde le petit nombre de recrutements de migrants opérés par les 30 principales entreprises cotées à la Bourse de Francfort, moins d'une centaine, le résultat paraît impitoyable. En outre, les attaques généralisées au niveau local ont accru le sentiment d'insécurité et le scepticisme quant aux avantages effectifs de l'intégration. Alors la CDU a déclenché l'inverse et Merkel a assuré que l'urgence de 2015 ne se reproduirait pas, soutenue par le ministre de l'Intérieur De Mazières, qui a même proposé de renvoyer les réfugiés en Grèce. En effet, depuis février, le Bundestag a restreint les conditions des demandeurs d'asile, suspendant entre autres les regroupements familiaux, et en juillet, il a approuvé une loi réduisant drastiquement les prestations pour ceux qui refusent de participer aux "cours d'intégration".

Les populistes ont ainsi le vent en poupe vers le prochain Bundestag, car le louvoiement de la Barge Merkel devient décidément plus difficile avec cette mer agitée. A cela s'ajoutent les données du troisième trimestre sur le secteur manufacturier allemand qui signalent un ralentissement de l'industrie et des problèmes généralisés sur les banques et les entreprises qui ont également vu des suspensions de coupons 2017 sur certains titres subordonnés liés à la baisse des flux commerciaux internationaux. Et si le secteur automobile devrait également soutenir une reprise du secteur manufacturier dans les prochains mois, les rumeurs d'une fusion entre Commerzbank et Deutsche Bank ont ​​créé un mécontentement généralisé au sujet des banques. Tous deux subissent actuellement de lourdes réorganisations internes avant de reprendre les fils du discours et entre-temps les deux parts sont en baisse de plus de 35% depuis le début de l'année.

Et le long de l'axe austro-hongrois, les vents de la droite nationaliste soufflent sans cesse alors que l'on attend le résultat des prochaines élections en Autriche le 2 octobre, ordonnées par la Cour constitutionnelle après que le résultat du second tour électoral de mai eut été annulé au milieu de la controverse. Les sondages supposent la victoire du parti d'extrême droite FPO sur le candidat indépendant membre du parti de centre gauche Die Grunen.

D'importantes élections en République tchèque, en Croatie, en Lituanie et en Roumanie suivront plus tard cette année. Le gouvernement autrichien a toujours critiqué la politique accommodante des voisins allemands vis-à-vis des réfugiés et aussi la relation avec la Turquie, à tel point que fin août le gouvernement turc a rappelé son consul en Autriche. Et tout cela malgré la proposition bizarre avancée par son ministre de l'Economie et vice-Premier ministre d'une "union d'intérêts" entre l'UE et la Turquie, connue sous le nom de "Future Paper". Une proposition qui voit des accords hors traité sur la sécurité, des droits de douane jusqu'à un accord de libre-échange à caractère commercial avec l'UE.

Bref, le débat post-Brexit a déjà commencé sur la base de nouvelles alliances avec un bloc d'Europe de l'Est d'un côté, un cœur austro-allemand de l'autre et entre la nécessité de combiner les efforts en matière de politique budgétaire et de sécurité pour éviter un dérive conjoncturelle bien plus irréversible que celle politique actuelle.

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