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Schulz : "L'Europe repart du Sud"

Après cinq ans de crise mondiale, politiques et économistes s'interrogent sur les remèdes. Et voilà que, après que le Fonds monétaire international a admis que la cure imposée à la zone euro (Grèce en tête) n'a pas fonctionné, le président du Parlement européen, l'Allemand Martin Schulz, lance depuis Athènes un message décisif : « L'Europe repartir du Sud".

Schulz : "L'Europe repart du Sud"

Cinq ans après la faillite de Lehman Brothers, l'étincelle à l'origine de l'incendie financier dévastateur qui a réduit en cendres l'économie réelle de la moitié du monde et dont les derniers foyers (espérons-le) ne se sont pas encore complètement éteints, les politiciens et les économistes continuent de s'interroger les remèdes. Et, à la lumière, par exemple, de la montée irrésistible du chômage, nombreux sont ceux qui se demandent si les mesures adoptées ont contribué à retarder la reprise de la croissance économique dans le temps.

A cet égard, on se souviendra de l'aveu franc du Fonds monétaire international, l'organisme (dont 188 États souverains sont membres) qui a la tâche très délicate de se précipiter au secours des pays frappés par de graves crises financières. Laquelle, il y a quelques mois à peine, reconnaissait publiquement, par la bouche de deux de ses hauts dirigeants, qu'elle s'était « trompée de traitement » pour tenter de soigner certains pays malades (dont la Grèce, le Portugal, l'Irlande) par des doses massives d'austérités liées à la l'octroi de prêts importants.

Sans vouloir entrer dans le fond de la « querelle » entre les partisans de la rigueur financière, qui en Europe sont implantés surtout au Nord, et les « fans » de l'assouplissement des contraintes budgétaires, plus nombreux dans les pays du Sud , force est de constater que le débat est ancien. Mais depuis cinq ans, elle trouve et se nourrit des statistiques qui enregistrent de plus en plus les signes d'un ralentissement de la croissance économique et, d'un autre côté mais à un rythme plus contenu, d'un assainissement des finances publiques.

Le débat continue ainsi de diviser les économistes et de déchirer les partis. Fragilisés, ces derniers, par la perte de plus en plus accentuée des consensus électoraux qui s'orientent plutôt vers des mouvements qui font de la politique en « rejetant la politique ». Des mouvements qui se multiplient dans de nombreux pays européens (Grillo n'a rien inventé...) du fait de la poussée du mécontentement : augmentation des impôts, licenciements de plus en plus fréquents, emplois introuvables, argent qui ne suffit pas pour atteindre la fin du mois . C'est-à-dire les conséquences de la crise, mais aussi les mesures d'austérité prises pour y faire face.

Un débat qui a vu l'an dernier le retour sur la scène européenne de trois Grands Vieillards, qui ont joué les premiers rôles sur la scène politique européenne de la seconde moitié du siècle dernier : Mario Soares, Jacque Delors et Valery Giscard d'Estaing. Tous trois, bien qu'appartenant à des familles politiques différentes (les deux premiers sont socialistes, le troisième est libéral) n'ont pas épargné les critiques des politiques de rigueur.

"L'austérité seule ne suffit pas, car elle produit plus de chômage et plus de crise économique", a déclaré Soares, né en 1924, deux fois Premier ministre du Portugal, chef de l'Etat pendant dix années consécutives et enfin député européen. "L'Europe ne peut pas être gouvernée uniquement par des règles, s'il n'y a pas de politique", jugeait Delors, né en 1925, ancien ministre français puis président de la Commission européenne pendant une décennie. Alors que Giscard d'Estaing, dès 1926, président de la République en France puis à Bruxelles président de la Convention européenne (l'assemblée censée rédiger la Constitution de l'UE), propose une sorte de directoire composé des pays de la zone euro, avec des pouvoirs de « gouvernance » économique empruntée au modèle fédéral.

Chez nous, le plus grand partisan des politiques de rigueur financière est sans doute Mario Monti, économiste « prêté » à la politique, qui les a mises en œuvre avec détermination en tant que Premier ministre. Des politiques qui ont permis au déficit de passer sous le seuil des 3% et qui ont donc été décisives pour la sortie de l'Italie de la procédure d'infraction européenne. Mais qui n'ont réussi à endiguer ni la croissance du chômage, ni la crise de la production, ni la baisse de la consommation des ménages.

Ces phénomènes, qui se sont également manifestés dans d'autres pays de l'UE et qui mettent à rude épreuve la plupart des gouvernements nationaux ainsi que les dirigeants des institutions européennes, qui s'engagent de plus en plus chaque jour pour tenter d'inciter les États membres à exercer rigueur financière et en même temps s'engager sur la croissance économique (mais les soldes budgétaires 2014 seront inférieurs à ceux de cette année... Une sorte de quadrature du cercle, un « non seulement, mais aussi » qui risque en fin de course pour déplaire à tout le monde, une tentative à laquelle beaucoup ont tenté ces derniers mois : à Bruxelles comme à Paris, à Londres comme à Strasbourg, à Madrid comme à Rome.

Une tentative dans laquelle Martin Schulz, le président du Parlement européen, a décidé de ne pas s'engager. Qui aujourd'hui, 4 novembre 2013, s'est envolé pour Athènes pour envoyer un message de changement qui épouse la position (la seconde) du Fonds monétaire. "L'impact de l'austérité sur l'économie a été évalué de manière erronée", lit-on dans un article publié dans "Repubblica" le XNUMXer novembre. "Les réductions de dépenses ont réduit la croissance de manière inattendue."

« Chômage (notamment des jeunes), contraction du PIB avec des répercussions directes sur les dépenses publiques, hausse des impôts, accès plus difficile au crédit pour les entreprises, instabilité politique : le meilleur cocktail du désespoir ! », écrit le président du Parlement européen. « Trop de promesses, peu de résultats. Désormais nous ne lancerons pas de slogans, mais nous mesurerons le poids de nos demandes avec des actions concrètes pouvant être mises en place. Ce n'est qu'ainsi que nous inverserons la tendance à la confiance et jetterons les bases d'un redémarrage depuis l'Europe du Sud », conclut Martin Schulz. Ce qui, au cas où quelqu'un ne le sache pas, est allemand. Et puis nous, les Italiens, pouvions répondre dans sa langue par un sincère "Vielen Dank, Herr Praesident!" ("Merci beaucoup, Président").

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