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Quadrino : après la catastrophe de Fukushima, l'âge d'or du gaz viendra-t-il ?

Après l'abandon du nucléaire, le gaz et les énergies renouvelables semblent également être les choix incontournables de l'Italie pour répondre aux besoins énergétiques. Mais il faut se demander à quel prix et éviter le mix énergétique le plus cher d'Europe. La main invisible du marché ne peut résoudre les problèmes d'aujourd'hui sans un nouveau plan énergétique qui fait défaut en Italie depuis 30 ans.

Ces derniers mois, le scénario énergétique a beaucoup changé. Le monde semblait se diriger vers une relance décisive de l'énergie nucléaire, à la fois pour diversifier les sources d'approvisionnement et pour disposer d'une source d'énergie exempte d'émissions de CO2. Le problème du coût a été débattu : l'énergie produite par les centrales nucléaires actuellement en fonctionnement est certes très compétitive, mais celle des nouvelles centrales beaucoup plus chères reste une inconnue. Or, l'énergie nucléaire est une source d'énergie dont le coût est pratiquement fixe sur toute la durée de vie de la centrale (compte tenu du poids quasi insignifiant du combustible sur le coût de l'énergie) et cela aurait rentabilisé les comptes à long terme.

L'accident de Fukushima a profondément changé cette perspective dans de nombreux pays : l'Italie avec le référendum a annulé la possibilité d'avoir 25 % de production d'électricité nucléaire et l'Allemagne, qui produit déjà aujourd'hui 25 % de l'électricité avec le nucléaire, a immédiatement fermé certaines centrales et programmé la phase du reste d'ici 2020. D'autres pays ont pris des décisions moins drastiques, mais en introduisant un moratoire, ils ont en fait écarté la perspective d'une "renaissance nucléaire", comme il y a seulement un an. Quelle source d'énergie prendra la place grandissante qui aurait dû revenir au nucléaire dans le mix énergétique mondial ?

Beaucoup prédisent un "âge d'or" du gaz. En effet, le gaz a de nombreuses flèches à son arc. C'est une source relativement abondante, avec des réserves dépassant cent ans de consommation. Il a une répartition géographique diversifiée et mieux répartie, d'un point de vue politique, que le pétrole. Avec l'exploitation du gaz issu des schistes (shale gas) de nouvelles réserves immenses deviendront disponibles, aux USA et peut-être en Europe. De plus, le gaz a des émissions de CO2 limitées, la moitié de celles du charbon. Bref, le gaz semble être l'élément essentiel de la recette énergétique des 10 ou 20 prochaines années.

Le plan énergétique italien devrait être présenté d'ici la fin de l'année, il devra contenir la réponse concernant le mix énergétique après la fin de la perspective nucléaire. Mais ce n'est pas seulement l'abandon du nucléaire qui est nouveau qu'il faudra prendre en compte. En effet, la crise économique générale a fortement réduit les perspectives de croissance de la demande : au rythme d'évolution attendu du PIB, la demande d'électricité ne pourrait retrouver son niveau d'avant crise qu'à la fin de cette décennie si les objectifs d'économies d'énergie ( -20% d'ici 2020) seront atteints.

Rappelons que les objectifs de l'UE de réduction des émissions de CO2 de 20% d'ici 2020 impliquent pour l'Italie, outre des économies d'énergie de 20%, l'atteinte d'une part d'énergies renouvelables sur la consommation d'énergie primaire de 17% (contre 8% aujourd'hui) ce qui correspond à un objectif de 26% de renouvelables dans la production d'électricité, (contre environ 20% aujourd'hui). Que 26 % d'énergies renouvelables aient rejoint, à moyen terme, les 25 % précités d'énergie nucléaire, créant ainsi 50 % de production d'électricité sans émission de CO2. Le reste aurait été produit à partir de sources fossiles : charbon et gaz, le gaz étant confiné à la technologie marginale car il est battu dans l'ordre du mérite par les énergies renouvelables (qui ont des priorités d'expédition) et par le nucléaire et le charbon car les deux ont des coûts variables inférieurs à gaz.

Cependant, on pensait qu'une augmentation de la demande d'électricité de 1,2 à 1,5 % par an laisserait également suffisamment de place, à moyen terme, aux centrales au gaz. Que faire maintenant, sans nucléaire et avec une prévision de croissance nulle de la demande thermoélectrique ? L'Allemagne semble tout miser sur les énergies renouvelables. Dans le plan énergétique allemand, présenté avant Fukushima, la sortie du nucléaire, déjà envisagée à l'époque, était compensée par un recours massif aux énergies renouvelables avec l'objectif de couvrir plus de 50 % de la production électrique allemande avec cette source. Désormais, l'Allemagne s'engagera dans cette voie en des termes encore plus péremptoires. Pour l'Italie, le candidat naturel pour remplacer le nucléaire semble être le gaz.

Après tout, le gaz couvre déjà aujourd'hui 50 % des besoins nationaux en électricité. Il suffirait donc de ne pas envisager une réduction de son rôle. Il n'est même pas nécessaire d'augmenter la capacité de production : nous disposons en effet d'un parc de centrales au gaz modernes et performantes, largement sous-utilisées. En effet, on estime que la surcapacité de production, compte tenu du faible volume de la demande, est égale à environ 5000 XNUMX MW. Par ailleurs, l'Italie est candidate depuis un certain temps pour devenir un "Hub" gazier : compte tenu de sa position géographique, elle prévoit des infrastructures d'importation de gaz excédentaires à ses besoins (Itgi, Galsi, terminal de Porto Empedocle, pour ne citer que les principaux projets ) avec la perspective d'exporter du gaz excédentaire par rapport à la demande nationale vers l'Europe du Nord, où les gisements de la mer du Nord s'épuisent rapidement.

Certes, le gaz pour l'Italie semble être un choix obligatoire. Dans la perspective du déclin du nucléaire, un investissement massif dans les centrales à charbon ne semble pas souhaitable en totale contradiction avec les objectifs de réduction de CO2. Et à côté du gaz, des énergies renouvelables, qui pourraient même dépasser l'objectif de 26 % de production d'électricité. En effet, fin 2010 nous nous sommes aperçus, non sans surprise, que nous avions construit 8000 MW de centrales photovoltaïques, un chiffre qui correspond à l'objectif que l'Italie s'était fixé pour 2020 ! Les objectifs globaux pourraient donc être revus à la hausse. Un mix énergétique dominé par le gaz et les renouvelables semble donc être notre avenir, est-ce un avenir souhaitable ? Je crois qu'une réflexion approfondie s'impose.

En effet, le risque est que l'Italie choisisse à nouveau le mix énergétique le plus cher d'Europe. Prenons les énergies renouvelables. On sait que le kilowattheure produit à partir d'énergies renouvelables est plus cher que celui produit avec la production thermique, et que la différence de coût est subventionnée partout dans le monde. Si tous les pays étaient équipés d'un pourcentage identique d'énergies renouvelables, il n'y aurait pas de désavantage concurrentiel. Mais il est indéniable qu'en Italie les incitations aux énergies renouvelables sont plus fortes qu'ailleurs, et cela ne peut pas durer.

Il est impératif de concevoir une voie qui ramène rapidement les incitations au niveau des autres pays et les annule progressivement, stimulant l'industrie de fabrication de panneaux solaires et d'éoliennes à des réductions de coûts continues comme cela s'est déjà produit dans un passé récent. La suppression des incitations sur le photovoltaïque est désormais prévue en Italie pour 2017, mais avec le niveau actuel des incitations, le volume des investissements risque d'être trop élevé, entraînant des charges insoutenables à imputer sur les factures pour les prochaines années. Les problèmes ne manquent pas en ce qui concerne le gaz.

La crise de ces dernières années nous a appris que pour l'Italie, le hub gazier fonctionne à l'envers : au lieu d'exporter le surplus de gaz causé par la baisse de la demande vers le nord des Alpes, nous importons du gaz des hubs nord-européens, aggravant nos engagements de take or pay, du simple fait que le coût du gaz sur les marchés spot est inférieur à celui de nos contrats long terme, lié au prix du pétrole. Avec l'exploitation massive du gaz de schiste, les USA sont devenus autosuffisants dans leur consommation, et ont supprimé les importations de gaz liquéfié.

Ce gaz s'est déversé dans les hubs du nord de l'Europe, provoquant l'effondrement du prix spot. Une partie de ce gaz a également été importée en Italie, aggravant la situation de take-or-pay et rendant les contrats sur les prix du pétrole, actuellement en cours de renégociation difficile, totalement anti-économiques. Dans ce contexte, le programme italien d'acquisition d'infrastructures de transport dépassant les besoins nationaux, avec des contrats à long terme liés au prix du pétrole, en vue d'exporter le gaz excédentaire vers l'Europe, apparaît pour le moins irréaliste.

De ce point de vue, la dépendance croissante de l'Italie au gaz et aux énergies renouvelables ne peut que poser question. Du gaz bien sûr, mais à quel prix ? Au prix américain très compétitif aujourd'hui grâce au gaz de schiste, à tel point qu'il surclasse toutes les autres sources de production d'électricité, y compris le nucléaire ? Ou le prix des hubs nord-européens, plus élevé que celui américain mais toujours très compétitif ? Ou à celui des contrats à long terme actuels qui sont maintenant hors du marché ? Et renouvelable, bien sûr, mais avec quelles incitations et charges pour les factures futures ? Jamais auparavant un plan énergétique national n'avait été nécessaire, ce qui fait défaut en Italie depuis plus de 30 ans.

Le plan devra répondre à de nombreuses questions. Quelle sera la fourchette possible de la demande d'énergie en 2020 % ? Quelle efficacité énergétique prévoyons-nous et de quels outils nous dotons-nous pour y parvenir ? Quel mix énergétique envisageons-nous ? Combien d'engagements take-or-pay sur des contrats gaziers à long terme notre pays peut-il raisonnablement prendre ? De combien de nouvelles infrastructures d'importation de gaz notre pays a-t-il besoin ? Quels investissements dans le réseau pour éliminer les congestions actuelles et que faire pour éviter d'en créer de nouvelles ?

Bien sûr, le plan énergétique n'est pas un oracle ni un carcan pour les entreprises. Mais "la main invisible du marché" est loin d'apporter des réponses adéquates aux problèmes d'aujourd'hui. En période de grands changements, une ligne directrice énergétique pour le pays est plus nécessaire que jamais.

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