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Attention à Mediaset mais aussi à Unicredit : qui seront les nouveaux patrons ?

L'assaut de Vivendi contre le groupe Berlusconi polarise l'attention et galvanise la Bourse qui veut comprendre s'il s'agira d'une véritable OPA ou d'une guerre en prélude à la paix, mais le marché s'interroge aussi sur l'actionnariat d'Unicredit après l'augmentation de capital. la propriété n'est pas déterminante, sauf pour les actifs véritablement stratégiques : les grandes banques, les réseaux et l'industrie de la défense méritent un peu de patriotisme économique

Attention à Mediaset mais aussi à Unicredit : qui seront les nouveaux patrons ?

Il est trop tôt pour dire si Le déménagement de Vivendi, qui appartient désormais à 20 % à Mediaset, soit un vrai escalade ou juste guerre préparant la paix entre deux corsaires comme Vincent Bolloré e Silvio Berlusconi.

La Bourse est en fibrillation et bientôt toutes les couleurs se verront, mais certes l'Italie est déjà devenue plus française. Évidemment le siège de Mediaset tient cour et est au centre de tous les fantasmes, mais il y a deux jours Unicredit a vendu Pioneer au français Amundi et il est impressionnant de voir qu'au coeur de la finance italienne, en Unicredit avec Jean Pierre Mustier et Général avec Philippe Donnet, pour mener les danses deux top managers transalpins. Pour ne pas dire à Télécom, où le premier actionnaire est Vivendi et ne bouge pas de feuille sans que Bolloré ne veuille, et sans oublier Mediobanca où encore une fois Bolloré, raider de longue date, ne manque pas de faire sentir son poids.

Mais le meilleur (pour ainsi dire) reste à venir. L'assaut de Vivendi sur Mediaset attire tous les projecteurs mais peut-être serait-il approprié de commencer à poser une autre question et de tourner notre regard vers une autre réalité qui pour l'Italie et son économie italienne est beaucoup plus importante que Mediaset et qui est précisément sur Unicredit. Qui seront les nouveaux maîtres d'Unicredit après la monstrueuse hausse de 13 milliards illustré hier à la Ville par Jean Pierre Mustier ? Il est inutile de fantasmer sur les projets peut-être improbables des Société Générale. Ce qui est certain c'est qu'à Unicredit de faire la loi ce ne seront plus les Fondations, qui n'ont pas les moyens de soutenir l'augmentation de capital et finiront par se diluer dans le nouvel actionnariat qui deviendra plus contestable et sans doute plus international qu'aujourd'hui.

Une époque est révolue et nous allons bientôt nous en rendre compte. Mais il ne sert à rien de pleurer sur l'italianité perdue. C'est le capitalisme, chérie. Et si le capitalisme italien, à de rares exceptions près, n'a ni la force ni la volonté d'affronter les grands défis et de parier sur l'avenir, il n'est pas étonnant que de nombreux joyaux de la couronne finissent entre des mains étrangères. Déjà les privatisations étaient la vitrine des opportunités perdues Mais, heureusement, en économie comme en finance ce qui compte le plus n'est pas la couleur du drapeau mais l'efficacité et la capacité à créer de la valeur. Une entreprise italienne aux mains d'un étranger qui garantit son développement vaut mieux qu'une entreprise aux mains d'italiens qui ferme. Rappelons-nous toujours le cas du Nuovo Pignone qui a retrouvé une nouvelle vie depuis qu'ENI l'a vendu à General Electric.

Cependant tout ne peut pas être vendu sans payer un prix et sans démonter un morceau d'Italie. Le passeport des entreprises n'est pas décisif et tout n'est pas stratégique. Lorsque les Italiens achètent une entreprise à l'étranger, cela est célébré comme un succès et on ne comprend pas pourquoi nous devons déchirer nos vêtements chaque fois que des étrangers font la même chose pour nous, s'ils assurent la défense des emplois et promettent un avenir à l'entreprise.

Mais il y a un mais. Si nous ne voulons pas nous réduire à une colonie, tout peut être vendu et libéralisé sauf les actifs véritablement stratégiques, c'est-à-dire celles qui font croître le PIB et qui ne peuvent pas être reproduites et pour lesquelles cela vaut la peine de faire un peu de patriotisme économique. Mais quels sont aujourd'hui les véritables atouts stratégiques de l'Italie ? La liste des actifs stratégiques n'est pas immuable et évolue dans le temps sous la pression de la technologie et du marché. Certes c'est important mais Mediaset n'est pas stratégique, qui est un héritage du pays et de la famille Berlusconi, mais ce n'est pas le seul groupe de télévision italien.

Le discours sur Unicredit est tout le contraire, qui n'est pas la seule banque de notre pays mais qui, avec Intesa Sanpaolo et Generali, représente le cœur de la finance italienne qui collecte et protège l'épargne nationale et soutient l'économie du pays. Il en va de même pour les grands réseaux d'infrastructures (télécommunications, énergie, transports, aéroports, autoroutes, eau) et pour l'industrie de la défense. Grandes banques et épargne, réseaux et défense : ce sont des atouts stratégiques dont l'esprit italien doit être activement défendu dans le respect des règles de l'Europe et du marché. Sur le reste, le meilleur homme gagne.

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