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Nouveaux scénarios du marché mondial du gaz. Quelles implications pour l'Italie

Un scénario sans précédent s'ouvre à l'échelle mondiale où les opportunités sont étroitement liées aux menaces. D'une part, les émeutes en Afrique du Nord semblaient avoir mis le secteur en Italie encore plus en crise, d'autre part les développements dramatiques de l'accident de la centrale de Fukushima ont remis cette source d'énergie sur le devant de la scène.

Nouveaux scénarios du marché mondial du gaz. Quelles implications pour l'Italie

L'effervescence que connaît le secteur gazier depuis plusieurs années partout dans le monde ne semble pas vouée à diminuer d'intensité. Après la forte croissance des premières années du nouveau millénaire et le gel du secteur suite à la crise économique, un scénario inédit s'ouvre désormais à l'échelle mondiale où les opportunités se mêlent aux menaces.

D'une part, les émeutes en Afrique du Nord semblaient avoir mis le secteur en Italie, et au-delà, encore plus en crise, accentuant les problèmes de dépendance et d'instabilité géopolitique des grands pays producteurs. En revanche, les développements dramatiques de l'accident de la centrale de Fukushima ont remis cette source d'énergie sur le devant de la scène : si l'option nucléaire sera effectivement réduite à l'échelle mondiale, et si les contraintes subsisteront quant à une poussée excessive vers le charbon pour les engagements de Kyoto et du Paquet Climat L'énergie, le gaz et les énergies renouvelables deviennent les deux sources d'énergie sur lesquelles l'accent sera mis à l'avenir. Et pas seulement en Italie : des pays comme l'Allemagne, la Chine ou la Russie ont d'importants plans de conversion au gaz pour leurs centrales au charbon, au lignite ou au fioul.

Les dynamiques technologiques qui rendent les gaz non conventionnels économiquement exploitables entrent également dans ce tableau déjà complexe. Il s'agit de réservoirs caractérisés par des conditions extrêmes de profondeur, de pression et de température qui ne les ont jusqu'à présent rendus que marginalement accessibles. Selon l'association des géologues allemands, les seules ressources non conventionnelles de méthane de houille elles oscillent entre 135.000 370.000 et 183.000 13.000 milliards de mètres cubes, qui s'ajoutent aux quelque XNUMX XNUMX milliards de ressources conventionnelles. Évidemment, ce sont des valeurs énormes. Ces ressources sont principalement concentrées en Russie, en Ukraine, en Chine, en Russie, aux États-Unis et au Canada. L'Europe a elle aussi un potentiel important : toujours selon les géologues allemands, les ressources disponibles s'élèveraient à plus de XNUMX XNUMX milliards de mètres cubes, une valeur presque le triple de celle du gaz conventionnel.

L'exploitation des ressources non conventionnelles pourrait donc être une opportunité extraordinaire pour réduire la dépendance énergétique européenne, également parce que les entreprises européennes, menées par l'italien Eni, disposent de compétences technologiques très avancées dans ce domaine. En effet, en 2010, le groupe de chiens à six pattes a signé un accord pour l'exploitation du gaz de schiste avec la compagnie pétrolière d'État vénézuélienne et a acquis Minsk Energy Resources, propriétaire de trois actifs pour l'exploitation de ressources non conventionnelles dans la mer Baltique polonaise. L'anglais Shell est également très actif dans ce domaine, notamment en Australie, où il a racheté Arrow Energy, une compagnie pétrolière centrée sur les ressources non conventionnelles, pour 3,5 milliards de dollars ; la joint-venture signée avec la China National Petroleum Company pour l'exploitation de gaz à faible perméabilité dans la région du Sichuan est également significative.

Le chemin est cependant encore long et semé d'embûches, non pas tant pour des questions de coûts que pour des impacts environnementaux. Les gisements non conventionnels sont généralement de petite taille, dispersés sur tout le territoire et se trouvent généralement à proximité des aquifères ; cela signifie que l'exploitation a de lourdes répercussions sur l'environnement et n'est en fait possible que dans des zones peu ou pas anthropisées. Une condition qui n'est pas trop pertinente pour des pays comme le Canada mais certainement pas délicate pour l'Europe. Par exemple, le moratoire récemment voté par la France doit être lu de ce point de vue. Des efforts importants en matière d'innovation technologique sont donc encore nécessaires pour réduire les impacts environnementaux précités.

Dans ce cadre complexe, un avenir se profile pour l'Italie dans lequel la dépendance vis-à-vis des pays non européens est destinée à rester importante, notamment parce que les pays de l'UE allouent leurs rares ressources principalement à la consommation interne plutôt qu'aux exportations. A ce jour, la dépendance énergétique de l'Italie dans le secteur gazier est étroitement liée aux pays d'Afrique du Nord, notamment l'Algérie et la Libye, et à la Russie, qui représentent à elles seules 60 % des importations italiennes.

Cependant, de nombreuses entreprises, italiennes et étrangères, réalisent d'importants investissements en Italie destinés à modifier considérablement cette situation, même si ce n'est pas radicalement.

Un premier axe stratégique concerne les investissements dans de nouveaux terminaux de regazéification. Il s'agit d'infrastructures capables de recevoir du gaz d'un éventail de pays beaucoup plus large que ceux accessibles par gazoducs : Afrique équatoriale,  Amérique du Sud et golfe Persique. Après la construction du terminal de regazéification de Panigaglia dans les années 70, ce n'est que ces dernières années que fleurissent de nouveaux projets, mais pas tous de la même concrétisation. Le terminal de Rovigo (Edison) vient d'être inauguré, capable d'importer 8 milliards de mètres cubes de gaz du Qatar. Un projet qui, après un long processus d'autorisation, semble pouvoir être mis en œuvre en peu de temps est celui d'Iren et E.ON à Livourne. D'autres projets importants sont ceux d'Enel et d'ERG en Sicile.

D'autres entreprises envisagent en revanche la construction de nouveaux gazoducs capables de relier l'Italie à d'autres pays fournisseurs que la Russie ou l'Afrique du Nord, notamment les pays de la mer Caspienne et du Moyen-Orient. Les deux principaux projets sont l'Interconnector Italie-Grèce promu par Edison et le Trans Adriatic Pipeline, par Statoil, EGL et E.ON. Si elles sont achevées, ces infrastructures apporteront à l'Italie 20 milliards de mètres cubes supplémentaires : environ 25 % des besoins nationaux. Les difficultés politiques rencontrées par ce type d'infrastructures ne doivent pas être cachées : l'opposition de certains pays, notamment la Russie, est forte et engendre des pressions sur les pays de transit des gazoducs concurrents.

A côté de ces politiques de diversification, il y a ceux qui visent à renforcer le lien avec les fournisseurs historiques dont, à ce jour, on ne peut se passer. Le nouveau gazoduc South Stream Russie-Italie et le projet Galsi depuis l'Algérie se situent sur cette ligne stratégique.

Le résultat de cette imbrication de stratégies et d'opportunités anciennes et nouvelles se traduit par une augmentation de la concurrence entre les producteurs, par le développement potentiel de diverses technologies et par l'entrée possible sur le marché mondial de nouveaux pays fournisseurs. Il s'agit d'une concurrence susceptible de générer un important excédent d'offre qui, s'il n'est pas correctement géré, pourrait avoir des conséquences très négatives pour le secteur. C'est aussi parce que les nouveaux objectifs 2020 en matière d'énergies renouvelables et d'efficacité énergétique devraient avoir un impact négatif sur la consommation de gaz.

La façon dont beaucoup préfèrent gérer la phase critique et transitoire est d'agir de manière systémique et dans une perspective à long terme, transformant l'Italie en un hub gazier européen, sur le modèle de ce qui s'est passé, quoique à une plus petite échelle, en Belgique maintenant il y a plusieurs années. L'Italie est la plaque tournante du gaz  avec une bourse développée et liquide, elle deviendrait un important catalyseur d'investissement, augmenterait son poids sur la scène énergétique européenne et permettrait aux consommateurs de payer des factures moins chères.

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