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Marchés, calme jusqu'aux élections américaines

Extrait de « LE ROUGE ET LE NOIR » d'ALESSANDRO FUGNOLI, stratège de Kairos - « Nous ne sommes sortis d'aucun tunnel, mais nous sommes incomparablement mieux lotis qu'en janvier et février, du moins en apparence » et les élections américaines « paralysent le Nourris en arrêtant toute volonté de hausse des taux » – Pour cette raison, il est probable que septembre et octobre sur les marchés « seront exceptionnellement calmes » avec une fin d'année « plus turbulente que d'habitude »

Marchés, calme jusqu'aux élections américaines

On dit que, lorsque les hommes politiques ne parviennent pas à s'entendre, une commission d'étude est constituée dont le but, souvent, n'est que d'aboutir lentement à rien. Les banques centrales, pour leur part, ne forment pas de commissions lorsqu'il y a désaccord en leur sein, mais lorsque les choses vont suffisamment bien pour ne pas rendre urgentes d'autres mesures, qui sont mises en veilleuse en attendant des temps plus agités. La mise en place d'une commission d'étude, dans ces cas, permet de ne pas assécher complètement les marchés et de les maintenir dans un état d'espoir. Si ce n'est pas pour celui-ci, ce sera pour la prochaine fois.

La Banque centrale européenne utilisent souvent des tableaux d'étude. Ses armes ne sont pas infinies et doivent être conservées pour les moments difficiles. Les décisions d'établir ou de prolonger la Accélération quantitative ils ont toujours suivi le même chemin, pré-annonce, commission, résolution, tous les quatre à six mois d'intervalle.

Le Qe en cours devrait se terminer en février. Décider maintenant de le prolonger de six mois ne change rien. Le décider en décembre, avec les élections américaines derrière nous et une reprise prévisible de la volatilité, pourrait nous sauver d'une situation moins facile que la situation actuelle. Si décembre est aussi calme, il y aura encore deux mois pour décider, ces deux mois, janvier et février, au cours desquels cette année nous avons vu une explosion de négativité et de méfiance pour sortir dont l'apport du BCE.

Il en va de même pour les autres mesures qu'un marché un peu trop optimiste attendus pour aujourd'hui, y compris l'extension du Qe aux achats d'obligations et d'actions bancaires par la banque centrale. Nous n'en avons même pas parlé, répondit rapidement Draghi.

En effet, en ce moment, non seulement l'Europe mais le monde entier semble exceptionnellement calme. L'Europe croît à un rythme régulier de 1.6, l'Amérique est plus erratique mais 2% devrait également être atteint cette année. La Chine reste accrochée à ses 6.5-7 %. Le pétrole est calme. Les émergents, même sans briller, s'en sortent mieux qu'il y a un an. Les banques italiennes donnent des signaux positifs et les banques européennes, dans leur ensemble, recommencent lentement à prêter de l'argent. Il n'y a pas de crises financières, pas même régionales ou sectorielles. Les taux de change sont équilibrés. Le Brexit est gelé.

Les marchés financiers sont soit en profonde sédation, soit en hausse lente et placide. New York est à un niveau record et, curieusement, Moscou aussi. Shanghai est posée et positive. Londres gagne 10% depuis le début de l'année.

Ce qui est calme n'est pas nécessairement solide. Là New York Stock Exchange il est soutenu, plutôt que par les bénéfices, par les Qe européens et japonais. De nombreux grands gestionnaires qui prévoient des temps sombres (les négatifs incluent des grands maîtres tels que Soros, Gundlach, Tudor Jones et Paul Singer) pourraient attendre les élections et la hausse des taux de décembre avant d'attaquer.

Même siles fondamentaux sont plus fragiles de ce qu'il semble. La ré-accélération américaine n'est pas si forte et certaines données positives des deux derniers mois reflètent une augmentation des ventes d'automobiles en raison de rabais temporaires qui ont déjà pris fin. La Chine et l'Europe semblent connaître une croissance régulière, mais les faiblesses structurelles sont toujours là. Les grands problèmes mondiaux de surendettement et de productivité à croissance nulle n'ont pas reculé d'un pouce. Même le cadre géopolitique bouillonne sous une surface qui n'apparaît que ondulée.

Nous ne sommes donc sortis d'aucun tunnel, mais nous sommes incomparablement mieux lotis qu'en janvier et février, du moins en apparence. Dans ce contexte, ce serait du gaspillage pour les banques centrales d'utiliser des armes et des munitions qui pourraient être beaucoup plus utiles dans quelques mois. Pour cette raison, nous n'attendons pas grand-chose non plus de la Banque du Japon, qui se réunira le 21 septembre, le jour même où la Fed se déclarera prête à relever ses taux, sinon à les relever.

Septembre et octobre sont historiquement les mois les plus propices aux grandes ou petites baisses des marchés boursiers. C'est la saison où les portefeuilles, plombés par les hausses des sept premiers mois, se retrouvent vulnérables à toute nouvelle négative. Cette année, cependant, la correction a eu lieu en janvier et février et les portefeuilles n'ont pas encore eu le temps de se recharger. Certains gestionnaires et de nombreux portefeuilles individuels sont toujours sous-pondérés et se couvrent désormais bien en retard. Les élections américaines, quant à elles, paralysent la Fed et tuent dans l'œuf toute volonté de hausse des taux.

On s'attend donc à des mois de septembre et octobre exceptionnellement calmes. En revanche, la fin d'année traditionnellement propice aux Bourses pourrait être plus agitée que d'habitude cette année, même s'il faudra peut-être attendre le premier semestre de l'année prochaine pour une correction. Il n'y a pas plus de saisons qu'une fois.

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