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Marc Chagall, des chefs-d'œuvre exposés avec un œil sur la Russie

Marc Chagall, des chefs-d'œuvre exposés avec un œil sur la Russie

Palazzo Roverella (Rovigo) à partir de septembre 2020 propose une nouvelle et importante exposition monographique sur Marc Chagall.
Une sélection exemplaire de plus d'une centaine d'oeuvres, environ 70 peintures sur toile et papier ainsi que les deux extraordinaires séries de gravures et eaux-fortes publiées dans les premières années loin de Russie, "Ma Vie", 20 tableaux qui éclairent sa précoce et douloureuse autobiographie , et "Dead Souls" de Gogol, l'aperçu le plus profond de l'âme russe de la grande littérature.
Les œuvres qui seront exposées au Palazzo Roverella proviennent non seulement des héritiers de l'artiste, avec un prêt vaste et généreux, mais aussi de la Galerie Tretiakov à Moscou, du Musée d'État russe à Saint-Pétersbourg, du Pompidou à Paris, du Thyssen Bornemisza à Madrid et du Kunstmuseum de Zurich et de collections privées importantes et historiques, avec certains des plus grands chefs-d'œuvre de la "Promenade" au "Juif en rose", à "Le mariage", "Le coq", "Gant noir" et d'autres.

Marc Chagall, Pluie, 1911, Moscou, Galerie Tretiakov © Chagall ®, by SIAE 2020

Une exposition importante, à la structure muséale précise, qui n'entend pas raconter « un peu tout » mais choisit un thème précis et l'explore en profondeur à travers une sélection de ses chefs-d'œuvre incontournables.
Le thème sur lequel la curatrice Claudia Zevi a choisi de concourir est celui de l'influence que la culture populaire russe a eue sur l'ensemble de l'œuvre de Chagall, avec un impact plus réaliste lorsqu'il a vécu en Russie dans les vingt premières années du XXe siècle, mais tout aussi massivement, dans les figures d'animaux, de maisons et de villages, toujours présentes dans les tableaux de ses longues années suivantes à Paris, en Amérique, dans le sud de la France.

Marc Chagall, The Walk, 1917-18, Saint-Pétersbourg, Musée d'État russe © Chagall ®, by SIAE 2020

Cette exposition entend analyser de manière large et parfaitement documentée l'autre vivier de l'iconographie de l'artiste, à savoir la tradition populaire de la Russie profonde. Une iconographie faite de religiosité, dans laquelle on retrouve des échos de l'iconographie religieuse stratifiés dans les icônes et caricatures populaires des lubki dont les personnages tels que le coq, les chèvres et les vaches qui peuplaient la vie quotidienne des villages russes, on retrouvera aussi trouver dans les œuvres tardives de Chagall.
Ces éléments se métamorphosent chez Chagall dans une sorte de réalisme poétique qui puise sa syntaxe expressive dans la tradition des contes de fées russes, tandis que sa figure intellectuelle et spirituelle dérive du monde chrétien juif et orthodoxe.
Le remaniement, mis en œuvre à travers les fils de sa mémoire, de la culture populaire russe riche d'images et de légendes, allié au mysticisme fantastique de la tradition hassidique, viendra constituer l'attirail spécifique que l'artiste utilisera toujours, au cours de sa longue vie, pour définir un langage qui, aujourd'hui encore, est capable de communiquer comme peu d'autres avec notre sensibilité postmoderne.

Marc Chagall, Dimanche, 1952, Paris, Musée National d'Art Moderne © Chagall ®, by SIAE 2020

Dans ses oeuvres les souvenirs deviennent "présences", ils peuplent ses toiles apparaissant même là où on ne les attend pas, tels des boucs ou des isbas insérés dans la représentation d'un bouquet qui se compose à son tour de fleurs et de visions.

Cette exposition entend également interroger le thème de la place singulière qu'occupe Chagall dans l'histoire de l'art du XXe siècle.
Sans jamais se confondre avec le débat avant-gardiste, sa peinture reste néanmoins toujours ouverte aux nécessités du modernisme, mais sans exiger aucune rupture avec le monde de la mémoire et des formes traditionnelles. Dans son œuvre extraordinaire et très originale, le besoin utopique de l'avant-garde ne fait jamais défaut, sans jamais interférer avec le monde des émotions et de l'affectivité, qui deviennent, dans son travail, un élément d'enrichissement et de définition formelle très originale.
Ainsi, en choisissant de vivre, comme il le dit lui-même, « en tournant le dos à l'avenir », Chagall se retrouve à avoir codifié un langage et une syntaxe expressive qui survivront, bien plus que les avant-gardes traditionnelles des années 900, les le passage du temps et l'évolution des situations politiques et sociales du XXe siècle.

Marc Chagall, Le Mariage, 1918, Moscou, Galerie Tretiakov © Chagall ®, by SIAE 2020

Et dans tout cela, la Russie reste le lieu des racines, du souvenir d'un amour qui se sent déçu et rêve de pouvoir se réaliser.
"Même ma Russie m'aimera", sont les mots avec lesquels il conclut "Ma Vie", l'autobiographie illustrée que Chagall a publiée, tout juste trente-quatre ans, à Berlin au début de son exil, conscient que cette fois la séparation d'avec la Russie aurait été définitif.
L'exposition, qui bénéficiera de la collaboration de la Fondation Culture Musei et du Musée des Cultures de Lugano, est accompagnée d'un riche catalogue - édité par Claudia Zevi - publié par Silvana Editoriale, avec des essais de Maria Chiara Pesenti, Giulio Busi, Michel Draguet et Claudia Zevi.

19 septembre 2020 – 17 janvier 2021 Rovigo, Palazzo Roverella – MARC CHAGALL « même ma Russie m'aimera »

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