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L'été italien des deux crises entre l'urgence de l'euro et l'affaire Ilva

L'incertitude qui pèse sur l'avenir de la monnaie unique domine inévitablement les pensées des citoyens et des gouvernements - Mais même si tout se passe pour le mieux, l'affaire Ilva nous rappelle que rien n'est acquis en Italie - Notre pays a besoin de politiques actives pour le industrie qui vise l'internationalisation et l'innovation du Made in Italy.

L'été italien des deux crises entre l'urgence de l'euro et l'affaire Ilva

Le chaud été italien de 2012 restera dans notre mémoire comme l'été de deux crises : celle de l'euro et celle d'Ilva qui, chaque jour plus, devient la crise de l'industrie italienne et de ses règles. L'incertitude qui continue de planer sur l'avenir de la monnaie unique, face à la lenteur et aux contradictions avec lesquelles s'activent même les bonnes mesures approuvées par le Conseil européen fin juin et face au chemin tortueux en zigzag sur lequel avance la BCE, vous oblige à vous concentrer sur l'urgence financière qui est avec nous depuis cinq ans mais qui vit une escalade impressionnante depuis un an.

Pas besoin de partir en vacances en Grèce ou en Espagne pour vivre le drame de la crise qui vient des deux extrémités de la Méditerranée et qui inquiète toute la zone euro. L'optimisme de la volonté laisse croire qu'une fois de plus l'euro sera sauvé et sortira de la tempête mais le facteur temps n'est pas sans importance pour l'issue du match. Et la simple idée que l'euro pourrait exploser, balayer plus d'un demi-siècle d'Europe et réduire de moitié nos actifs, salaires et pensions en un week-end, mais pas notre dette, suffit à alimenter les craintes que seules les générations qui ont vécu un la guerre savait.

Il se pourrait aussi qu'avant la fin de l'été, l'Espagne décide de demander l'aide de l'Europe, activant ainsi le fonds de sauvetage et l'intervention conséquente de la BCE sur les obligations. Il se peut bien que la Cour constitutionnelle allemande décide de donner son feu vert au nouveau fonds de sauvetage sans passer par les calendes grecques, mais qu'aurait écrit la presse allemande si un autre pays avait maintenu l'Europe à l'arrêt pendant si longtemps ? Et il se peut aussi que le nouveau différend entre la Grèce et l'Allemagne sur la possibilité de prolonger de deux ans le délai de mise en œuvre du programme contraignant auquel Athènes est soumise en échange d'une aide européenne trouve une solution.

Mais, même en supposant que tout se passe pour le mieux, il est clair que l'urgence de l'euro est destinée à dominer nos pensées et celles des marchés et des gouvernements. Aujourd'hui, notre avenir dépend entièrement de l'euro et sa défense ne peut être qu'une priorité de nos agendas. Cependant, l'affaire Ilva nous rappelle que, même si l'urgence de l'euro est résolue avec la stabilité de la monnaie unique, l'avenir de l'Italie ne sera pas tenu pour acquis.

Il est déjà choquant qu'en Italie un juge d'instruction suffise à remettre en question les rôles et les responsabilités en matière de protection de l'environnement et à remettre en question les règles non seulement de l'usine sidérurgique de Tarente mais de celles qui sous-tendent tout le système industriel italien. Mais l'affaire Taranto soulève des questions troublantes qui vont bien au-delà du bras de fer entre un magistrat et le système de gouvernement du pays et est une énième occasion de se demander, dans des circonstances dramatiques, ce que nous pensons du travail de l'Italie même au-delà de l'affaire du sidérurgie et même au-delà de la crise de l'euro. Nous sommes toujours convaincus que, sans négliger le développement et la modernisation des services, l'industrie est-elle ou non la vocation centrale de notre pays ?

Il serait vraiment curieux que dans les années où même l'Angleterre arrogante reconnaisse ses erreurs et admette l'importance de redécouvrir l'industrie manufacturière après avoir tout sacrifié à la finance, nous ayons fait le contraire. Mais croire en l'industrie en tant que profession caractéristique de l'Italie du XXIe siècle ne peut pas être un jeu de mots vides. Ce sont les politiques qui font la différence. L'alarme de la BCE sur le risque d'insolvabilité de nos entreprises mais aussi les récentes recherches de Mediobanca-R&S sur les "données cumulées" de plus de deux mille entreprises manufacturières et de services italiennes nous rappellent qu'il ne suffit pas de croire à l'industrie pour des miracles arriver si les promesses ne sont pas suivies de faits.

Que de quoi a besoin l'industrie et sur quelle industrie se concentrer pour un avenir digne de l'Italie est connue depuis un certain temps. Le Made in Italy - c'est-à-dire les industries mécaniques, alimentaires et de l'équipement ménager et de la personne - reste le centre de gravité de notre système de production même s'il devra de plus en plus s'étendre aux énergies vertes et aux activités liées aux sciences de la vie. Mais le Made in Italy gagnant est que qui savent s'internationaliser, se donner du management managérial, se concentrer sur l'innovation et la recherche et qui savent grandir. Le succès des ETI les plus dynamiques parle de lui-même même si le rêve ne se cultive pas et qu'un pays qui n'a pas ou ne valorise pas les grands groupes - le cas Ilva mais aussi le cas Fiat sont emblématiques à cet égard - n'a pas un grand avenir.

Ce qu'il est le cocktail indispensable pour remporter le challenge compétitif nous connaissons aujourd'hui depuis longtemps : l'importance de infrastructures matérielles et immatérielles, croissance en taille et en qualité des entreprises, développement des libéralisations et de la concurrence, recherche, innovation et formation à partir du capital humain il est là pour tout voir. Mais il faut d'abord amorcer une révolution copernicienne qui change le contexte dans lequel évolue l'industrie et rende l'environnement réceptif et favorable, effaçant tout anti-industrialisme renaissant.  Sur ce, les forces politiques qui sont candidates à la future direction du pays doivent être claires et insaisissables ou un comportement ambigu n'est plus tolérable. Parmi les nombreux mérites du gouvernement Monti et de sa discontinuité, il y a aussi celui de non seulement demander aux entreprises ce qu'elles peuvent faire pour l'Italie, mais le contraire : que peut et doit faire l'Italie pour soutenir l'industrie et attirer les investissements étrangers dans notre pays, qui ont longtemps atteint depuis des creux historiques. C'est pourquoi l'agenda Monti sur l'euro comme sur l'industrie est un bien trop précieux qui, dans les formes et combinaisons de gouvernement qui émergeront des prochaines élections, ne doit pas se perdre et qui doit perdurer bien au-delà de cette législature.

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