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Leonardo, les cinq défis qui attendent Profumo

De AffarInternazionali.it – Leonardo est un grand atout stratégique du pays mais, pour faire face aux défis qui l'attendent, le nouveau PDG, Alessandro Profumo, devra réorganiser et renforcer son portefeuille et se concentrer de plus en plus sur l'innovation, mais non seulement.

Leonardo, les cinq défis qui attendent Profumo

Leonardo représente le principal groupe italien dans le domaine des hautes technologies et est donc un véritable "champion national". L'entreprise dispose d'un vaste patrimoine de savoir-faire technologiques et humains, de produits stratégiques, d'usines implantées sur le territoire qui agissent comme des catalyseurs de la recherche et de la formation, un moteur pour l'ensemble du secteur des PME.

L'importance stratégique se retrouve également dans les productions qui expriment la capacité de projection internationale de l'Italie, grâce à la maîtrise des technologies contenues dans les plates-formes (hélicoptères, avions, satellites) ou dans les systèmes TIC. Tout cela à une époque où, plus que jamais, la domination technologique représente un élément fondamental de la stratégie du système-pays qui doit alors se comparer aux nations les plus avancées.

Un marché qui évolue entre l'UE et les USA et ailleurs
Leonardo opère sur un marché international qui a considérablement changé ces dernières années. Au sein de l'Union européenne, les institutions, et en particulier la Commission, s'efforcent de favoriser l'intégration du marché européen de la défense et de la sécurité par une politique incitative.

D'où la prévision de lancer un programme européen de recherche de défense doté d'un budget de 3,5 milliards d'euros, de cofinancer la phase de développement des nouveaux programmes de collaboration européens et de stimuler les investissements nationaux relatifs.

D'une manière ou d'une autre, la défense dépassera donc le cadre des activités intergouvernementales et s'étendra aux activités communautaires. Dans le même temps, l'Union perdra une pièce importante, le Royaume-Uni (très important pour l'Italie, dans les programmes aéronautiques, électroniques et de missiles, et pour Leonardo, compte tenu de sa forte présence industrielle).

Les États-Unis ont décidé d'entamer un nouveau cycle d'investissements militaires, mais ont choisi d'accentuer la fermeture de leur marché aux concurrents étrangers. Les groupes industriels européens déjà présents sur le marché américain pourront en tirer des avantages financiers, mais avec des perspectives de retour technologique limitées.

Sur le marché international, la concurrence va devenir d'autant plus féroce que le cycle de renouvellement des grands équipements par les Etats économiquement forts a en partie déjà commencé et les commandes attribuées, les pays producteurs de pétrole actualisent la baisse de son prix, l'ancien (Russie) et de nouveaux fournisseurs (Brésil, Israël, Chine, Japon) font leur chemin, des équipements d'occasion mais relativement neufs sont largement disponibles, de nombreux clients souhaitent une implication industrielle.

Les défis restants après la réorganisation et la réduction des coûts
Leonardo a été très concentré ces dernières années sur sa réorganisation et la réduction des coûts. Les résultats ne pourront être évalués qu'au cours des prochaines années, mais, inévitablement, les énergies absorbées par cet effort interne se sont faites au détriment de l'effort externe tant en termes de projection sur le marché international que d'innovation. D'où les défis auxquels le nouveau top management devra faire face.

1) Le premier défi à relever est de renforcer le carnet de commandes. Il faut investir dans le réseau commercial direct et indirect, avec la conscience que pour ramener de nouveaux contrats l'engagement grandissant de la diplomatie ne suffira pas, mais il faudra déployer ses propres hommes et trouver des alliés sur place. Les accords gouvernementaux - (comme cela s'est produit pour le Koweït et le Qatar) sont utiles, mais ils ne peuvent pas tout résoudre. Cette relance devra en tout cas être coordonnée avec le gouvernement et le ministère de la Défense qui soutiennent déjà la projection internationale de l'industrie italienne, mais qui, dans un climat de collaboration renouvelée, pourront le faire de manière plus systématique.

2) Le deuxième défi est d'assurer aux clients un soutien logistique plus efficace. Leonardo paie les défauts du passé, mais changer de logo ne suffit pas à faire oublier à certains acheteurs le mécontentement. Des temps longs et incertains, un système d'autorisation d'exportation compliqué et parfois incompréhensible, des négligences et des coûts élevés réduisent la disponibilité des véhicules en service et risquent de donner au groupe une mauvaise publicité.

Innovation et leadership
3) Le troisième défi est la nécessité de concentrer vos compétences sur moins de gammes de produits. Aucun autre groupe industriel international ne dispose d'une gamme de produits aussi large, malgré des chiffres d'affaires plus élevés. Cela signifie que les ressources humaines (managériales, techniques, commerciales) et financières (recherche, investissements) sont réparties dans trop de directions et que dans chaque domaine il y a une masse critique inférieure à celle des concurrents. Dans cette rationalisation, des opportunités d'intégration internationale pourraient également être recherchées, en mettant en œuvre une stratégie d'alliances plus efficace.

4) Le quatrième défi concerne l'innovation et est lié au précédent. En sélectionnant le portefeuille, les ressources limitées que le pays peut mettre à disposition pour la recherche technologique pourront atteindre des niveaux plus adéquats, surtout si elles visent à améliorer le positionnement pour participer aux futurs financements européens. La définition d'une stratégie technologique plus claire et plus efficace pourra ainsi s'articuler avec la Stratégie Technologique et Industrielle de Défense, lancée par la Direction Nationale de l'Armement comme prévu par le Livre Blanc sur la Sécurité Internationale et la Défense. La synergie entre Industrie et Défense pourra ainsi représenter une contribution utile également au processus de modernisation du système-pays.

5) Le cinquième défi concerne la gestion de Leonardo. C'est l'une des parties les plus importantes du patrimoine de l'entreprise et elle doit être valorisée. Voies de sélection et de croissance basées exclusivement sur les compétences et les résultats, attribution de tâches différentes mais cohérentes, rajeunissement des managers, sont des acquis pour une entreprise qui veut faire de l'innovation sa marque de fabrique.

Cependant, les délais de cette revitalisation sont très courts. L'avenir du principal groupe italien du secteur high-tech en dépend.

Source : Affaires internationales

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