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Droit électoral : les considérations d'un impolitique

La loi électorale est fondamentale dans la réorganisation institutionnelle du pays mais le débat est gâché par des intérêts commerciaux qui n'ont rien à voir avec les problèmes de l'Italie - Nous avons besoin d'un système qui donne de la stabilité : les réformes ont besoin d'au moins 4-5 ans - Italicum : le seul objection vraiment justifiée concerne la discrimination des petits partis.

Droit électoral : les considérations d'un impolitique

La loi électorale c'est un élément fondamental de la réorganisation plus générale de notre système institutionnel dont le pays a un besoin urgent. Ce sont des règles complexes dont les implications ne sont souvent pas immédiatement perceptibles, et de plus le débat qui se déclenche immédiatement sur une proposition est presque toujours entaché de préjugés ou d'intérêts commerciaux de tel ou tel groupe politique, qui n'ont rien à voir avec les problèmes de l'Italie. Permettre donc à un « non » expert de faire quelques observations afin d'alimenter un débat sur une évaluation précise de ce qui a été proposé, et qui pourra peut-être aussi être utile aux parlementaires qui s'apprêtent à examiner le projet de loi.

Je dois dire tout de suite que mes évaluations personnelles partent de l'hypothèse que, dans cette phase, l'Italie a besoin d'un système qui permette la stabilité gouvernementale parce que les réformes à entreprendre nécessitent au moins quatre ou cinq ans de fonctionnement pour pouvoir produire un effet puis être évalué. Bien sûr, je ne suis pas assez naïf pour penser que le système électoral à lui seul peut résoudre tous les problèmes de manque d'incisivité de notre politique, mais il représente certainement une étape importante dans la réorganisation institutionnelle plus générale.

Les principales critiques qui ont jusqu'à présent été adressées à laitalicum elles portent, d'une part, sur la non-introduction de préférences, et, d'autre part, sur le système de la prime majoritaire et les différents seuils envisagés. Même le fonctionnement de l'éventuelle double vacation semble susciter de nombreuses critiques chez les constitutionnalistes.

En ce qui concerne le préférences il me semble que leur introduction, revendiquée par la minorité du Parti démocrate et par Alfano, est quelque peu instrumentale. En réalité, les préférences entraînent une augmentation des coûts de la politique et, sous la Première République, elles ont donné lieu à de graves distorsions. Les petites circonscriptions peuvent également créer un lien plus étroit entre les électeurs et les élus, et devraient pousser les partis (avec ou sans primaires) à choisir des candidats connus et estimés dans la région et éventuellement capables de puiser dans un électorat transversal. Et cela sans tomber dans un localisme exagéré qui n'est certainement pas bon pour ceux qui sont appelés à traiter des problèmes nationaux, d'ailleurs en les replaçant dans un contexte international. Ne pas avoir prévu de préférences ne semble donc pas être une grande vulnérabilité à la démocratie.

Plus complexe est le problème des seuils d'obtention de la prime à la majorité et d'accès au Parlement pour les petits partis. Un seuil minimum de coalition de 35% est envisagé pour la prime majoritaire. Est-ce trop bas ? Par ailleurs, pour les petits partis faisant partie d'une coalition, il existe un seuil de 5% pour participer à la répartition des sièges. Ainsi si, par exemple, la coalition X devait obtenir 35% avec le principal parti à 25% et les autres partis de la coalition à 10% dont aucun cependant ne dépasse le seuil de 5%, alors la prime de coalition de 18% serait attribuée uniquement au parti principal qui n'a en réalité obtenu que 25% des suffrages, remportant cependant 53% des sièges. Et c'est certainement un premier problème. Et effectivement ce qui me paraît fondamental, non pas tant parce que je me soucie du sort des petits partis, mais parce que le système apparaît effectivement un peu déséquilibré. Surtout au cas où un ou deux petits partis dépasseraient le seuil des 5 % (avec comme circonstance aggravante la clause de sauvegarde des partis locaux, à savoir la Ligue), des majorités parlementaires contestées et peu concluantes comme celles qui ont caractérisé les vingt ans de la Seconde République.

En revanche, l'objection de ceux qui, s'il devait se rendre au scrutin au cas où aucune coalition n'aurait atteint 35 % au premier tour, semble tout à fait incohérent, qui s'alarment parce qu'un parti atteindrait la majorité absolue de sièges même à partir d'un très faible nombre de voix au premier tour. Mais cette objection ne tient pas compte du fait que le second tour est une élection aussi démocratique que celle du premier tour, dans laquelle les électeurs seraient amenés à choisir le moins pire, comme cela s'est produit en France lorsque Le Pen est allé aux urnes.

Le cœur du problème de la gouvernabilité et de la représentation réside donc dans le seuil des 35% et dans la barrière des petits partis. Une série de propositions sont déjà avancées allant du dégroupage des voix des partis n'atteignant pas le seuil de 5% de la coalition, à l'abaissement de ce seuil aux 2% actuels, ou d'autres moyens d'impliquer même les plus petits partis la répartition des sièges à la majorité majoritaire. Ce sont des propositions qui fausseraient toute la structure de la proposition en ce qui concerne la nécessité d'assurer l'identification d'un certain vainqueur des élections.

Peut-être serait-il préférable de changer en supprimant les coalitions du premier tour, et en veillant à ce que chaque parti se présente avec son propre symbole, mais en maintenant un seuil minimum de 5 %, ce qui est élevé, mais pas différent de celui existant dans d'autres pays européens. Après cela, si un seul parti dépasse le seuil des 35 %, alors il prend le prix de la majorité et gouverne pendant cinq ans sans subir le chantage des petites formations toujours en quête de visibilité. Et cela constituerait en soi une forte incitation pour les électeurs à concentrer leurs votes vers les grandes formations. Dans le cas où aucun parti n'atteindrait le seuil des 35%, les deux formations majeures devraient se rendre au second tour. Celui qui l'emporterait aurait 53% des sièges, mais les autres seraient remboursés proportionnellement entre toutes les formations qui au premier tour auront dépassé les 5%.

Une solution simple qui assure aux petits partis le droit à la tribune, mais vise une meilleure gouvernance que celle qui a été réalisée dans un passé récent avec des coalitions qui ont toujours vu le détachement de quelque morceau plus ou moins gros.

Nous sommes bien conscients qu'il est temps d'impressionner notre système politico-institutionnel un tournant "historique". Ouvrons donc un débat en invitant experts et non-experts à intervenir, en évitant toutefois le jargon politique, mais en essayant de rester sur les meilleures solutions pour sortir l'Italie du bourbier dans lequel elle se trouve depuis au moins trois décennies.    

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