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Def, réduire la dette est central mais il faut plus de courage

TEXTE INTÉGRAL DE L'INTERVENTION SUR LA DEF DANS LA CLASSE DE MONTECITORIO - "L'endettement est un frein à notre potentiel de croissance" mais "la situation politique italienne semble avoir contraint le Gouvernement à un projet programmatique peu ambitieux" - Relancer les réformes

Def, réduire la dette est central mais il faut plus de courage

Le cadre programmatique esquissé par le Gouvernement indique non seulement que nous devrons emprunter un chemin étroit, mais que nous avançons sur le fil du rasoir. En effet, si l'on regarde les deux principaux objectifs de notre politique économique pour les trois prochaines années, à savoir l'emploi lié à la croissance économique, et la réduction de la dette publique, on s'aperçoit que les deux cibles apparaissent non seulement insatisfaisantes, mais leur réalisation semble exposé à un risque élevé.

En réalité, le tableau de départ, c'est-à-dire la situation économique que nous connaissons en 2017, est assez bon et s'améliore. La reprise touche à la fois l'industrie et les autres secteurs tertiaires. Elle est tirée non seulement par les exportations, mais par la demande intérieure qui, grâce à la réduction progressive de la pression fiscale sur les ménages et les entreprises et la reprise de l'emploi de près d'un million d'unités, a retrouvé le chemin.

Et cela doit être souligné pour contrer les "souverainistes" qui se concentrent plutôt sur la sortie de l'euro et sur la dévaluation, c'est-à-dire sur les exportations en comprimant la demande intérieure, démontrant à quel point leur recette est fallacieuse et à quel point les choix des derniers gouvernements sont corrects. Les taux d'intérêt sont bas grâce à la politique monétaire accommodante de la BCE, alors que les réformes et autres dispositions des derniers gouvernements, comme par exemple le Jobs act et le plan Industrie 4.0, ont bien contribué à la croissance du PIB.

Les indicateurs de confiance, tant pour les entreprises que pour les ménages, sont à leur plus haut niveau depuis une décennie. L'investissement privé est en hausse, tandis que l'investissement public est au point mort et ne pourrait afficher une reprise modeste que l'année prochaine. Et là, il serait intéressant de comprendre s'il s'agit d'un manque de moyens financiers ou si c'est la conséquence de la lourdeur bureaucratique qui empêche de fait la conclusion d'un contrat.

La dette publique affiche une légère baisse par rapport au PIB déjà cette année qui devrait être plus visible à partir de l'année prochaine et surtout en 2019 et 2020. Mais cela repose sur des hypothèses de croissance assez soutenues, certes possibles, mais supérieures à
ceux prévus par les principaux observateurs internationaux ; hypothèses qu'il convient de poursuivre à travers la poursuite d'une intense politique de réformes visant à soutenir la compétitivité et l'efficacité.

La question de la dette devient centrale pour consolider la confiance des marchés et de Bruxelles dans notre pays. Sans faire preuve de notre part d'une volonté de fer de poursuivre une trajectoire de réduction crédible, bien que progressive, notre économie continuera d'être exposée à des risques majeurs et d'en payer dès maintenant le prix fort. Malheureusement, il ne semble pas que le monde politique, avec les exceptions nécessaires, évalue exactement toutes les implications que cela implique, et en effet, beaucoup, se basant sur l'amélioration économique, pensent que la crise est passée et que de nouveaux engagements ne sont pas nécessaires pour accroître notre compétitivité, mais qu'au lieu de cela, le moment est venu d'élargir les chemises commerciales.

Même l'atténuation, envisagée dans la Def, de la trajectoire de retour du déficit et du déficit structurel, si à certains égards elle apparaît correcte pour ne pas frustrer la possibilité d'une croissance du PIB par un resserrement budgétaire excessif, à d'autres elle pourrait faire douter de notre volonté effective de parvenir à une réduction effective de la dette. Ces choix de finances publiques seraient beaucoup plus crédibles s'ils s'accompagnaient d'une politique convaincue de renouveau et de réformes pour accroître la compétitivité. Le Def ne semble pas faire un pari assez fort sur celui-ci.

Ce qui retient sûrement le gouvernement, qui, même dans le passé, a su traiter des questions vraiment épineuses, c'est la situation politique intérieure. L'expiration de la législature et donc le début de la campagne électorale créent un climat d'irresponsabilité générale des forces politiques. Mon ami M. Bersani, avec qui j'ai eu des contacts constants sous le second gouvernement Prodi, m'a semblé à l'époque beaucoup plus sensible aux problèmes de productivité des entreprises et de compétitivité générale du pays qu'il ne le paraît aujourd'hui.

A l'époque, il semblait convaincu que la véritable socialité résidait dans la possibilité de créer de bons emplois et dans la réduction des rentes de position qui réduisent les salaires des travailleurs. Aujourd'hui encore, au-delà des questions politiques plus générales, je crois qu'un haut degré de responsabilité doit être maintenu par toutes les forces politiques sur certains enjeux stratégiques pour l'avenir du pays, comme la dette.

Au fond, la situation politique italienne semble avoir contraint le gouvernement à adopter un projet programmatique peu ambitieux. Le chômage resterait encore bien au-dessus de 10% l'année prochaine également. La dette baisserait de manière à peine perceptible et étant donné qu'une partie importante de la manœuvre, égale à 0,35 point de PIB est due à la lutte contre l'évasion fiscale, certains doutes sur sa poursuite effective sont plus que légitimes. Dans ce contexte, il n'y a pas de possibilité de revoir la réforme des retraites, même pour les estimations les moins favorables sur l'évolution démographique, alors que les marges de manœuvre en matière de santé doivent être recherchées au sein du système par des mesures d'efficacité rigoureuses.

D'autre part, le gouvernement devrait procéder à de nouvelles coupes dans les dépenses improductives pour concentrer les ressources sur quelques éléments clés pour la compétitivité. J'en cite deux : le marché du travail où il faut renforcer le dispositif d'insertion s'il existe
vrai, car Sen Ichino affirme qu'il y a environ un demi-million d'emplois qui ne sont pas pourvus faute de personnes possédant les qualifications requises. Le second est justement la formation, sous réserve d'un accord avec les Régions pour réformer le système actuel.

J'apprécie l'assurance et la fermeté du ministre Padoan. Je constate que la voie de la réforme a des effets positifs. Je vous rappelle que la question de la dette est un frein à notre potentiel de croissance. J'espère que l'opportunité qui nous est offerte ces derniers mois par la conjoncture économique favorable ne sera pas perdue pour continuer à jeter les bases d'une croissance stable et fiable, nous permettant de nous concentrer sur des objectifs plus ambitieux tant en matière d'emploi que de maîtrise de la dette.

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