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BIAF : "Paysage côtier avec tour sarrasine" onirique de Roelant Savery

AVANT-PREMIÈRE BIAF : A l'occasion de sa première participation à la Biennale Internationale des Antiquités de Florence (21-29 septembre 2019) la Galleria Caretto & Occhinegro est appelée à un rôle unique : celui de représenter la peinture flamande/néerlandaise de son âge d'or, entre des XVIe et XVIIe siècles, en tant que seuls spécialistes du secteur parmi les plus de 500 galeries qui composent la liste des participants sélectionnés.

BIAF : "Paysage côtier avec tour sarrasine" onirique de Roelant Savery

L'exposition florentine de la galerie de Turin Caretto & Occhinegro voir l'exceptionnel Paysage côtier avec tour sarrasine par Roelant Savery, une grande table circulaire de 50 cm de la plus haute qualité. L'ouvrage, publié dans la monographie de référence, est un exemple capital de l'art réalisé par l'un des plus célèbres spécialistes du paysage entre les XVIe et XVIIe siècles et constitue un unicum dans le scénario du marché international de l'art.

Pour un aperçu historique et stylistique, l'étude exhaustive menée par le Prof. Mullenmeister dans sa monographie fondamentale sur RoelantSavery reste fondamentale.

Selon l'éminent érudit, l'œuvre, absente du marché depuis plus de vingt ans, est un témoignage important du travail collectif de Roelant avec son neveu Hans II (également connu sous le nom de Jan), qui apporta poissons et écrevisses en premier plan et avec le groupe de pêcheurs au milieu.

Cette peinture, ainsi qu'un petit nombre d'œuvres toutes fortement unies par une unité de composition et de style, fait partie du corpus autour duquel tourne la question du supposé voyage en Italie des Saries, qui aurait eu son point d'appui dans la région d'Istrie. Leur bref séjour au Tyrol avait été hypothétique, mais les preuves déduites des types de paysages dépeints par les Saveries dans les années 1612-1618, semblent rendre leur présence à Istra beaucoup plus plausible, après leur séjour bien documenté à Prague pour Rudolf II et Matthias I.

En ce sens, la comparaison la plus importante est col Pesée côtière conservée aux Offices et datée de 1614, sur la base de laquelle Mullenmesiter place également notre travail chronologiquement. Identiques dans les deux ouvrages sont les plantes de chardon au premier plan à droite, ainsi que les cabanes de pêcheurs et les bateaux décrits avec des détails techniques (construits avec la méthode des planches croisées). Même la tour sarrasine éclairée par le soleil apparaît sous une forme similaire dans l'image florentine, tout comme le trait de lumière qui éclaire les 4/5 de la scène en haut à gauche est identique.

D'ailleurs, au-delà du consensus unanime sur la paternité du tableau qui d'anthologie, la formidable beauté de ce grand panneau circulaire parle d'elle-même, tant en termes d'inventivité que de savoir-faire technique.

Roëlant Savery et Hans Savery II
Paysage côtier avec pêcheurs devant une tour sarrasine
Huile sur panneau circulaire
Diamètre cm 49,5
vers 1613-14

L'oeuvre, qui dans sa circularité rappelle encore le "paysage-monde" tel que l'avaient conçu Patinir et Henri met de Bles, est empreinte d'un souffle cosmique: les magnifiques nuages, parfaitement exécutés, laissent pénétrer les rayons du soleil dans la terre, désormais libres d'éclairer la terre et les hommes, revenus après les épreuves de la pêche et enfin à l'abri des terribles Léviathans que la mer, sombre, abyssale et menaçante, encore se cache. De l'autre côté, la côte est immédiatement engloutie par une forêt de conifères, laissant à l'Homme le seul espace vital qui, comme une mince ligne, s'étend entre la mer et la forêt. Les animaux et les plantes sont reproduits avec un œil en équilibre entre pertinence scientifique et fable savante, selon l'approche typique de Hans Savery (son célèbre tableau représentant le dodo, toujours pas éteinte au XVIIe siècle). Avec une épopée digne de Bruegel l'Ancien, l'Artiste aborde le thème typique du paysage flamand de l'époque des rapports entre l'Homme et la Nature compris comme une réflexion existentielle sur les limites du premier et sur le sens du second : le petit la taille des êtres humains dépeints, même dans l'exercice vertueux de leurs compétences techniques (pêche et architecture comme coercition et domination du monde), les réduit à des créatures bibliquement impuissantes, subjuguées par un cycle mécanique et naturel dont elles ne peuvent s'affranchir, des marionnettes inconscientes d'une conception plus grande qu'elles, peut-être jouées par des forces physiques dont le fonctionnement est inconnu ou par des entités métaphysiques qui se manifestent à travers des phénomènes naturels, qu'il s'agisse d'orages, d'éclairs de lumière dans les nuages ​​ou de l'impénétrable - poignante - beauté du monde.

Parmi les quinze œuvres exposées signalons également une œuvre particulièrement curieuse mais tout aussi belle : la soi-disant chanteuse (mot littéralement traduit par "jeux de singe"), signé par Frans Francken et considéré par l'expert de référence comme un document rare d'un niveau de qualité exceptionnel : en effet, aucun autre tableau ayant ce sujet portant la signature de l'auteur n'est connu.

Frans Francken III
Monkey Games (allégorie de la condition humaine)
Huile sur cuivre
22,5 × 31,5 cm
vers 1660-70
Oeuvre signée F.Franck

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