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Marchés obligataires européens entre élections françaises et évolution de la stratégie de la BCE

Selon Amundi, la prudence s'impose sur les marchés obligataires du Vieux Continent en raison de l'incertitude que les élections françaises projettent sur toute l'Europe et en raison de l'incertitude que la croissance de l'inflation aura sur la politique de la BCE

Marchés obligataires européens entre élections françaises et évolution de la stratégie de la BCE

Le principal thème qui a caractérisé les marchés obligataires ces dernières semaines a été l'évolution politique en France à l'approche de l'élection présidentielle. La perspective d'une victoire de Marine Le Pen, qui pourrait ouvrir un scénario de sortie de la France de la zone euro, continue de mettre la pression sur les obligations françaises.

L'écart de rendement entre la France et l'Allemagne est au plus haut depuis fin 2012). Rappelons toutefois que ces dernières semaines, les primes de risque de crédit ont augmenté dans presque tous les pays de la zone euro, car le sort de cette zone dépend de la participation de la France à l'UE. Parallèlement, le boom des obligations allemandes, jugées plus sûres, a fait chuter le rendement des bunds à dix ans (0,20 %), atteignant son plus bas niveau depuis le début de l'année.

Dans ce contexte, mieux vaut rester prudent jusqu'aux élections, tout en gardant à l'esprit le communiqué de la BCE selon lequel le montant de ses achats mensuels d'actifs remontera à 80 milliards d'euros « si les perspectives deviennent moins favorables ou si les conditions financières être incompatible avec la politique d'ajustement à l'inflation ».

Pour l'instant, les spreads des obligations IG et HY en euro semblent ignorer le risque politique des élections françaises. Malgré l'élargissement du spread franco-allemand, les spreads obligataires euro IG et HY sont restés stables. La dette des entreprises domiciliées en France dépasse les 400 milliards d'euros, soit 23% de l'indice, un chiffre qui fait du pays transalpin celui qui a le pourcentage le plus élevé. Que se passe-t-il?

• Une réponse possible est que le rendement de certaines obligations d'entreprises est inférieur à celui des obligations publiques, par exemple lorsque leurs émetteurs réalisent une grande partie de leurs revenus à l'étranger.
• Le QE a largement contribué à réduire la prime de risque sur la dette des entreprises. Le CSPP de la BCE reste un facteur de soutien très important pour les marchés du crédit. Dans le cadre de ce programme, des obligations d'entreprises d'une valeur de 59 milliards d'euros ont été achetées, soit une moyenne hebdomadaire de 1,7 milliard d'euros. Si le rythme des achats reste inchangé, d'ici la fin de l'année, la BCE aura acheté des obligations d'entreprises pour 130 milliards d'euros, soit 17 % de ceux disponibles. Dans les prochaines semaines, les élections françaises seront également un événement décisif pour les marchés du crédit en euro. Les spreads des obligations libellées en euros pourraient s'élargir en cas de :
• plus grand risque politique. Une augmentation significative des chances de victoire de Marine Le Pen la ferait inévitablement grimper
primes de risque de crédit. Rappelons que lors de la crise des dettes souveraines de 2011-2012 dans la zone euro, le stress
des obligations souveraines ont fini par infecter les obligations d'entreprises.
• un ralentissement des achats de la BCE. En avril, les achats passeront de 80 milliards d'euros à 60 milliards d'euros. 60 milliards d'euros reste un chiffre respectable, mais les investisseurs pourraient réagir négativement s'ils étaient convaincus d'un arrêt prématuré des programmes de la BCE. Après tout, Jens Weidmann a déclaré cette semaine que l'idée d'une hausse des taux de la BCE en 2019 n'est plus absurde.


Pièces jointes : Analyse du marché

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