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UE pessimiste sur l'Italie : PIB +0,4% en 2020 et dette en hausse

Bruxelles revoit à la baisse les données sur l'économie italienne, qui d'ici deux ans seront le moteur bottom-up de l'UE - Moscovici sur la manœuvre : "Approche améliorée par rapport à l'année dernière, clarifications demandées mais nous ne rejetterons pas le budget italien ".

UE pessimiste sur l'Italie : PIB +0,4% en 2020 et dette en hausse

Pas de signes encourageants de la part de la Commission européenne qui a publié des estimations sur l'économie italienne, notamment une révision à la baisse du chiffre du PIB pour 2020 et 2021 et aussi une augmentation du déficit/PIB et de la dette publique d'ici les deux prochaines années . Si la manœuvre entrante est somme toute bienvenue, Bruxelles voit donc gris pour l'économie italienne : en 2019 elle sera en effet en stagnation (+0,1 %), alors que en 2020 la croissance de notre PIB s'arrêtera à 0,4%, et en 2021 à 0,7%. Les précédentes prévisions de Lee parlaient d'une croissance plus soutenue pour 2020, autour de +0,7%, alors que celles du gouvernement italien indiquent toujours 0,6% pour l'année prochaine et 1% pour 2021.

Quant au ratio déficit/PIB, il est estimé cette année par la Commission européenne à 2,2%, mais en 2020 il passera à 2,3% (le gouvernement table sur 2,2%) et en 2021 à 2,7% (le gouvernement table sur 1,8%) . Le déficit/PIB en termes structurels, après être passé de 2,4% en 2018, passerait à 2,2% en 2019 pour s'aggraver en 2020 à 2,5% et continuent de se détériorer à politiques inchangées en 2021 à 2,9 %. Selon les estimations de l'UE, la dette publique est également appelée à augmenter significativement, le ratio dette/PIB devant dépasser de 136,2 % en 2019 (après 134,8 % en 2018) à 136,8 % en 2020, pour remonter en 2021 à 137,4 %. Rome table plutôt sur 135,2 % en 2020, 133,4 % en 2021.

"L'économie il est au point mort depuis début 2018 dans un effort pour échapper à la stagnation de la faible croissance - explique la note émise par Bruxelles - et il n'y a toujours pas de signes d'une reprise significative. Les indicateurs économiques avancés ne suggèrent pas une reprise imminente de la production au second semestre et il y a en effet des signes de plus en plus nombreux que la faiblesse du secteur manufacturier se propage aux services », écrivent les économistes bruxellois, qui laissent néanmoins entrevoir une lueur d'espoir : « Des conditions financières favorables et le dépassement de la l'incertitude politique peut soutenir la croissance au-delà du court terme ».

Cependant, la comparaison avec les autres partenaires européens est impitoyable. En fait, la croissance du PIB en Italie reste le plus bas de l'UE en 2020 et 2021, comme c'était déjà le cas en 2019. Cette année, selon les estimations de la Commission européenne, l'écart par rapport à la moyenne de la zone euro sera d'un point de pourcentage : 0,1 % contre 1,1 %. L'année prochaine, il sera un peu plus bas, autour de 0,8 % (zone euro à 1,2 %, Italie à 0,4 %). En 2021, l'écart sera divisé par deux par rapport à aujourd'hui, autour de 0,5 % (moyenne zone euro 1,2 %, Italie 0,7 %). En Allemagne, le PIB croît de 1,1% cette année, en 2020 et 2021 de 1 % ; France 1,3 %, 1,3 % et 1,2 % respectivement ; Espagne 1,9 %, 1,5 % et 1,4 %. Au Royaume-Uni, la croissance du PIB sera de 1,3 % (après 1,4 % en 2018), 1,4 % et 1,4 % respectivement.

« Toutes les économies – a commenté Pierre Moscovici, commissaire sortant chargé des affaires économiques et financières, de la fiscalité et des douanes – continueront de croître dans les deux prochaines années, malgré les fortes adversités en hausse. Les fondamentaux de l'économie sont solides : après six ans de croissance, le chômage est à son plus bas niveau depuis le début du siècle et le déficit global est inférieur à 1 % du PIB. Cependant, la route montante qui nous attend ne nous permet pas de nous reposer sur nos lauriers ». Selon Moscovici, la persistance des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine et les niveaux élevés d'incertitude politique, notamment commerciale, « ont freiné les investissements, l'industrie manufacturière et le commerce international. Avec un la croissance du PIB mondial devrait rester modeste, la croissance en Europe dépendra de la force de secteurs plus orientés vers le marché intérieur ».

Moscovici est également intervenu spécifiquement sur la situation italienne : « Il y a eu un échange de lettres pas dans le même climat que l'an dernier. Nous n'avons pas pensé à rejeter le budget italien. Nous avons demandé des éclaircissements, nous avons poursuivi ces échanges, les décisions que nous prendrons seront annoncées dans nos communications vers le 20 novembre. Il n'y a pas deux poids et deux mesures, on ne peut pas comparer le débat budgétaire de cette année qui est sérieux et représente une diversité d'approche à la confrontation d'il y a un an qui augurait mal pour les relations. La décision ne sera pas un refoulement du budget italien ou l'ouverture d'une procédure maintenant ».

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