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Supertrump n'est pas vu et les bourses européennes célèbrent

DE "LE ROUGE ET LE NOIR" D'ALESSANDRO FUGNOLI, stratège de Kairos - Parmi les nombreuses réformes annoncées par le nouveau président américain jusqu'à présent, aucune n'a été vue et le paradigme de Superatout pour les marchés financiers doit être revu : pour l'instant " profiter du calme et de l'équilibre, tant que ça dure, en se concentrant sur les marchés boursiers européens et émergents »

Supertrump n'est pas vu et les bourses européennes célèbrent

Dans les six mois qui ont précédé les élections américaines, le taux de change entre le peso et le dollar a fluctué autour de 19. Le soir des élections, pariant sur une victoire certaine de Clinton, de nombreux traders ont clôturé leurs positions courtes sur le Mexique et ont donc racheté des pesos, poussant la cotation à 18.50hXNUMX.

On peut donc supposer qu'avec Clinton comme président, le poids aurait trouvé son équilibre autour de ce niveau. Comme nous le savons, les choses se sont déroulées différemment que prévu. Trump a été élu et pour le Mexique, c'était comme un ouragan. Le peso s'est effondré et, à la mi-janvier, il fallait 22 pesos pour acheter un dollar. Hormis quelques courageux contre-courants, presque tous les experts de l'époque recommandaient de rester à l'écart du Mexique et de sa monnaie.

Sur ce pays pauvre, pensait-on, des droits de douane de 35 % allaient tomber. On disait encore que des millions de Mexicains qui avaient émigré illégalement aux États-Unis étaient sur le point d'être expulsés, déportés sous le Rio Grande et emmurés vivants avec leurs compatriotes après avoir été utilisés comme esclaves pour construire le grand et beau mur que Trump avait parlé dans chaque rassemblement de campagne pendant une année entière.

Quelle est la valeur du peso mexicain aujourd'hui ? A 18.65h35. Nous sommes désormais très proches du niveau atteint le soir des élections et le poids est même supérieur à la moyenne des six mois précédant les élections. Et après tout, les droits de XNUMX % ont-ils été imposés ? Non, et il n'en est même pas question. Le mur a-t-il été construit ? Non, et il n'en est même pas question. Les millions d'immigrés illégaux mexicains ont-ils été expulsés ? Non, il n'en est pas question non plus puisqu'un juge à Hawaï a suffi à bloquer dans l'œuf tout l'impressionnant plan d'immigration proposé par Trump lors de la campagne électorale.

C'est toujours. La réforme de la santé d'Obama a-t-elle été annulée ? Non. Les équilibres ont-ils été déplacés à la Cour suprême ? Non. Les démocrates font de l'obstruction à des nominations sans précédent et les ministres qui ont réussi à prendre leurs fonctions n'ont toujours pas de député sur lequel s'appuyer car il y a aussi une obstruction à des nominations de députés. Nous allons continuer. Le déficit public américain a-t-il explosé ? Non, il a diminué. Avez-vous vu un dollar pour l'infrastructure? Pas encore.

A-t-on vu quelque chose de concret sur la réforme fiscale ? Non, mais en revanche, du taux d'imposition de 15 % proposé pour les entreprises pendant la campagne électorale, on est passé à 20, puis 25 et maintenant 28, depuis l'ajustement aux frontières, la taxe sur les importations qui avait fait le retour des années 30 et qui devait financer la baisse des taux d'imposition, a quasiment disparu de l'horizon. Le processus de déréglementation a-t-il commencé ? Pas encore. La croissance a-t-elle augmenté ? Non, nous sommes toujours à deux pour cent. Les données sur le sentiment sont incroyables, mais tout le monde est si heureux qu'il ne ressent pas le besoin d'acheter plus de voitures ou plus de maisons.

Bref, les élections ont eu lieu début novembre, nous serons bientôt en avril et rien n'a encore été vu de l'ouragan de réformes sur lequel les marchés ont fondé toute leur activité ces derniers mois. Il y a ceux qui pensent encore que Trump a des super pouvoirs, quoique démoniaques.

Ces derniers jours, après un discours aux mineurs dans lequel il dégageait du charbon, quelqu'un a écrit que Trump provoquerait l'extinction de l'espèce humaine. Et pourtant, les opposants les plus alertes, comme Larry Summers, commencent à accuser Trump de ne rien faire. Élargissons encore la discussion. L'inflation va augmenter, disait-on il y a six mois. L'inflation va exploser, disait-on il y a trois mois. Hausse du pétrole, marché haussier des matières premières, Trump et ses infrastructures, politiques budgétaires expansionnistes partout, bref, l'effet sera tel qu'il se fera sentir même en Europe, ce qui n'est pas peu dire. Mais non. Avec la fin de la hausse des matières premières, l'inflation va se stabiliser et dans certains cas reculer dans les mois à venir (en Allemagne elle a déjà commencé à baisser rapidement).

Bref, le paradigme qui sous-tend toute action de marché ces derniers mois doit être remis en cause et cela n'a pas forcément de conséquences négatives pour les marchés, bien au contraire. Si l'inflation reste faible et si les politiques budgétaires ne sont pas aussi expansionnistes, la politique monétaire empruntera plus lentement le chemin de la normalisation, tant en Amérique qu'en Europe.

Si le paradigme de Superatout a nui aux obligations et n'a favorisé que les bourses et le dollar, le paradigme d'un Trump affaibli peut redistribuer les bénéfices de la reflation monétaire vers les obligations et les marchés émergents (devises, bourses et obligations) sans nuire aux bourses, soutenu par des taux doux , d'une bonne croissance (quoique pas aussi bonne qu'on l'entend souvent à cette période) et de la perspective que peut-être la moitié de ce qui a été promis proviendra de la réforme fiscale américaine, mais ce sera quand même mieux que rien et ce sera dans le bon sens direction. Après la fièvre noire du début 2016 et après la réaction névrotique suite aux élections américaines, nous sommes peut-être entrés dans une phase de calme et d'équilibre. Profitons-en, tant que ça dure, en nous concentrant sur les marchés boursiers européens et émergents.

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