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Présidentielle française : Hollande favori sur Sarkozy au second tour, les votes de Le Pen décisifs

Il est la troisième roue, qui embarrasse la France face à l'Europe et dont les votes seront décisifs pour l'un des deux candidats au scrutin du 6 mai : Marine Le Pen décidera à qui « délivrer » ses surprenants 18 % trois jours seulement avant le vote consensus – Le FN conquiert les campagnes et les ouvriers, Sarkozy les femmes et les vieux, Hollande les moins de 35 ans et Paris.

Présidentielle française : Hollande favori sur Sarkozy au second tour, les votes de Le Pen décisifs

Elle n'a même pas atteint le scrutin, mais elle tient toujours le tribunal. Marine Le Pen, 43 ans, fille de Jean-Marie qui a déjà fait discuter (et trembler) la France à plusieurs reprises, vole littéralement la vedette aux deux "finalistes" de l'élection présidentielle française, le socialiste François Hollande (en tête au premier tour et dans les sondages au second) et le président sortant Nicolas Sarkozy.

Selon la logique, c'est justement vers ce dernier que devraient converger les 17,9 % de voix récoltées par le Front National (un record pour le parti, encore meilleur que Papa en 2002). Mais la logique est souvent démystifiée. Le Pen détient le vote d'un Français sur cinq et cela, en plus de séduire les deux candidats - qui en s'emparant d'au moins une partie de ce consensus pourrait faire basculer de manière décisive l'équilibre - inquiète également quelqu'un hors de France. Comme les marchés, qui réagissent très mal à cette situation, ou, en donnant des noms et des prénoms, celui-là Angela Merkel qui s'est dite "préoccupée par cette dérive extrémiste" et a confirmé publiquement son plein soutien au compagnon de nombreuses batailles européennes Sarkozy.

Au lieu de cela, il a souvent pris position contre le chancelier François Hollande que, quoique de manière plus modérée et plus constructive que le Front National ou l'extrême gauche de Mélenchon, il capte une partie de cet anti-européisme rampant parmi la population française. Est-ce lui, étonnamment, qui bénéficie du paquet de voix de Le Pen ? Que les nationalistes français préfèrent le récompenser plutôt que de donner le vote à Sarko qui a toujours été un ami de l'Allemagne et de l'Europe ?

Le Figaro, pour tenter d'y voir clair, a lancé une enquête auprès de ses lecteurs (notoirement droitiers) : seuls 62,5% d'entre eux ont déclaré que le leader du Front National devrait lancer un appel à voter pour le président sortant au second tour. 37,5% pensent plutôt que non : vraisemblablement, parce qu'eux-mêmes ne voteraient pas pour Sarko. Reste cependant à savoir si cet électorat – si décisif – ira jusqu'à voter à gauche.

En tout cas, Le Pen cale pour l'instant : elle a déjà dit que il ne donnera pas d'indications de vote avant le 3 mai, trois jours avant le second tour. Et il est encore très probable qu'il préconise l'abstention ou le vote blanc. En attendant, alors que Sarkozy est seul (bien qu'en confiance : "On la joue, on a de bonnes chances", a-t-il dit), son rival Hollande, malgré l'avantage un peu décevant par rapport aux pronostics de la veille, peut déjà compter sur une aide fiable. Comme ceux de Jean-Luc Mélenchon et Eva Joly, qui totalisent à eux deux un bon 13%. Reste alors l'énigme Bayrou, courtisée de toutes parts par l'entourage du dernier locataire de l'Elysée (Alain Juppè disait aussi : « Il ferait un parfait premier ministre ») et dont l'électorat est difficile à positionner, comme c'est souvent le cas avec les candidats centristes. Après avoir combattu Sarkozy pendant cinq ans, et avoir publiquement loué le leader socialiste, Bayrou ne semble plus aussi convaincu. Lui aussi ne dissoudra la réserve que le 3 mai : 9 % des électeurs du premier tour sont à gagner, pas exactement quelques-uns.

En attendant TNS-Sofres a mené une enquête sociologique intéressante sur le vote de dimanche dernier. L'étude montre, comme le soulignent déjà certaines enquêtes, que Hollande a surtout percé dans les classes moyennes et les jeunes de moins de 35 ans, où il obtient 25 % des préférences contre 21 % de Sarkozy et encore une fois 20 % de Le Pen. Pourtant, le président sortant est le favori des plus de 65 ans, qui a voté à 43% pour lui (seulement 23% pour Hollande et 11% pour l'extrême droite), et il s'est affirmé comme un grand "séducteur" : selon TNS-Sofres près d'une femme sur trois (32%) l'a choisi, contre 28% du candidat de la gauche. Cependant, il remporte 29% à 23% parmi l'électorat masculin, où Le Pen et Mélenchon ont également fait mieux.

Du côté des classes sociales, le tableau est assez tranché : le leader UMP représente les plus hauts revenus et catégories professionnelles (entrepreneurs et indépendants notamment), qui le choisissent à 32%, Hollande a l'électorat le plus transversal avec le meilleur résultat parmi les classes moyennes, tandis que Le Pen conquiert un électeur sur trois parmi les classes « pauvres » et 50 % parmi les citoyens sans diplôme. Remarquez comment la fille de l'art a alors percée dans la classe ouvrière, qui la préférait (29%) au candidat d'extrême gauche Mélenchon, qui avec 12% a fait encore moins bien que Sarkozy (18%).

Enfin, la capitale est clairement passée au rouge : Paris, gouverné par le maire de gauche Bertrand Delanoe, et la quasi-totalité de son arrière-pays se sont ralliés à François Hollande (consensus entre 34 et 38 %), rejetant Sarkozy et ne prenant même pas Le Pen en considération ( 6 %). Rien qu'en Ile-de-France, le leader socialiste a recueilli près d'un million de voix, contre 800 XNUMX pour Sarko. Mais la France profonde, on le sait, réside dans la campagne, là où le plus haut consensus pour Le Pen se cache parmi les bois et les chemins. Paris vaut bien une messe, mais il faut d'abord y aller.

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