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Présidentielles, la France aux urnes : un Français sur 4 est toujours indécis, et le risque de cohabitation apparaît

A trois jours du premier tour de la présidentielle, il est désormais quasiment certain qu'il s'agira d'un second tour entre Sarkozy et Hollande : les deux toujours ex aequo dans les sondages à 27,5 %, ce dernier s'affrontant (55- 45%) - Entre 6 et 8 millions de Français sont encore indécis - On regarde déjà la législation de juin : ça pourrait être la cohabitation

Présidentielles, la France aux urnes : un Français sur 4 est toujours indécis, et le risque de cohabitation apparaît

Après avoir constaté, à trois jours du premier tour des élections présidentielles françaises, que le défi sera entre Sarkozy et Hollande, avec le deuxième favori dans les sondages pour le second tour de dimanche, deux questions demeurent. Tout d'abord, l'inévitable débat sur le vote - plus ou moins décisif - des indécis (on estime à ce jour qu'un Français sur quatre n'a pas encore choisi) ; puis, un regard peut-être prématuré mais consciencieux sur "l'après-élections", avec la session législative des 10 et 17 juin qui fait naître l'hypothèse d'une "cohabitation", une formule gouvernementale typiquement transalpine, qui s'est produite à plusieurs reprises dans le passé en raison de la séparation entre l'élection du président et celle du Parlement.

Mais procédons dans l'ordre : le cahier du scrutin, d'abord. Selon le dernier, créé par OpinionWay pour Le Figaro et LCI, poursuit le situation d'égalité substantielle entre le président sortant et le challenger socialiste, doublée de 27,5% d'intentions de vote. La troisième place résiste encore, malgré les appels répétés de Sarkozy ("voter pour le Front National est une faveur à Hollande"), Marine Le Pen avec 16% représentant la France profonde, hostile à l'immigration et à l'Europe, dont la déception grandit de plus en plus (et selon quelqu'un pourrait cacher un pourcentage beaucoup plus élevé que ce 16%). En revanche, le phénomène Mélenchon est en baisse (13%), alors que la proposition modérée de Bayrou n'a jamais décollétoujours arrêté à 10%. En ce qui concerne le second tour, l'écart entre Hollande et Sarkozy se creuse de plus en plus : après la remontée du leader UMP, qui a culminé le 4 avril avec un écart réduit à 53%-47%, l'écart n'atteint plus moins de 10% points entre les deux (55-45).

D'autres données intéressantes ressortent également de l'enquête, comme par exemple que toutes les catégories d'âge (sauf les plus de 65 ans) et toutes les catégories professionnelles (sauf indépendants et retraités) préfèrent le candidat de gauche. Les pourcentages d'approbation sont particulièrement élevés chez les jeunes de 18-24 ans (64%) et les fonctionnaires (66%). Intéressant à voir alors comment c'est précisément la classe moyenne qui crée le plus grand avantage pour Hollande: alors que les "riches" apprécient les deux prétendants (50-50), et que les "pauvres" optent pour le socialiste à 54%, les citoyens aux revenus compris entre 2 et 4 euros par mois poussent l'ex-mari de l'ancienne candidate Ségolène Royal à 56 ans %.

Cependant, rien qu'à partir de l'enquête émerge également une nombre toujours croissant d'indécis : par rapport au tour 2007, où l'on comptait finalement 16 % d'abstentions, on estime aujourd'hui qu'entre 24 et 26 % des Français n'ont pas encore choisi et ne peut même pas voter. Ils sont entre 6 et 8 millions, un nombre considérable de personnes, qui pourraient encore - sur le papier - bouleverser l'équilibre. Surtout si vous pensez que en 2007, 14% des électeurs déclaraient ne faire leur choix qu'à l'intérieur de l'isoloir !

Selon les dernières indications, ce chiffre pourrait être utile à Sarkozy : quand on est indécis, on sait, on préfère ne pas laisser le certain pour l'incertain et le dernier locataire de l'Elysée, même s'il est coupable de fautes diverses et non quelques gaffes, il était le président de tous les Français jusqu'à il y a un mois. Pourtant, selon une enquête du Figaro, ils ont beaucoup plus apprécié sa campagne électorale que celle de ses rivaux : 34% pensent que Sarko a malgré tout mené la campagne la plus énergique et la plus convaincante de tous les candidats, suivi avec 31% par la surprise Mélenchon. Anonyme Hollande (13%), méchant Bayrou (2%).

En tout cas, que le vainqueur soit Sarko ou Hollande, "l'après" tient déjà la table. Au-delà de l'immédiat, la clé de lecture de l'actualité politique parisienne est Alain Marleix, stratège du candidat de droite et spécialiste depuis 30 ans du « redécoupage électoral », c'est-à-dire l'analyse, circonscription par circonscription, du solde électoral.

Le « vieux renard » de la politique transalpine a d'abord rappelé combien même Mittérrand, qui en 1988 avait balayé les élections présidentielles face à Chirac, n'a pas alors obtenu la majorité absolue à la Chambre: "Les électeurs sont invités à se rendre 4 fois aux urnes (dont le scrutin présidentiel, ndlr) en l'espace de deux mois en votant essentiellement toujours pour la même chose, mais les Français n'aiment pas mettre tous leurs œufs dans le même panier", prévient Marleix.

La bizarrerie, cependant, est que l'avertissement ne s'adresse pas au favori Hollande ou, plus généralement, aux deux prétendants. Marleix adresse directement sa mise en garde à Sarkozy, tenant ainsi pour acquise sa confirmation à la présidence : au lieu de l'avertir du danger-débâcle de dimanche prochain (ou dans 15 jours, peu de changements), il le prévient d'une éventuelle cohabitation avec une majorité de gauche qui, ce serait même un luxe pour le leader UMP. Pour siéger encore cinq ans à l'Elysée, il signerait probablement aussi. Mais une chose est certaine: Marleix, déjà artisan du triomphe de Chirac en 1995 et promoteur de la transition « sarkozyste » du parti majoritaire, n'a presque jamais fait de prédiction erronée.

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