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Mouvement européen, le 21 mai tous à Ventotene

L'ASSEMBLÉE DU MOUVEMENT EUROPÉEN EN ITALIE a décidé de réagir vigoureusement à la désintégration de l'Europe en promouvant une action populaire qui vise à relancer les idéaux d'Altiero Spinelli et des pères fondateurs - Un moment emblématique de cette mobilisation sera le rendez-vous à Ventotene pour 21 et 22 mai à tous les pro-européens sincères.

Mouvement européen, le 21 mai tous à Ventotene

Trente ans après la mort d'Altiero Spinelli, le Mouvement européen a décidé de promouvoir l'action populaire pour combattre le processus de désintégration de l'Union et de l'Union européenne.

L'action populaire est urgente pour restaurer la cohésion interne au sein de l'Union européenne, créer les conditions nécessaires dans les pays membres pour relancer le projet d'unification européenne sur des bases démocratiques et construire une opinion publique européenne.

Ce sont là des conditions nécessaires mais pas suffisantes : cette action doit s'accompagner d'une prise de responsabilité précise des forces politiques européennes appelées à retrouver les dimensions de l'universalisme, du cosmopolitisme et de l'internationalisme avec des décisions conséquentes dans les parlements nationaux et au Parlement européen européen.

Chaque jour, de plus en plus de réalités montrent, de manière dramatique, qu'il ne peut y avoir d'alternative à l'unité politique de l'Europe dans la perspective d'un système constitutionnel - selon le modèle fédéral conçu dans le Manifeste de Ventotene - qui devra naître, comme cela s'est produit en 1984, par l'initiative constituante du Parlement européen en vue des élections européennes du printemps 2019.

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I. Pour construire cette alternative et préparer la phase constituante, il faut d'abord une action populaire portée par un vaste mouvement d'opinion, une alliance d'innovateurs qui émane du monde du travail et de l'économie, de la culture et de la recherche, des organisations de jeunesse , le tiers secteur et le secteur associatif impliquant tous ceux qui sont conscients de la valeur ajoutée de l'intégration européenne mais qui paient les coûts de la non-Europe.

Seule l'action populaire pourra tracer la voie qui doit conduire à une nouvelle communauté politique, voie qui doit être lancée à l'occasion des prochaines célébrations des soixante ans des Traités de Rome le 25 mars 2017.

Font déjà partie de cette action populaire les initiatives que le Mouvement européen a lancées dans le monde scolaire - telles que le "Marathon pour la Constitution de l'Europe" et les "Clubs des petits crocodiles" - et la promotion des "Dialogues européens" qui lieu à l'Institut universitaire européen avec des syndicats et des entrepreneurs, des associations représentatives de la société civile, des jeunes, des organisations impliquées dans la dimension de l'égalité des chances et des universités.

II. L'immigration, l'achèvement de l'UEM, l'investissement et le développement durable, le plein emploi, le budget de la zone monétaire intégrée et les ressources propres, le cadre institutionnel de gouvernance de l'économie européenne (en tant qu'expression des urgences économiques de l'ensemble de la zone) - ainsi que un échange extérieur et une véritable sécurité commune qui intègre également la dimension de la défense - sont les priorités immédiates pour relancer le processus d'intégration, retrouver le consensus des citoyens, rétablir la confiance entre les institutions européennes et nationales ainsi qu'entre les gouvernements des États membres, créer les conditions indispensables à la transition vers une communauté politique qui unit les peuples et les pays d'Europe qui le souhaitent.

Dans cet esprit, le Mouvement européen est prêt à soutenir les propositions des institutions nationales et européennes cohérentes avec ces objectifs, telles que la "Déclaration" promue par la Présidente de la Chambre Laura Boldrini le 17 septembre 2015, désormais signée par douze parlements nationaux, et de collaborer avec le gouvernement italien dans le débat européen ouvert avec le "Plan" en sept points présenté le 22 février et avec le "Migration Compact" qui sera soumis au Conseil Affaires étrangères le 18 avril.

III. L'Union européenne doit être consciente qu'elle est à la croisée des chemins : perdre sa pertinence internationale ou avoir un rôle important à jouer à l'ère de la mondialisation pour l'universalisation des droits humains et sociaux.

Cela ne peut se faire que si le processus d'intégration politique est enfin achevé, s'il s'agit d'une réalité politique globale, forte et crédible dans le règlement des conflits et la construction des processus de paix ainsi que d'un acteur et interlocuteur institutionnel unique qui, plaçant la personne au centre et comme finalité de l'action politique, promouvoir les droits fondamentaux individuels et collectifs.

Ça signifie:

– garantir l'universalité des droits fondamentaux ;
– protéger les droits des minorités ;
– garantir des droits fondamentaux jamais inférieurs aux accords internationaux conclus par les États membres, même s'ils ne sont signés que par une partie d'entre eux ;
– renforcer et développer les droits existants en assurant leur force exécutoire également par une extension du rôle de la Cour de justice avec l'instrument des recours individuels ;
– appliquer les procédures prévues par le traité en cas de violations graves et persistantes des valeurs et principes de l'Union dans le cadre du respect de l'État de droit ;
– reconnaître l'accès à la justice au niveau de l'Union pour ceux qui défendent le bien commun et les droits des générations futures;
– donner à chacun accès aux biens et services communs d'intérêt général ;
– reconnaître et garantir le droit à l'autonomie locale selon le principe de subsidiarité dans un système fédéral ;
– garantir les droits « programmatiques » essentiels dans les domaines social, environnemental, culturel et éducatif, dont la réalisation nécessite des indicateurs et des mécanismes de convergence, l'élaboration de programmes pluriannuels, des investissements sociaux à long terme, des systèmes de contrôle et d'évaluation.

Dans ce contexte, se pose la nécessité pour l'Union européenne d'adhérer à la Convention européenne des droits de l'homme et des libertés fondamentales, nécessaire pour renforcer les instruments individuels de protection et de garantie, conformément à l'art. 47 de la Déclaration des droits et articles 6 et 13 de la CEDH.

Le Mouvement européen demande également l'ouverture de négociations pour l'adhésion à la Charte sociale de Turin révisée et aux conventions internationales sur les droits de l'homme adoptées par les Nations Unies.

La sécurité des droits doit s'accompagner du droit à la sécurité. Il est nécessaire que l'Union européenne se dote d'une politique commune contre le terrorisme avec des actions de "renseignement" coordonnées, pour garantir la sécurité de ses citoyens.

Le Mouvement européen renouvelle avec force sa demande aux gouvernements des pays qui souhaitent créer, par le biais d'une coopération renforcée, un véritable Parquet européen chargé de lutter contre les crimes fédéraux tels que le terrorisme international, les organisations de type mafieux et la traite des êtres humains.

Ce parquet devra collaborer avec une véritable police fédérale et avec une agence de renseignement européenne dans laquelle convergent tous les services de renseignement nationaux.

IV. Ce qui se passe entre l'Afrique et l'Europe de l'autre côté de la Méditerranée, dans les Amériques et en Asie n'est pas une urgence humanitaire mais un changement démographique permanent dans les relations entre les populations comme conséquence de la radicalisation des crises auxquelles les institutions internationales et les États n'ont pas voulu ou été en mesure de donner des réponses appropriées et urgentes.

Aujourd'hui, le véritable défi réside dans un changement rapide de cap pour répondre à cette évolution démographique, mettre fin à la pénurie croissante et créer les conditions d'un système international gouverné démocratiquement et garantissant des biens communs pour tous.

Le Mouvement européen renouvelle sa proposition d'ouverture de l'Union européenne vers les rives sud de la Méditerranée dans le sens de la construction d'une Communauté méditerranéenne-européenne fondée sur le respect mutuel et l'égale dignité de tous les pays riverains de ce bassin.

Cette Communauté doit constituer un élément essentiel d'une nouvelle politique de voisinage qui unit l'Union européenne - dans une "alliance des trois mers" - avec le Sud et l'Est, en maintenant ouvert le dialogue avec la Russie et en relançant la perspective d'un partenariat d'interdépendance avec les États-Unis d'Amérique.

Comme premier acte de la Communauté méditerranéenne-européenne, le Mouvement européen demande qu'un Erasmus euro-méditerranéen soit mis en place et financé dans les meilleurs délais, ainsi que d'autres formes de collaboration scientifique, technologique et culturelle.

Ce processus de coopération entre l'Union européenne et les pays du bassin méditerranéen n'est pas un acte de générosité mais une politique de coproduction dans les domaines agricole, sanitaire, culturel, touristique et industriel.

La race humaine est née en Afrique. Depuis l'Afrique, elle s'est répandue dans toute l'Euraphrasie avec des échanges ethniques, religieux, culturels et commerciaux qui ont marqué l'histoire des relations entre les peuples et les régions de l'ancien monde.

Les pays qui se sont unis dans les Communautés européennes, responsables pendant plus d'un siècle du travail capillaire de la colonisation et donc du pillage des richesses naturelles de ces pays et protagonistes du commerce des armes avec presque tous les régimes des nouveaux États indépendants , avaient indiqué dès le départ la coopération avec l'Afrique comme un objectif prioritaire de leur politique à l'égard des pays en développement.

Cependant, la liste des défis qui n'ont pas encore eu de réponses adéquates est longue et dramatique : de la tragédie de la faim qui peut trouver une solution sachant que le problème n'est pas la rareté de la nourriture mais la volonté et la capacité de la distribuer équitablement, à l'éducation, la qualité de l'environnement, la promotion des investissements, le commerce équitable, la lutte pour les droits fondamentaux, le rôle des femmes, le contrôle puis la réduction drastique de la vente d'armes.

Au-delà de l'aide humanitaire, une véritable politique de coopération au développement s'impose de toute urgence, notamment à travers un plan d'investissement européen avec un partenariat public-privé tel que décidé par les Nations Unies dans les « Objectifs de développement durable ».

L'action européenne envers l'ensemble du continent africain doit s'inscrire dans ce cadre qui doit être placé comme une priorité dans le déroulement des sommets du G7 et du G20 sous présidence italienne et allemande en 2017.

V. L'Union européenne a apporté une contribution majeure d'abord aux décisions prises dans le cadre des Nations Unies avec l'élaboration des Objectifs du Millénaire puis à l'approbation des Objectifs de Développement Durable avec l'Agenda 2030.

L'Union européenne doit contribuer à la réalisation de ces objectifs dans les années à venir, comme il ressort également de la "Conférence sur les objectifs des Nations unies pour le développement durable et la finance responsable" qui s'est tenue aujourd'hui à Rome à l'initiative du Mouvement européen, de du Centre d'études sur le fédéralisme et du Partenaire européen pour l'environnement.

Les participants à la Conférence se sont notamment accordés sur la nécessité et l'urgence d'accélérer la transition vers une économie équitable, inclusive, socialement et écologiquement durable et sobre en carbone, et vers des systèmes énergétiques de moins en moins dépendants des combustibles fossiles et de plus en plus efficaces, deux conditions essentielles pour ne laisser personne de côté et pour atteindre les objectifs de développement durable à l'horizon 2030.

TOI. Au sujet de l'immigration, le Movimento Europeo demande :

– l'ouverture de voies d'accès légales aux immigrés fuyant les guerres, la faim et les catastrophes environnementales, la protection des mineurs non accompagnés et la facilitation du regroupement familial, l'accélération des procédures d'octroi des visas humanitaires et des autorisations de protection temporaire, le renforcement des dispositifs financiers et humains les ressources des quatre Fonds européens (pour les frontières extérieures, pour l'intégration des ressortissants de pays tiers, pour les réfugiés et pour les retours),
– le rétablissement de la pleine et libre circulation des personnes au sein de l'Union européenne avec la suppression immédiate des mesures policières mises en œuvre dans les zones frontalières entre les pays membres comme cela se passe en ces heures au col du Brenner et une intervention humanitaire urgente où la dignité humaine droits ont été brutalement annulés comme c'est le cas à Idomeni,
– la révision de l'accord avec la Turquie à la lumière des multiples allégations d'illégalité et des violations graves et persistantes des droits fondamentaux dans ce pays, qui s'accompagne d'un contrôle constant du respect du droit européen notamment en ce qui concerne la dignité humaine et l'interdiction de rejets collectifs,
– la création de l'Agence européenne de l'asile, l'application de programmes de réinstallation obligatoires pour les États membres, les politiques d'inclusion concernant les zones intérieures en dépeuplement, y compris par le biais de conventions et de mesures d'accompagnement à destination des collectivités locales qui ont lancé de bonnes pratiques d'accueil, la révision du Dublin -3 Règlement fondé sur une politique d'asile européenne cohérente,
– la mise en œuvre des propositions de la Commission européenne concernant le renforcement des contrôles dans les zones frontalières hors Union européenne,
– le droit du sol comme règle commune dans l'Union européenne, le passage de la coopération au développement et de la politique d'aide alimentaire de compétences partagées à exclusives, l'extension de la procédure législative ordinaire et donc du pouvoir de décision du PE au adopter des mesures d'urgence en cas d'afflux soudain d'immigrants,
– un "screening" européen des immigrés pour simplifier les procédures d'accueil et contribuer à leur meilleure et plus rapide inclusion dans un programme d'intégration multiculturelle visant à faciliter le développement d'une identité européenne commune,
– la préparation et la supervision conjointe UE-ONU des voies d'accès légales pour ceux qui fuient les guerres et les catastrophes climatiques et économiques, l'engagement de respecter les principes de la Déclaration universelle des droits de l'homme et des conventions qu'ils ont consacrées au fil du temps aux droits collectifs,
– le respect des valeurs et des principes de l'Union européenne par les communautés d'immigrés arrivés ou qui vivent déjà en Europe ainsi que l'engagement des communautés islamiques présentes dans la zone (et en particulier les Imams) pour répandre la principes de respect et de tolérance mutuelle.

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Pour donner une voix chorale à nos priorités et lancer concrètement l'action populaire, nous avons décidé de nous réunir à Ventotene les 21 et 22 mai 2016, invitant tous les membres du Mouvement européen à participer activement à la mise en œuvre de cette décision.

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