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La flexibilité pour les migrants pénalise l'Italie

Considérer uniquement l'augmentation des dépenses publiques en 2016 ne tient pas compte du bond qui s'est produit précédemment pour le budget de l'Italie qui, depuis le début des années 2000, est, avec l'Espagne, celui des pays européens qui a vu la part des résidents étrangers (de 2,4 % à 8,2 % en 2013)

La flexibilité pour les migrants pénalise l'Italie

Afin de faciliter l'accueil des migrants par les pays européens, la Commission européenne a envisagé, dans le cadre de la flexibilité budgétaire, d'accepter un écart par rapport à l'objectif de déficit public à hauteur des dépenses engagées pour l'accueil lui-même. Dans le cadre de l'évaluation du projet de loi de stabilité de 2016 (Stability Bill), la Commission a précisé que les dépenses totales pour les migrants pris en charge par l'Italie ne seront pas exclues des contraintes du pacte de stabilité et de croissance, mais seulement l'augmentation des dépenses par rapport au année précédente. C'est un bilan pénalisant pour l'Italie qui prévoit pour 2016 les mêmes dépenses qu'en 2015 (environ 3,2 milliards), mais égales à 2,5 fois la moyenne engagée sur le triennat 2011-2013. La Commission a seulement exclu des contraintes du pacte la contribution que les pays européens paieront à la Turquie pour les migrants en provenance de Syrie.

Le traitement des dépenses pour les migrants apparaît en contradiction évidente avec la dynamique des flux migratoires ces dernières années, lorsque l'Italie et l'Espagne ont enregistré les plus fortes augmentations de l'incidence du stock d'immigrés (étrangers résidents) sur la population totale. A partir de la fin des années 90, lorsque l'accélération de l'afflux d'immigrés a été enregistrée, cette incidence a plus que triplé : de 2,4 % en 2000 à 8,2 % en 2013 (pour un total de 4,9 millions d'immigrés, qui est passé à plus de 5 millions en 2015). Selon les projections de l'ISTAT, il atteindra 11,4 % en 2020 ; dans certaines provinces, il approche déjà les 20% (Milan, Brescia et Piacenza se situent entre 18% et 19%). L'incidence en 2013 est immédiatement inférieure à celle observée en Espagne (10,7 %) et en Allemagne (9,5 %), mais dans ce dernier pays la part était restée quasiment stable dans le temps (8,9 % en 2000) . 

Dans un avenir proche, l'Allemagne également, qui accueille un grand nombre de migrants, verra cette incidence augmenter considérablement, comme cela se produira dans d'autres pays de l'UE, en raison de la détérioration de la situation politique au Moyen-Orient et, surtout, de la pression démographique croissante dans toute l'Afrique (où la population devrait doubler dans les 40 prochaines années). Par ailleurs, la Commission européenne, dans l'évaluation du projet de loi de stabilité, a précisé que les dépenses pour les réfugiés ne peuvent être considérées comme ponctuelles et ne peuvent donc pas être exclues du calcul des soldes budgétaires structurels, contrairement à ce qui était supposé dans l'actualisation du DEF par le gouvernement italien. Ceci conduit à une dégradation du solde lui-même et nécessite donc une correction budgétaire plus importante. Ces dépenses ne seront prises en compte que dans la limite de l'augmentation par rapport à l'année précédente et uniquement dans l'évaluation ex post de la trajectoire d'ajustement vers l'objectif à moyen terme, sur la base des données transmises par les autorités italiennes.

C'est une manière d'aborder la question qui n'apparaît ni organique ni clairvoyante ni conforme à la tendance des flux migratoires. Au contraire, il pourrait représenter un terrain utile pour expérimenter un embryon de politique budgétaire européenne.

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