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La Barcelone de Picasso et Gaudì à Ferrare en 2015

La rose de feu, ou plutôt La Rosa de Foc, pour le dire en catalan, car les anarchistes indiquaient le nom de code de Barcelone au début du XXe siècle - un nom qui évoque, en même temps, le ferment qui enflamma la politique , patrimoine social et culturel de la capitale catalane, mais aussi les violents attentats à la bombe qui ont eu lieu dans la ville.

La Barcelone de Picasso et Gaudì à Ferrare en 2015

Barcelone a changé de visage en 1888 avec la grande Exposition Universelle, qui a introduit des idées perturbatrices de modernité dans une capitale encore décentralisée du cœur avancé de l'Europe. De nouveaux modes de vie, de nouveaux bien-être et de nouvelles visions créatives ont accompagné l'expansion industrielle et économique de la région.

Dans ces années-là, à Barcelone, la journée se poursuivait dans la nuit et les cafés et lieux de rencontre le long de celle-ci les Ramblas et Quartier Gothique ils palpitaient de monde et de réunions. Poètes, intellectuels, peintres s'appuyaient sur Les quatre chats et d'ici ils pullulaient partout, atterrissant souvent à Paris.

Cependant, l'essor culturel et économique de la capitale catalane s'accompagne de tensions sociales marquées qui, en juillet 1909, lors de ce qu'on appelle la semaine tragique, se traduisent par une série de protestations violentes et une répression sanglante qui décrète la fin de cette saison irremplaçable.

Ces années fructueuses et agitées et la forge colorée et sanglante de talents qui les ont animées rendent compte de La rosa di fuoco, la grande exposition avec laquelle le Palazzo dei Diamanti ouvre la saison d'expositions 2015-2016, signée par le directeur de l'institution de Ferrara, Maria Luisa Pacelli.

La rose de feu, ou l'art et les arts à Barcelone entre 1888 et 1909, reflète parfaitement la figure culturelle des Diamants : des expositions soigneusement sélectionnées, approfondies, particulières, jamais banales. Des expositions qui présentent des artistes extraordinaires mais peu connus en Italie (parmi de nombreux Reynolds, Chardin, Zurbarán...) ou des tournants fondamentaux de l'histoire de l'art sous de nouvelles perspectives.

Dans cette exposition également, en effet, les grands protagonistes de l'histoire de l'art sont présentés sous des angles moins évidents : c'est le cas du très jeune Picasso qui, bien que dans ses premières tentatives, conquiert en quelques années le catalan et Scène artistique parisienne, avec le trait mordant de son talent précoce. Aux côtés de grands noms, des artistes méconnus du plus grand nombre sont proposés, mais également de très haut niveau. Réfléchissons à Ramón Casas, Santiago Rusiñol o Isidré Nonell qui, contrairement Picasso, ils sont retournés dans leur pays natal au lieu de devenir des vedettes de la scène parisienne.

C'est une exposition de couleurs fortes et d'émotions fortes. Ce n'est pas un hasard si l'on passe du kaléidoscope des palettes de la fin du XIXe siècle aux couleurs acidulées et vives des effigies de la nuit moderne, jusqu'au bleu dominant de la dernière salle de l'exposition. Parce que Picasso, et avec lui d'autres âmes inquiètes, a choisi cette couleur pour exprimer la douleur et la solitude que le progrès a laissées derrière lui dans sa marche triomphale.

C'est une exposition qui propose de la belle peinture mais qui, avec grâce, invite le visiteur à s'attarder aussi sur les autres arts. L'architecture de Gaudí, bien sûr, mais aussi le graphisme, le mobilier, la joaillerie, la céramique et la sculpture. Ce sont des domaines d'étude limités, au regard de la richesse des tableaux proposés, qui offrent au visiteur de précieuses clés pour comprendre comment tous les arts ont été traversés par le même feu de renouveau, aucun n'en est exclu.

Ferrara, Palazzo dei Diamanti du 19 avril au 19 juillet 2015.

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