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En Bourse, détendez-vous un peu et privilégiez l'Allemagne

De "ROUGE ET NOIR" d'ALESSANDRO FUGNOLI, stratège de Kairos, une petite correction du marché est dans l'ordre des choses - Voici comment s'équiper

En Bourse, détendez-vous un peu et privilégiez l'Allemagne

Eh bien, maintenant nous savons à peu près tout ce que nous voulions savoir. On sait comment la BCE va se comporter dans les 18-20 prochains mois (30 milliards par mois de Qe jusqu'en septembre, puis presque certainement 10-15 pendant encore trois mois et enfin la première hausse des taux mi-2019). Nous savons que l'euro, grâce à la persistance d'une position expansive de la part de la BCE, il restera calme non loin des valeurs actuelles pour les prochains mois, au grand soulagement des bourses européennes et notamment allemandes.

On sait qui ce sera le nouveau gouverneur de la Fed (Colombe Powell). On sait que le stock de la base monétaire américaine baissera très doucement et restera en tout cas au-dessus des trois billions à la fin du resserrement quantitatif en 2021. On connaît aussi non seulement les contours, mais aussi de nombreux détails de cette réforme fiscale américaine. que les marchés réclament depuis un an dans l'espoir de voir les bénéfices de 2018 augmenter de 8 à 10 $ par action SP 500.

On sait qu'en échange du taux pour les entreprises abaissé à 20 (et non à 25-26 comme on avait commencé à le penser) il y aura une baisse de certaines retenues et prélèvements pour équilibrer les comptes et seulement une assiette de lentilles pour le peuple physique, mais cependant, il y aura un système fiscal un peu plus rationnel et 1.5 billion de moins d'impôts au cours des 10 prochaines années. Nous savons que le Sénat va aggraver et diluer la proposition de la chambre, mais la structure générale restera debout. Surtout, nous savons que la réforme fiscale aura réellement lieu, à ce stade avec une probabilité de 85 à 90 %, contre 40 à 50 % il y a un mois à peine.

Comme si cela ne suffisait pas, à côté de ces quasi-certitudes, nous nous sommes fait l'idée (ceci à vérifier) ​​que nous aurons une croissance sans inflation sur tout l'horizon prévisible, que la courbe de Phillips est un bien antique uniquement pour l'académie, que l'inflation salariale, grâce aux robots et à l'intelligence artificielle, ne se reproduira plus jamais et que le risque, si l'on veut l'appeler ainsi, est d'avoir encore plus de croissance et encore moins d'inflation qu'on ne l'imagine aujourd'hui.

Non seulement, donc, nous savons tout ce que nous voulions savoir. Nous avons également tout ce que nous voulions réaliser et nous avons formé la conviction intime que, s'il y a des surprises, elles seront positives. Et n'oublions pas qu'en plus de l'arrivée des certitudes et des attentes
positif, nous avons également constaté la réduction drastique, justifiée ou non, des préoccupations géopolitiques en Asie et politiques en Europe et en Amérique.

À ce stade, à quoi peut-on encore rêver ? Quelles autres surprises positives pourrions-nous imaginer ? Manne du ciel ? Ce serait déflationniste, car cela exacerberait l'offre excédentaire. L'argent du ciel ? Ils risqueraient d'être inflationnistes. Le mieux que nous puissions espérer est que l'avenir soit tel que nous l'imaginons. Sinon, nous serons déçus. Si tel est le cas, il faudra encore rétrograder et passer de l'euphorie d'un moment magique au bien-être d'une croissance ordonnée et durable.

Dans le premier cas, la déception, on aura un renversement de tendance en bourse, pas forcément dramatique mais clair et perceptible. Dans le second cas, nous pourrions plutôt avoir une correction due à des prises de bénéfices, en particulier en janvier, lorsque les vendeurs potentiels d'aujourd'hui, bloqué en attendant la baisse des taux sur les plus-values, pourront enfin profiter du nouveau régime fiscal. Quelque chose de plus, donc, qu'une vente normale de l'actualité.

A l'issue de la correction, qui affectera évidemment les actions et les secteurs qui ont le plus progressé ces deux dernières années, les bourses pourront reprendre leur croissance en ligne avec les bénéfices sans tirer davantage profit des rêves et fantasmes. Aujourd'hui n'est peut-être pas le meilleur des mondes possibles pour ceux qui investissent, mais il s'en rapproche. Les banques centrales entendent maintenir les taux réels à zéro en Amérique et négatifs en Europe. Une fois de plus, les obligataires obtiennent un report du marché baissier si souvent menacé.

La Fed sera dirigée par un homme équilibré et raisonnable. L'Europe a quatre ans de retard sur le cycle américain et a donc la possibilité d'amortir assez bien une éventuelle récession aux Etats-Unis. Il est juste de célébrer ce cadre sous-jacent robuste, mais il ne faut pas oublier que l'histoire ne s'arrête pas là. Rien n'empêche les républicains de perdre leur majorité au Congrès dans 12 mois. Rien n'empêche qu'en ce début 2019 déjà, une Amérique agitée se profile à l'horizon, prête à changer à nouveau et à choisir Sanders ou Warren comme futur président.

Rien n'empêche les grands monopoles technologiques d'être attaqués en matière de fiscalité et de législation antitrust. Rien n'empêche la Chine de trébucher à nouveau, comme cela s'est produit il y a deux ans. Après neuf années de cycle expansionniste et deux ans de sous-cycle positif récompensés par un
appréciation spectaculaire des actifs financiers et réels, nous ne voyons rien de mal à ramener quelque chose à la maison et à faire une pause
quelques semaines, peut-être prêt à revenir plus tard.

Pourrait-il en être autrement pour l'Europe ? La réforme fiscale américaine, en théorie, est négative pour les entreprises européennes qui voient leurs concurrents étrangers soudainement plus rentables et compétitifs, mais les marchés ne le pensent pas. L'arrêt de la hausse de l'euro est un facteur de soulagement qui compense pleinement la modeste perte de compétitivité e rien n'empêche l'Europe de baisser aussi les tarifs pour les entreprises dans les prochaines années. Pour les bourses européennes, nous proposons donc un assouplissement modeste, accompagné d'une rotation partielle et temporaire de l'Italie vers l'Allemagne.

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