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Ilva, c'est pourquoi la conversion est irréaliste. L'exemple à suivre ? Cardiff

La bonification entièrement à la charge de l'État visant à la reconversion de la zone, hypothèse apparue dans Il Sole 24 Ore, est totalement irréaliste - La bonification et le projet de réutilisation de la zone doivent plutôt aller de pair et être menés par un matière unique, où ils contribuent à la fois au public et au privé, comme au Pays de Galles.

Ilva, c'est pourquoi la conversion est irréaliste. L'exemple à suivre ? Cardiff

Mercredi 24 décembre dans Il Sole 6 ore, Gian Maria Gros Pietro et Carlo De Benedetti ont abordé le problème d'Ilva à Tarente sous deux angles opposés : celui de la réhabilitation visant la continuité de l'activité sidérurgique (Gros Pietro) et celui de bonification (entièrement payée par l'Etat) visant à la reconversion du quartier (De Benedetti). Alors que la première hypothèse apparaît réaliste, même si difficile à mettre en œuvre, la seconde est au contraire complètement irréaliste. Une fois l'activité de production arrêtée, que les juges considèrent comme la cause de la pollution et donc la source du crime, la seule chose qui incombe à l'entreprise est de mettre en sécurité les usines et la zone et d'en assurer la surveillance. La réhabilitation proprement dite, c'est-à-dire celle préparatoire à une éventuelle réutilisation du site, peut être reportée indéfiniment. A moins que ce ne soit l'Etat, comme le suggère De Benedetti, qui s'en charge en prenant en charge les frais dans l'espoir (douteux) de pouvoir revendiquer la propriété demain, ou un groupe privé qui le fait en croyant que le développement futur de la zone peut couvrir les frais de nettoyage. Deux hypothèses très lointaines et très irréalistes.

Le seul effet certain de l'arrêt de la production, demandé par le pouvoir judiciaire et souhaité par les Verts et, maintenant, également par De Benedetti, serait la mise à la ferraille de la zone et son vandalisme ultérieur et inévitable. Une énorme catastrophe économique, sociale et environnementale qui ne pourra être évitée que si la voie indiquée par le décret-loi est suivie : c'est-à-dire la voie de la collaboration entre l'entreprise, les institutions (dont la Magistrature) et les organisations syndicales à trois ans le plan d'environnementalisation du cycle sidérurgique dans le cadre de la continuité de la production. C'est une route étroite, voire très étroite, mais pas impossible à parcourir. On peut le faire.

Pourquoi, alors, De Benedetti s'y oppose-t-il ? Pas par réalisme (c'est inutile d'essayer, mieux vaut laisser tomber) mais, j'en ai peur, par préjugé anti-industriel. De Benedetti conteste non seulement la gestion d'Ilva par les Rivas, dont il ne reconnaît pas les mérites et qu'au contraire il méprise manifestement, mais il conteste l'idée même d'avoir créé un grand centre sidérurgique à cycle intégré. à Tarente. C'était une erreur de l'IRI et de l'État, un point c'est tout. Que Tarente ait marqué un tournant dans l'histoire de la sidérurgie et qu'elle ait été l'un des leviers du miracle économique italien semble ne compter pour rien. Ce sont des choses du passé, tout comme Olivetti et, bientôt, Fiat appartiennent aussi au passé. Archéologie industrielle, l'avenir est ailleurs, il est dans l'impalpable.

Avec tout le respect que je lui dois, force est de constater que De Benedetti a tort : l'industrie manufacturière, mais aussi la sidérurgie, est non seulement et reste fondamentale pour le développement, mais elle a aussi un grand avenir devant elle, à condition évidemment qu'elle sache se renouveler. Dans son récent "La nouvelle révolution industrielle", Peter Marsh désigne Arvedi (le sidérurgiste crémonais) comme un exemple d'innovation dans le cycle du fer et de l'acier d'une importance extraordinaire au niveau mondial et il dit la même chose de Danieli, l'entreprise frioulane qui construit aciéries du monde entier. Même envers le groupe Riva, il a des mots d'appréciation.

Si Oscar Senigallia (le père de la sidérurgie publique) s'est trompé, ce n'est donc pas pour avoir construit l'usine de Tarente comme le dit De Benedetti mais, au contraire, pour avoir succombé aux pressions syndicales (d'abord la Fiom du Trentin) et politiques ( DC et PCI) pour le doubler. L'erreur, également de la justice, a été de ne pas avoir dénoncé les administrateurs locaux qui ont permis au district de Tamburi de s'étendre jusqu'aux abords de l'usine et qui sont peut-être aujourd'hui au premier rang pour se plaindre des conséquences plus que prévisibles. Ces erreurs doivent être corrigées et la voie pour y parvenir est celle de l'innovation technologique de l'ensemble du cycle de production qui est indiquée dans l'Autorisation Environnementale Intégrée qui fait désormais loi et que chacun, entreprise, administrateurs et magistrats, espérons-le, s'engagera à respecter.

De Benedetti a cependant dit quelque chose de juste dans son discours, à savoir que les zones industrielles abandonnées, dont l'Italie est dispersée, peuvent et doivent être utilisées comme leviers pour le développement des territoires. Cela est possible, à mon avis, à condition que l'expérience négative de Bagnoli soit précieuse. A Bagnoli, la phase de réhabilitation a été séparée de celle de la réutilisation et de la mise en valeur des espaces par crainte de spéculation. Il manquait un projet et un responsable unique de sa mise en œuvre et le résultat était que la remise en état a été faite mais la zone est toujours un tas de ferraille (comme cela arriverait inévitablement à Tarente). La réhabilitation et le projet de réutilisation du territoire doivent au contraire aller de pair et être pilotés par une seule entité, de même que les particuliers publics et privés doivent pouvoir contribuer au projet. Cela a été fait avec succès à Cardiff et s'ils ont réussi au Pays de Galles, il n'y a aucune raison pour que nous ne puissions pas le faire aussi.

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