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Helicopter Money : trois objections et un silence

Draghi a déclaré que le directoire de la BCE n'avait pas parlé d'helicopter money, c'est-à-dire de monétisation des déficits publics, mais n'a pas dit que c'était une idée absurde, comme le pensent les économistes de la Bundesbank - Les effets sur la demande finale et ses limites - La proposition Tabellini et trois raisons qui rendent difficile l'application de la théorie de l'argent depuis l'hélicoptère

Helicopter Money : trois objections et un silence

Mario Draghi a déclaré que le directoire de la BCE n'en avait pas parlé. Mais il n'a pas dit que l'idée de laArgent d'hélicoptère (HM), c'est-à-dire la monétisation des déficits publics, est complètement absurde, même si les économistes de la Bundesbank le considèrent comme tel. On peut donc en parler sans craindre de dérailler. Comme nous le savons, pour beaucoup le HM est l'arme nucléaire, celle qui est capable de vaincre les ennemis du moment : déflation et le risque associé d'un nouveau récession. Concrètement, comme l'a proposé Guido Tabellini dans le Sole 24Ore du 19 avril, la BCE transférerait la base monétaire sur les comptes des trésoreries nationales qui décideraient de la manière de dépenser l'argent.

Chaque État membre comptabiliserait donc une plus grande dette net qui aurait un caractère ponctuel et n'affecterait pas la dette publique car elle serait financée, en permanence, par la monnaie de banque centrale. Il est difficile de penser qu'une telle manœuvre n'aurait pas d'effets positifs sur la demande finale, car les politiques budgétaire et monétaire deviendraient plus expansives. Quels sont donc les motivi donc le directoire de la BCE n'en a pas parlé ? On peut faire quelques conjectures et lister d'éventuels défauts ou limitations du HM.

1) nous devrions changer les traités permettre à la BCE de financer directement les trésoreries nationales. A cette objection, soulevée par Tabellini lui-même, on pourrait répondre que, sans changer les Traités, la BCE peut toujours acheter des obligations publiques sur le marché secondaire comme elle le fait avec le QE. Il devrait cependant – et ce serait la vraie nouveauté par rapport au QE – s'engager à renouveler les titres arrivant à échéance, toujours sur le marché secondaire, et ce de manière permanente. De cette manière, il reproduirait, avec les instruments juridiques disponibles, le concept de "helicopter money", c'est-à-dire essentiellement "un cadeau" que la BCE ferait aux citoyens européens par l'intermédiaire des trésoreries nationales. Cependant, il est très peu probable que le conseil d'administration actuel de la banque centrale puisse engager tous les futurs conseils d'administration à être, comme le dit Krugman, « crédiblement irresponsables ». Ainsi, sans changer les Traités, le HM pourrait se faire, mais il aurait peu de crédibilité.

2) Une autre objection est que la monétisation des déficits importants est déjà tenté au Japon, avec de très mauvais résultats sur l'économie réelle.

3) Enfin, il y a l'objection que l'on peut attribuer aux gardiens de l'orthodoxie allemande. Une fois le mât découvert, qu'est-ce qui peut garantir que, comme le propose Tabellini, les hommes politiques ne l'utilisent que dans des conditions absolument exceptionnelles ? La tentation de ne serait pas irrésistible s'introduire dans le coffre-fort de la BCE pour résoudre les mille problèmes que nous avons dans nos pays riches ? Comment pourriez-vous faire valoir aux électeurs que cet argent ne peut pas être utilisé pour améliorer les soins de santé, éradiquer la pauvreté, augmenter les pensions, les salaires ou les allocations de chômage ? Et pourquoi les entreprises devraient-elles continuer à faire autant d'efforts pour innover et être compétitives sur les marchés internationaux ? Et pourquoi devrait-on continuer à payer des impôts ?

Il est difficile de nier que ces objections aient une certaine force.

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