Partagez

France, Le Figaro confirme : "Perdu le triple A". Les réactions de la presse transalpine

La nouvelle a été confirmée par des sources gouvernementales à Paris et a déclenché des réactions sur les sites internet des principaux journaux - Le Monde : "Maintenant attention à l'effet domino" - Les Echos : "Il faudra 10 à 18 ans pour retrouver le score maximum" – Libération : "Slam for Sarkozy" - Economistes : "Ne vous alarmez pas, regardez les USA"

France, Le Figaro confirme : "Perdu le triple A". Les réactions de la presse transalpine

Il rétrograder de la Notation française de triple A à AA+ par l'agence Standard & Poor's a immédiatement fait du bruit sur les sites internet des principaux journaux transalpins, même si la nouvelle avait déjà été largement estimée. Anticipé par le Financial Times, il était alors confirmé par Le Figaro, qui citait des sources gouvernementales à Paris.

Le Monde analyse les conséquences possibles sur l'économie. « Tout d'abord – explique le journal sur son site Internet – la France risque désormais d'être exclus des politiques d'investissement des grands fonds internationaux, qui sélectionnent rigoureusement les dettes les plus sûres, éventuellement classées triple A. C'est le cas, par exemple, des fonds gérés par les banques suisses, notoirement allergiques au risque ».

Outre les fonds, les banques centrales des pays hors zone euro seront également tentées d'alléger leurs investissements en obligations françaises. Le Monde l'explique toujours, qui souligne pourtant le vrai danger de perdre le triple A : « Ça va provoquer une effet domino envers tous les organismes publics dits "subsouverains" (sous-souverains), ou établissements publics territoriaux, sociétés détenues ou garanties par l'État, qui seront à leur tour déclassées ».

"Le triple A protège l'économie française : l'impact de sa perte ne doit pas être minimisé." Alors il a parlé l'économiste Christian Saint-Etienne peu de temps avant les nouvelles officielles. Le collègue lui fait écho Patrick Arthur, qui donne cependant une clé de lecture optimiste : « Les conséquences sont très difficiles à chiffrer, mais il est certain que toutes les entreprises liées à l'État vont beaucoup souffrir. L'ensemble du système sera affecté par la dégradation de la notation, même si les marchés ne réagissent pas forcément mal. Tout dépend si les marchés avaient vraiment déjà envisagé la décision de S&P ou non. On verra au cas par cas."

Décidément optimiste, toujours dans les colonnes du Monde, Nicolas Véron, du centre d'études Bruegel: « Pas de panique, la perte du triple A ne veut pas dire qu'il n'y aura plus d'autres triple A en France : on ne dit absolument pas qu'il y a des effets automatiques. Prenons l'exemple des États-Unis : en août, ils ont perdu l'AAA, mais les grandes entreprises l'ont quand même conservé ».

Aussi le PDG de Société Générale, Frédéric Oudéa, interviewé par challenges.fr , montre peu de tendance à l'alarmisme : « La baisse de la note française a déjà été métabolisée par les marchés, même si elle pourrait avoir des conséquences sur le secteur bancaire ».

Une analyse approfondie est également menée par Les Echos, la divisant en questions. Maintenant, le fonds de sauvetage sera-t-il également déclassé ? « En fait, le FESF a été créé en juin 2010 avec les garanties des pays de la zone euro, notamment des 6 triple A (France, Allemagne, Autriche, Finlande, Luxembourg, Hollande). Donc, si un ou deux de ces Etats sont coupés (comme c'est le cas aujourd'hui pour la France et aussi pour l'Autriche), il est logique que le fonds soit à son tour déclassé d'un ou deux points ». Qu'est-il arrivé aux États-Unis lorsqu'ils ont perdu l'AAA ? « Ce fut certes un choc pour la classe politique, notamment pour l'administration Obama, mais dans l'ensemble cela n'a pas eu d'effet dramatique sur les marchés. En effet, les taux d'intérêt américains n'ont pas augmenté et le dollar s'est même apprécié face à l'euro ». Combien de temps faut-il pour reconquérir un triple A ? « Selon le contexte, entre 10 et 18 ans : le Canada, l'Australie, le Danemark, la Finlande et la Suède ont mis environ ce temps-là pour réduire leur dette. Le plus rapide a été le pays nord-américain, qui l'a récupéré en seulement 10 ans". La zone euro va-t-elle perdre son attrait pour les investisseurs ? « A ce jour, malgré la crise, la zone euro continue d'attirer les investisseurs étrangers. Au total, les entrées nettes de capitaux se sont élevées à 335 milliards d'euros au cours de l'année écoulée. En tout cas, les fonds souverains étrangers n'ont pas attendu la notation S&P pour revoir à la baisse leurs perspectives d'investissement dans les pays de la zone euro ». Et les conséquences pour les épargnants ? « La France va probablement voir ses taux d'intérêt augmenter, ce qui pourrait entraîner des moins-values ​​pour les épargnants. D'une manière générale, un nouveau climat d'austérité pèsera inévitablement sur les bourses et le marché boursier ».

Enfin, Les Echos comme Libération insistent sur la Coup dur pour Nicolas Sarkozy, à cent jours de la présidentielle dans lequel il demandera aux Français de renouveler son mandat pour 7 ans supplémentaires. Les Echos rapportent même un prétendu aveu fait en privé par l'actuel président : "Si on perd le triple A, je suis mort" ; mais le même journal a également mis en garde l'opposition : "Le déclassement sera une épée à double tranchant pour la gauche, car les marges d'intervention vont se rétrécir". Libération est aussi coriace : « Smacco per Sarkozy ».

Passez en revue