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Dividendes bancaires : le Covid-19 a gelé 30 milliards de coupons

Après la recommandation arrivée de la BCE fin mars, les banques de la zone euro ont "retenu 27,5 milliards de bénéfices" - Si elles avaient payé, fait valoir la BCE, elles auraient affaibli leur capacité à soutenir l'économie réelle aux prises avec le crise provoquée par la pandémie

Dividendes bancaires : le Covid-19 a gelé 30 milliards de coupons

En raison de l'urgence du coronavirus Les banques européennes ont suspendu le versement de dividendes pour près de 30 milliards d'euros. Alors que les actionnaires continuent de se mordre la main pour avoir raté l'opportunité d'accéder à des coupons et à des rendements attractifs, la Banque centrale européenne quantifie le montant des coupons que les banques auraient dû verser à leurs actionnaires sur les bénéfices de l'année dernière. Fin février, tout indiquait que nous nous serions retrouvés face à une saison de dividendes très riche. En mars, cependant, l'explosion de l'urgence du coronavirus, d'abord en Italie puis dans toute l'Europe, a rebattu les cartes sur la table, poussant la BCE à recommander aux banques de suspendre le versement de leurs dividendes, de ne pas prendre d'engagements de paiement de coupons pour les années 2019 et 2020 au moins jusqu'en octobre et de suspendre les opérations de rachat. 

"Pour renforcer la capacité des banques à absorber les pertes et à soutenir l'octroi de crédits aux ménages, aux PME et aux entreprises pendant la pandémie de coronavirus - lit la BCE - les dividendes des exercices 2019 et 2020 ne devraient pas être mis en paiement avant le 1er octobre 2020 au moins», lit-on dans la note publiée par l'Eurotower le 27 mars. Une demande aussi forte qu'inédite qui laissait entrevoir quelles seraient les conséquences économiques de la crise sanitaire qui a frappé les pays de l'UE. 

Dans un article qui sera publié avec le prochain rapport semestriel sur la stabilité financière, la BCE fournit des chiffres et des pourcentages sur les dividendes suspendus par les banques. Au total, selon les calculs de Francfort, les prêteurs qui relèvent de la supervision directe de la BCE "ont retenu environ 27,5 milliards d'euros de bénéfices". 

Avant que la pandémie n'explose dans toute sa gravité, jeLe versement de dividendes de la banque sur les bénéfices de 2019 s'est élevé à environ 35,6 milliards d'euros. Fin mars, lorsque la BCE recommandait de tout suspendre, 6,2 milliards de coupons avaient déjà été payés, tandis qu'un peu moins de 2 milliards d'euros étaient en paiement après son avertissement.

Les dividendes non distribués, explique encore la BCE, représentent «environ 1,8 % des fonds propres et 35 % des bénéfices totaux » de ces banques. Désormais, les bénéfices retenus par les banques pourraient être utilisés pour couvrir "une augmentation d'environ 60 milliards d'euros" des prêts non performants, souligne encore l'Eurotower.

La BCE souligne également que si les banques de la zone euro n'avaient pas répondu positivement à sa recommandation, en versant et en augmentant les dividendes comme elles l'ont fait les années précédentes, elles auraient affaibli leur capacité à mettre de côté les bénéfices pour absorber les pertes et soutenir l'économie réelle.

L'étude note que la recommandation de la BCE a été suivie d'initiatives similaires par toutes les autorités nationales de la zone euro. Et le fait que ces indications soient venues des autorités a permis aux banques de bloquer les dividendes « sans subir l'effet négatif de la stigmatisation ce qui se produit lorsqu'ils le font de manière autonome - indique l'étude de la BCE -. Or, l'augmentation du coût du capital combinée à la perspective de ne pas recevoir de dividendes peut miner la capacité des banques à lever des capitaux privés », conclut l'Institut dirigé par Christine Lagarde.

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