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Croatie : la baisse des crédits aux entreprises se poursuit

L'analyse d'Intesa Sanpaolo indique que le scénario actuel de crise et de récession est aggravé par le poids moindre des prêts par rapport au PIB, tandis que le risque de change et les prêts improductifs insuffisamment couverts pèsent sur les ménages et les entreprises.

Croatie : la baisse des crédits aux entreprises se poursuit

Comme souligné dans le concentration de la Centre d'études Intesa Sanpaolo, la chute rapide des crédits se poursuit (-3,9% en 2012, -4% en février) par le système de crédit croate, en raison de la poursuite de la crise économique et financière. Le PIB réel a également chuté l'an dernier (-2 %), poursuivant une baisse qui se poursuit depuis 2009. Dans ce contexte, le poids des prêts et du PIB a diminué, le ratio des prêts au secteur privé au PIB passant de 75 % à 70 %, où les crédits aux entreprises sont particulièrement faibles, a chuté de 8,8 % en décembre, dont la baisse s'est poursuivie au cours des premiers mois de cette année (-8,6 % en février). Et, bien qu'en 2012 le degré global d'endettement des entreprises ait diminué, surtout en raison de la baisse de la dette extérieure, due à la réduction parallèle du PIB, le ratio dette des entreprises/PIB est resté à 78 %. Au cours des deux derniers mois, on observe une légère hausse du fonds de roulement (+2,5% en février par rapport à décembre) contre une nouvelle baisse des investissements (-0,2% sur la même période).

La répartition sectorielle de l'économie croate montre les parts entre les différents secteurs financés sont sensiblement stables dans le temps, avec une nette prédominance du secteur privé (69 % en décembre 2012, contre 73 % en 2010). Les banques ne couvrent qu'environ 6 %, une légère baisse par rapport à 2009 (7 %) ; d'autre part, le secteur public a obtenu un pourcentage de ressources plus élevé fin 2012 (25%) par rapport à 2010 (18%). Les crédits aux ménages, engagés à réduire leur niveau élevé d'endettement, enregistrent une légère hausse (0,7 %) en 2012, suivie d'une légère baisse en février par rapport à décembre (-0,2 %), où une large part (48,3 % du total) est représentée par les crédits immobiliers, en légère baisse en 2012 (-0,6 %) . De plus aussi les ménages restent fortement exposés au risque de change, du fait que 75% des crédits à ce secteur sont en devises ou indexés. Le risque de crédit vis-à-vis du secteur des ménages devrait augmenter en raison de l'augmentation du chômage et de la réduction des revenus, combinés à des taux d'intérêt élevés et à un risque de taux de change élevé.

Dans ce scénario, une faiblesse est représentée par les provisions et les pertes de crédit face à l'augmentation des prêts non performants en raison de conditions économiques défavorables ce qui a ramené le ratio créances en souffrance/prêts à 13,6% à fin 2012 dans le secteur privé, en raison également de la baisse des crédits. Chez les ménages, les créances douteuses enregistrées en septembre dernier s'élevaient à 9,4% des crédits, tandis que du côté des entreprises, les créances douteuses atteignaient 24,4% à fin septembre, surtout dans les secteurs de la construction et de l'industrie, alors que le degré de couverture est modeste, à peine plus de 40 %.

Malgré des performances économiques difficiles, les dépôts totaux montrent une résistance substantielle, se renforçant même ces derniers mois, avec des taux de croissance de 5 % en février (contre +3,5 % en décembre), grâce à une plus grande propension à épargner des ménages (avec des dépôts à +7,5% en décembre, +6,9% en février) en attendant une amélioration des conditions économiques notamment sur le marché du travail et le report des dépenses dans le futur. Par contre, les dépôts des entreprises ont poursuivi leur descente rapide depuis 2011, même si ces derniers mois la contraction a été plus modeste (-2,9 % en février, contre -11,1 % en décembre 2012). Dans un contexte de ralentissement économique et de crédit en baisse, le financement bancaire a bénéficié de la croissance des dépôts effectués par les fonds d'investissement monétaires, tirés par les faibles rendements des obligations d'État. Les engagements envers l'étranger, qui représentent environ 20 % du total, ont enregistré une baisse significative depuis mai 2012, avec des variations importantes ces derniers mois (-22 % en janvier comme en février). Celle-ci a été déterminée à la fois par l'augmentation du coût du financement sur les marchés internationaux et surtout par la plus grande propension des sociétés mères étrangères à financer l'activité avec des ressources nationales. Quant aux secteurs individuels, les expositions des principales banques internationales affichent toujours des taux de variation annuels négatifs vis-à-vis des banques (-6,1% en décembre contre -15% en juin dernier), ainsi que, mais dans une moindre mesure et en rattrapage, vers le secteur privé (-5,1% en décembre contre -19,7% en juin dernier). En revanche, on observe toujours des évolutions positives dans le secteur public (10,4 % en décembre), comme en septembre (+6 %), en reprise par rapport à juin (-6,4 %).

En 2012, le ralentissement des résultats économiques nets obtenus par les banques s'est poursuivi. Selon la Banque centrale de Croatie, le résultat net a baissé en décembre, portant respectivement le ROA et le ROE à 1 % (1,2 % en 2011) et 7,2 % (8,7 % en 2011). En particulier, la marge d'intérêt a baissé d'environ 9% suite à l'augmentation du coût de financement et dans le même temps il y a eu une détérioration de la qualité de crédit accompagnée d'une plus grande part d'actifs à faible rendement. Le seul poste d'actif ayant entraîné une augmentation des composantes positives du revenu est celui relatif aux obligations des collectivités locales. Une faiblesse est représentée par les provisions et les pertes de crédit face à l'augmentation des prêts non performants en raison des conditions économiques défavorables, qui ont porté le ratio prêts non performants/prêts à 13,6 % à fin 2012 dans le secteur privé, également en raison de la baisse des prêts.

En comparaison avec certains grands pays voisins, La Croatie présente un degré de capitalisation plus élevé, soutenu par une bonne rentabilité, mais soumis à des risques plus élevés, surtout des risques de change et de crédit en raison de la couverture modeste des prêts non performants, où les risques d'instabilité financière subsistent principalement en raison d'événements extérieurs, tant macroéconomiques que financiers. La faible couverture des créances douteuses pourrait alors affecter le degré de capitalisation en cas de nouvelle dégradation de la qualité du portefeuille. La forte exposition des emprunteurs au risque de change et de taux d'intérêt reste une faiblesse pour les banques, tandis que la forte dépendance des banques étrangères vis-à-vis de leurs maisons mères européennes les expose au risque de contagion.

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