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Cinéma : Ted Bundy, le mal dans son apparente normalité

Le film du nouveau venu Joe Berlinger met en vedette Zac Efron et est basé sur l'histoire vraie d'un tueur en série des années 70 - TRAILER.

Cinéma : Ted Bundy, le mal dans son apparente normalité

Jugement de l'auteur : 3/5

Le mal à l'état pur, l'horreur dans son apparente "normalité", le diable sous forme humaine comme on l'a souvent vu et le voit tous les jours, c'est l'histoire vraie d'un tueur en série accusé de plus de 30 meurtres qui est dit dans le film de cette semaine: Ted Bundy - Charme criminel réalisé par le nouveau venu Joe Berliner. C'est un genre d'histoire courte, la soi-disant crimes réels et histoires juridiques qui mène directement, avant même l'histoire du film, à la nature humaine, dans ces aspects profonds, obscurs, au point d'être difficile à comprendre autrement qu'avec les outils de la criminologie médico-légale, de la psychanalyse, de la psychiatrie. L'histoire, ainsi que l'actualité quotidienne, nous rappellent sans cesse combien les individus peuvent être capables d'exercer la méchanceté physique et psychologique au-delà de toute imagination possible. En fait, on dit souvent que la réalité est capable de surpasser la fantaisie. 

Ted Bundy était l'un des tueurs en série les plus notoires des États-Unis entre 1974 et 1978. Pendant cette période, plus de 30 jeunes femmes ont été retrouvées horriblement assassinées et mutilées. Bundy avait 27 ans et derrière une histoire familiale complexe, difficile, et les soupçons se portent sur lui suite à un appel téléphonique anonyme à la police qui, on le saura plus tard, a été passé par sa fiancée qui avait commencé à le soupçonner. Le personnage a une apparence plaisante, il fréquente l'université où il leurre ses victimes, il étudie le droit et au tribunal il se défendra en clamant son innocence. Son affaire sera parmi les premières de l'histoire de la télévision à acquérir une importante médiatisation et les audiences de son procès seront retransmises en direct.

Ce thème aurait pu avoir plus de chance dans le film : pourquoi le téléspectateur est-il si attiré par les histoires de méchanceté, de crimes odieux, de violences inouïes ? Au contraire on en parle, on sent le point de départ problématique, mais tout reste au fond de la structure narrative visant à "comprendre" le personnage et ceux qui croient en lui. En fait, le film s'attarde longtemps d'abord, en partie, sur sa petite amie officielle, puis substantiellement sur un vieil ami à lui avec qui il aura ensuite un fils conçu derrière les barreaux et, enfin, sur ses "fans" qui suivront son procès en clamant son innocence. 

Le film est complexe, il met en circulation des réflexions, des doutes et des peurs qui ne sont jamais complètement résolues. De plus, l'origine, la nature du mal absolu qui accompagne l'histoire de l'humanité n'a jamais été pleinement comprise et on ne peut certainement pas demander à un réalisateur, un scénariste, un acteur de résoudre des questions de cette ampleur. Qu'est-ce qui pousse un être humain à commettre de telles atrocités (il suffit de rappeler une fois pour toutes le nazisme et l'extermination massive des juifs) ? Que contient son esprit, quelles sombres pensées remuent alors qu'il lève la main prêt à frapper et à tuer un autre être humain ? La psychiatrie pourrait simplifier en réduisant tout à un état d'esprit altéré et en diagnostiquant une schizophrénie aiguë et violente.

Peut-être que ce n'est pas assez. Mais, en fait, on ne peut pas demander mieux au cinéma. Il suffit d'apprécier l'intention de se rappeler que le malin, le diable, n'est pas loin de nous. Parfois, c'est au coin de la rue, chez le voisin sans méfiance, chez "la bonne personne qui ne ferait jamais de mal à une mouche". Ted Bundy a été exécuté à la chaise électrique en janvier 1989. Comme lui, de nombreux autres tueurs en série ont « opéré » aux États-Unis : le plus célèbre, toujours en prison, a avoué plus de 70 meurtres. Même que, dans la littérature de genre, ce type de personnes soit des citoyens américains reste à comprendre. En Europe cependant, comme nous l'avons écrit, nous avions le champion absolu dans ce sens, Adolf Hitler.  

Ted Bundy est cependant un film intéressant et le jeune réalisateur a montré qu'il connaît le métier. Les acteurs, Zac Efron et Lily Collins ainsi que le solide John Malkovich tiennent très bien le rôle. Ça vaut le billet.

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