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Assosim sur les impôts et les revenus financiers : combien de distorsions sur les obligations d'Etat, la taxe Tobin et les prélèvements

L'AVIS DE MICHELE CALZOLARI, présidente d'Assosim - Le décret gouvernemental sur les revenus financiers punit les épargnants et l'industrie financière : il est absurde d'exclure les obligations d'État de la hausse du taux d'imposition sans annuler la taxe Tobin et les trop lourdes taxes qui pénalisent les investissements privés sans donner un revenu significatif à l'Etat.

Assosim sur les impôts et les revenus financiers : combien de distorsions sur les obligations d'Etat, la taxe Tobin et les prélèvements

La récente augmentation du taux d'imposition des rentes financières n'est en soi ni bonne ni mauvaise. Ce qui est inquiétant, cependant, c'est la méthode adoptée. Une fois de plus, en effet, il a été décidé de frapper les investisseurs dans le but de lever des liquidités plutôt que d'essayer d'inscrire la hausse des taux dans le cadre d'une révision plus générale et d'une simplification des charges et taxes qui pèsent sur les épargnants et les intermédiaires.

L'augmentation du taux a été décidée sur la base d'hypothèses apparemment acceptables mais, en réalité, au moins partiellement erronées. Premièrement, un choix explicite a été fait de transférer les ressources des épargnants et de la finance (les méchants) vers les entreprises et l'économie réelle (les gentils). Vous devez en fait être prudent lorsque vous faites ces simplifications. Les marchés financiers jouent un rôle essentiel dans le financement des entreprises et, dans notre pays, il y a eu trop peu, certainement pas trop de financements. Si les entreprises, même les plus petites, avaient été historiquement incitées à recourir au marché des capitaux au lieu de compter uniquement sur le crédit bancaire, peut-être qu'aujourd'hui le problème du « credit crunch » aurait été moins grave.

Deuxièmement, a-t-on dit, nos taux d'imposition ont jusqu'à présent été trop bas par rapport à ceux en vigueur dans d'autres pays européens. En effet, le prélèvement en Allemagne, en France et en Espagne semblait être plus élevé, en vérité moins sur les intérêts que sur les « plus-values ​​». Cependant, le résultat de la comparaison est inversé si l'on tient compte des autres impôts qui pèsent sur l'épargne dans notre pays pour diverses raisons. Prenons, par exemple, le droit de timbre sur les dépôts de titres ou la taxe sur les transactions financières – la taxe dite Tobin – qui, n'ayant été introduite qu'en France et en Italie, a également des effets de distorsion importants. En effet, par rapport à un chiffre d'affaires global très modeste, du fait du transfert d'activités vers d'autres places financières, il y a eu une baisse des échanges sur nos marchés égale à environ un mois de travail en bourse ! C'est pourquoi la révision des taux aurait dû s'accompagner d'une évaluation globale des différentes taxes et peut-être de la suppression de ces prélèvements, comme la taxe Tobin, qui sont inutiles en termes de recettes et nuisibles à notre place financière.

Enfin, un autre aspect du décret qui suscite des doutes est la décision d'exclure les obligations d'État. La raison invoquée est qu'ils sont principalement détenus par des personnes morales pour lesquelles la modification du taux n'aurait eu aucun effet puisque les produits d'intérêts sont inclus dans le résultat global de la société. Mais là aussi, hormis les effets sur les recettes, les distorsions potentielles induites par cette décision n'ont pas été prises en compte. On ne voit pas, par exemple, pourquoi ceux qui financent d'autres pays en achetant des Bunds ou des OAT devraient être encouragés et ceux qui financent nos entreprises ou nos banques en achetant des obligations ou des dépôts devraient être pénalisés... Entre autres, le gouvernement et l'industrie La finance essaie avec difficulté de lancer ce qu'on appelle le marché des mini-obligations précisément pour aider à atténuer le problème de crédit des petites entreprises. Eh bien, depuis qu'on en parle, la taxe sur ces instruments est passée de 12,5 % à 20 % et va désormais monter à 26 % tandis que celle sur les obligations d'État est restée inchangée à 12,5 %. Certainement pas un grand encouragement pour le nouveau projet !

En conclusion, le sentiment est qu'à cause de la précipitation, l'occasion a été perdue de donner un vrai signe de discontinuité par rapport aux choix du passé, impromptus et visant uniquement à lever des fonds. Comme l'a dit Einaudi, « les impôts doivent être peu nombreux, simples, sans surtaxes et sans tricherie » : l'espoir est que dans les mois à venir, les décisions récentes seront incluses dans un processus plus large de révision et de simplification des impôts sur l'épargne et sur les marchés de capital qui vise également à rendre la fiscalité moins pénalisante pour notre industrie financière que ses concurrents européens.

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