Nous avons demandé à Vitus Graupner, directeur général de Hampel Auctions à Monaco, de mieux nous expliquer pourquoi sa maison de vente aux enchères a choisi d'investir fortement en Italie, étant donné que la conjoncture économique et sociale de notre pays présente encore de nombreuses difficultés et que les entreprises italiennes elles-mêmes préfèrent de plus en plus franchir les frontières nationales.
Monsieur Graupner, quelle est la raison qui vous pousse à investir en Italie ?
Vitus Graupner: L'Italie est un pays merveilleux et je suis convaincu qu'il saura bientôt sortir de la crise et se réaligner sur les pays européens pour reprendre la route vers un avenir social et économique meilleur. D'un point de vue artistique, nous sommes bien conscients du grand patrimoine qu'elle possède et même si collectionner apparaît un peu en demi-teinte, il n'est pas dit que l'art italien soit sous-estimé, bien au contraire ! Pour nous, l'art italien est très important, auquel nous accordons une grande valeur et surtout nous pensons qu'il peut être un excellent investissement dans le temps. La beauté de l'Italie ne déçoit jamais.
Comment êtes-vous présent en Italie ?
Vitus Graupner: Nous pensons qu'il n'est pas indispensable d'avoir un bureau en Italie, nous sommes bien conscients que ces dernières années le mode de fonctionnement a radicalement changé. Aujourd'hui le client qui veut vendre ou acheter préfère que le spécialiste aille lui rendre visite afin d'établir une relation beaucoup plus personnelle. C'est pourquoi nous renforçons nos effectifs, avec divers spécialistes, au moins pour les grands domaines : art ancien, maîtres anciens, art moderne et contemporain, intérieurs, mais aussi bijoux et montres. Notre objectif est d'offrir au client un maximum de compétence et d'assistance, en particulier dans les phases d'organisation qui peuvent prendre trop de temps personnel au client. Nous devons penser qu'à l'avenir, les gens auront de moins en moins de temps disponible pour les "procédures bureaucratiques" et qu'en même temps une plus grande confidentialité sera nécessaire, c'est pourquoi nous pensons qu'il est important d'établir une relation exclusive avec le client qui, au garantit en même temps une continuité basée sur la confiance. Le personnel italien est composé de personnalités qui non seulement connaissent l'art mais qui ont déjà travaillé dans des maisons de vente aux enchères, car notre secteur est très particulier et nécessite une connaissance précise et approfondie du marché de l'art et de tous les acteurs qui le composent : galeries, marchands d'art, consultants en art, critiques, conservateurs, directeurs de musées, fondations, institutions, foires, etc.
Un client, un collectionneur, peut-il encore contacter le bureau de Munich pour obtenir des informations, des conseils, acheter ou vendre une œuvre d'art ?
Vitus Graupner: Bien sûr que oui. Selon votre besoin, vous trouverez toutes les réponses qui cherche. Ensuite, si vous le souhaitez, vous pourrez être suivi directement par notre interlocuteur italien qui sera toujours à votre disposition.
De par son histoire, Hampel s'affirme très compétitif dans les secteurs de l'art ancien ou classique Quels sont vos clients réguliers ?
Vitus Hampel: Nous couvrons toute la zone de l'Europe du Nord, mais aussi l'Angleterre, la Russie, et depuis quelques années nous pouvons également nous targuer d'une clientèle américaine et asiatique. De plus, considérez que nous avons des clients qui nous suivent depuis des générations, de père en fils et pour nous c'est une grande satisfaction et une expression d'estime entretenue au fil du temps.
Pouvez-vous confirmer qu'aujourd'hui le plus grand intérêt concerne l'art moderne et contemporain ? et les nouveaux "paperoni"... qui investissent dans l'art ?
Vitus Graupner: Je voudrais faire une prémisse, je ne pense pas que l'art moderne et contemporain puisse remplacer l'art en général, surtout l'art comme les tableaux de maîtres anciens. Comme nous le savons bien, ce dernier n'est pas très sensible à la "mode" et par conséquent sera toujours un excellent investissement sûr, de préférence à moyen ou long terme. Concernant votre question, je ne peux que confirmer qu'en ce moment, le moderne/contemporain est ce que le marché demande le plus. Cette course pour gagner une œuvre de ce genre, mieux vaut si c'est un auteur très apprécié et d'excellente origine, un exemple est l'allemand Richter, il est dicté par le fait que le marché s'est considérablement élargi, attirant des collectionneurs du monde entier, créant ainsi une augmentation de la demande par rapport à l'offre réelle que l'on trouve sur le marché. Et c'est ainsi que plus les œuvres sont recherchées, plus elles sont disputées entre collectionneurs, faisant monter leur valeur réelle, et pas qu'un peu. Considérez juste combien sont nouveaux, comme vous l'avez dit
Une dernière question, pensez que l'art italien moderne, c'est-à-dire celui des maîtres des années 900 - en excluant les noms de Fontana, Burri, Manzoni, Castellani et quelques autres qui ont atteint des sommets internationaux - peut-il être réévalué à l'avenir?
Vitus Graupner: il est certainement vrai que les goûts et les tendances ont changé, avec une plus grande souffrance ou compréhension de l'art du XXe siècle, mais je crois que le même principe s'applique en ce qui concerne la reprise économique italienne, lorsque cela se produira, beaucoup de choses reviendront à leur juste place. On ne peut exclure ou ne pas pouvoir saisir la beauté des œuvres de maîtres italiens comme, par exemple, Balla, Carrà et bien d'autres. L'art ne meurt pas, seul le rythme change, tantôt lent, tantôt rapide. Il n'y a qu'à attendre.
