C'est officiel. La Commission européenne déclare Non au mariage entre le français Alstom et l'allemand Siemens. Le mariage aurait conduit à la naissance d'un géant ferroviaire avec des opérations dans 60 pays et un chiffre d'affaires annuel de 15,6 milliards d'euros.
La motivation est écrite noir sur blanc dans une note émise par Bruxelles qui indique que la fusion "aurait affecté la concurrence sur les marchés des systèmes de signalisation ferroviaire et des trains à grande vitesse. Les parties n'ont pas proposé de mesures correctives suffisantes pour régler ces problèmes. Selon la numéro un de l'UE Antitrust, Margrethe Vestager, "cette concentration aurait entraîné une hausse des prix des systèmes de signalisation qui garantissent la sécurité des voyageurs et des futures générations de trains à très grande vitesse".
"Bruxelles a bloqué la fusion parce que les deux sociétés ont refusé de répondre à nos graves préoccupations antitrust", a précisé l'eurocommissaire.
Nous avons besoin de systèmes de signalisation pour assurer notre sécurité et de trains à très grande vitesse pour un transport respectueux du climat. @SiemensMobilité ainsi que @Alstom sont des champions de l'industrie ferroviaire. Sans remèdes, la fusion aurait entraîné des prix plus élevés, moins de choix et d'innovation, de sorte que la fusion est bloquée.
- Margrethe Vestager (@vestager) Février 6 2019
La nouvelle avait été anticipée ce matin par le ministre français des Finances, Bruno Le Maire selon laquelle l'arrêt européen représenterait un gros "erreur" qui "favorisera les intérêts de la Chine". « Je pense – a déclaré le ministre interrogé par France 2 – que les jeux sont terminés. Je le regrette profondément car je le considère comme une erreur économique", "une erreur politique" qui "affaiblit l'Europe", a-t-il ajouté.
La France et l'Allemagne ont jusqu'au bout tout tenté pour obtenir le Oui à la fusion entre les deux sociétés, déclarant à plusieurs endroits que le mariage serait le seul moyen de mettre un terme à la concurrence chinoise, surtout après Le feu vert de Pékin pour la fusion des deux grandes entreprises publiques actif dans le secteur ferroviaire. Selon Le Maire, la décision de Bruxelles "empêche Alstom et Siemens, les deux champions de la signalisation et du ferroviaire, de fusionner pour avoir le même poids que le grand champion de l'industrie chinoise". Pour le ministre français, il y a en Europe "des règles obsolètes qu'il faut réformer".
Sans surprise, après le non officiel, le ministre a écrit sur Twitter : « Maintenant, il faut regarder vers l'avenir et rétablir les règles de la concurrence européenne. Avec mon homologue allemand, Peter Altmaier, nous ferons des propositions pour rétablir ces règles et avoir une politique industrielle européenne plus ambitieuse ».
Alstom-Siemens : Il faut désormais se tourner vers l'avenir et fonder les règles de la concurrence européenne. Avec mon homologue allemand @peteraltmaier, nous allons faire des propositions pour refonder ces règles et avoir une politique industrielle européenne plus ambieuse pic.twitter.com/IOx3OtQk3P
- Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire) Février 6 2019
On rappelle que fin janvier les deux sociétés avaient décidé de "modifier encore les remèdes" proposés à la Commission européenne « pour répondre aux craintes » d'effets négatifs sur la concurrence. Des contre-mesures que le commissaire européen à la concurrence a cependant jugées insuffisantes.
La nouveauté semble avoir eu un effet positif sur le Titre Alstom qui, à la Bourse de Paris, s'envole en gagnant 4,9%. La performance de l'action Siemens a été différente, lâchant 0,5% à 95,78 euros à Francfort.
"La Fim Cisl considère cette décision comme le résultat d'un modèle et d'une saison européenne à dépasser - commente le syndicaliste Marco Bentivogli - la fusion Alstom/Siemens aurait construit un champion européen du secteur ferroviaire, capable de se mesurer aux compétitions internationales concurrence, notamment avec les géants chinois du secteur. L'attention au respect de la concurrence, dans le respect des citoyens et des entreprises du secteur, doit tenir compte du cadre modifié de l'économie internationale ».