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Venise, exposition Pablo Echaurren penser à Duchamp

Le parcours de l'exposition – ouverte jusqu'au 15 octobre – se déroule le long de l'espace physique de la Scala Contarini del Bovolo, qui dans sa forme en spirale (bovolo en dialecte vénitien signifie escargot) fait emblématiquement référence à la paire d'opposés haut/bas et montée/descente .

Venise, exposition Pablo Echaurren penser à Duchamp

L'exposition propose une série d'œuvres réalisées depuis quarante ans dans lesquelles Pablo Echaurren dialogue avec l'ombre du père de l'art conceptuel Marcel Duchamp. 

Inspiré de l'œuvre Nu descendant un escalier de Duchamp, l'artiste a conçu une série de signes invitant le spectateur, par un jeu de mots onomatopéique, à monter les escaliers (Nous ascendants un escalier) puis à les descendre (Nous descendants an escalator).

L'exposition est aussi un voyage dans le temps lointain/proche et imaginé/vécu qui relie trois dates : 1917, 1977 et 2017.
1917 : l'année où Duchamp présente la Fontaine ready-made, l'œuvre provocatrice par excellence.
1977 : ayant abandonné quelque temps le métier d'artiste, Echaurren, se rapprochant du courant ironique et créatif des indiens dits métropolitains, élabore avec le groupe un nouveau langage collectif basé sur l'usage des provocations de Duchamp mais dans une logique politique , créer des fanzines, des dessins, des collages et créer des happenings surprises.
2017 : l'artiste décide de récupérer les matériaux liés à ces moments, carnets, notes écrites et dessinées, proposant également de nouvelles œuvres qui mettent en lumière la possibilité d'utiliser Duchamp encore aujourd'hui comme un palimpseste sur lequel tracer un parcours personnel.

Le point d'appui de l'exposition est représenté par une série de collages qui se heurtent aux matériaux en papier de la « boîte verte », la boîte duchampienne intitulée La mariée mise à nu par ses célibataires, même (1934). Une œuvre qui représente pour Echaurren non seulement un objet personnel d'affection mais aussi un stimulant et une matière à réflexion sur le faire de l'art comme pratique liée à la dimension de la pensée.
Comme on le sait, la boîte contient la reproduction de notes, photos, dessins et feuilles déchirées relatives à l'élaboration du Grand Verre. Une sorte de boîte à outils mais aussi un possible collage. Echaurren, qui pratique la voie du collage aux côtés d'autres disciplines artistiques depuis 1969, a utilisé des copies des fac-similés de la "boîte" pour créer une cinquantaine d'œuvres dans une partie d'échecs idéale avec le grand maître. Afin de souligner son importance, un exemplaire original de la boîte est physiquement présent dans l'exposition.
Au terme du parcours, la sculpture en céramique U/nous sommes tous Duchamp, copie de l'urinoir historique signée R. Mutt, sur laquelle Echaurren est intervenu en appliquant une sorte de tatouage réalisé avec une technique tirée du recueil du XVIe- siècle Faenza grotesque, transformant ainsi l'objet en un meuble aliénant par un détournement en équilibre entre Moyen Age, graffiti, passé et présent, haut et bas.

Venise, Scala Contarini del Bovolo, S. Marco 4299

Ph:Pablo Echaurren, U/we are all Duchamp 2, 2016, sculpture en majolique en berettino, décor grotesque monochrome bleu avec rehauts, h. 40, le. 66, p. 53cm

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