La Commission européenne tire la sonnette d'alarme sur les comptes publics italiens, rejetant de fait la loi de finances du gouvernement jaune-vert. Dans le rapport prévisionnel publié aujourd'hui, l'exécutif européen écrit que la croissance de l'économie italienne est menacée et que l'augmentation des dépenses publiques "pourrait s'avérer moins efficace, avec un impact moindre sur la croissance". Et ce n'est pas tout : le ratio déficit/PIB est voué à se détériorer tant en termes nominaux que structurels, tandis que la dette ne montrera aucun signe de diminution.
« Une reprise des exportations et une hausse des dépenses publiques soutiendront modérément la croissance – écrit la Commission – cependant l'augmentation du déficit publique associée à des taux d'intérêt plus élevés et les risques à la baisse la réduction de la dette publique élevée est menacée ».
Dans le détail, Bruxelles attend désormais la déficit/PIB structurel – c'est-à-dire hors cycle économique et hors mesures ponctuelles – va se détériorer en 2019, passant de 1,8 % cette année à 3 %, et même atteindre 3,5 % en 2020. En substance, le chiffre risque de doubler en deux ans.
Selon le ministre italien du Trésor, Giovanni Tria, "les prévisions de la Commission européenne relatives au déficit italien contrastent fortement avec celles du gouvernement italien et découlent d'une analyse inattentive et partielle du projet de plan budgétaire (DPB), de la loi de finances et de l'évolution des comptes publics Italiens, malgré les informations et éclaircissements fournis par l'Italie. Nous sommes désolés de constater cette défaillance technique de la Commissionqui n'affectera pas la poursuite du dialogue constructif avec la Commission elle-même dans lequel le gouvernement italien est engagé. Il n'en reste pas moins que le Parlement italien a autorisé un déficit maximum de 2,4% pour 2019 que le Gouvernement s'engage donc à respecter".
En tout état de cause, selon les règles européennes, l'Italie devrait réduire le déficit structurel/PIB de 0,6 % l'an prochain. Si le gouvernement ne modifie pas les équilibres de la manœuvre pour respecter les accords, l'Europe engagera le 21 novembre le processus qui conduira entre décembre et janvier à l'ouverture d'une procédure d'infraction contre notre pays pour violation de la règle sur l'allègement de la dette.
"Les règles doivent être respectées et avec le gouvernement italien, nous travaillons dans un esprit de dialogue", a déclaré le commissaire européen aux affaires économiques, Pierre Moscovici, lors de la conférence de presse de présentation des prévisions économiques.
Comme pour le déficit/PIB Italien, selon la Commission, en 2019, il passera à 2,9 %, pour ensuite dépasser le paramètre de Maastricht de 3 % l'année suivante, atteignant 3,1 %. De cette manière, l'Italie se rendrait coupable d'une autre violation. En revanche, l'écart avec les estimations du gouvernement italien est important : selon l'exécutif jaune-vert, le déficit/PIB s'arrêtera à 2,4 % en 2018 et 2,1 % en 2019. 2018 selon la Commission européenne il clôturera à 1,9% tandis que pour le gouvernement à 1,8%.
En termes de croissance, la Commission a réduit l'estimation de la tendance de PIB italien en 2019, le faisant passer de 1,3 % estimé mi-juillet à 1,2 %, le chiffre le plus bas d'Europe. En 2020 un +1,3% est attendu, contre +1,5% estimé par le Gouvernement.
Enfin, le dette/PIB: pour Bruxelles à la fin de cette année, il s'établira à 131,1 %, en 2019 à 131 % et l'année suivante encore à 131,1 %. Le gouvernement estime plutôt 130,9%, 130%, 128,1% respectivement.
