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Sapelli : "La réforme du travail est positive mais j'ai beaucoup de doutes sur l'article 18 et sur les licenciements"

L'AVIS DE GIULIO SAPELLI - La relation entre la réforme du travail et l'emploi doit être démystifiée - La flexsécurité reste distante - Fornero relit Bruno Contini et n'oublions pas la leçon de Giugni et Mortillaro - Solution bâclée sur les licenciements et sur l'article 18 - Seuls le contrat et la accord entre les parties peut vraiment défendre les travailleurs

Sapelli : "La réforme du travail est positive mais j'ai beaucoup de doutes sur l'article 18 et sur les licenciements"

L' intervention du vieil et estimé ami Gianfranco Borghini au sujet de la réforme du travail qui sera bientôt en discussion au Parlement (quoi qu'en disent les partisans du "gouvernement d'exception") m'incite à exprimer brièvement mon opinion à partir de quelques-uns des sujets évoqués par Gianfranco.

Tout d'abord, je ne crois pas que la « condition » du marché du travail soit essentielle pour stimuler l'emploi. C'est une hypostase néoclassique non prouvée à laquelle je ne souscris pas. Ce qui crée du travail c'est l'investissement et l'investissement - comme nous l'a appris Kalezcki - crée du profit et du travail car le profit vient du travail vivant et les déterminants qui le génèrent sont nombreux et le marché du travail en est une des causes, jamais la cause principale. Le fait, donc, que le conte de fées continue d'être raconté selon lequel plus le marché du travail est libéralisé (c'est-à-dire que vous embauchez et licenciez quand et comme vous voulez), plus il y a de création d'emplois, c'est aussi une hypothèse qui n'est pas seulement indémontrable, Mais l'histoire économique et l'histoire du présent démontrent que c'est le contraire qui est vrai : L'Espagne a le marché du travail le plus libéralisé au monde, après l'Afrique noire, et connaît des taux de chômage épouvantables, en particulier chez les jeunes.

Une autre hypothèse à laquelle je ne crois pas est le contraste entre garanti et non garanti. Les travailleurs salariés en Italie et dans l'OCDE sont tellement garantis qu'aujourd'hui, toujours dans l'OCDE, nous avons 200 millions de chômeurs et environ 20 % du chômage est structurel, c'est-à-dire que des dizaines et des dizaines de milliers de femmes et d'hommes âgés de 40 à 65 ans ne retourneront jamais au travail. Alors assez avec les fantasmes des professeurs d'université qui connaissent les maths mais ne savent plus rien….

Passons au concret : la loi sur laquelle nous travaillons est certes positive, car elle balaie effectivement ces CDI inutiles et néfastes qui, en plus des emplois ignobles, ont créé une décroissance démographique et une augmentation des maladies mentales chez les jeunes et les moins les jeunes pour l'instabilité sociale dans laquelle ils ont jeté les travailleurs de tous âges et de tous sexes. Vive l'apprentissage donc, vive la période d'essai, vive le CDI qui n'est pas du tout un travail à vie (même si les petits entrepreneurs et les ouvriers qui travaillent ensemble dans leurs entreprises passent une vie dans la douleur et la joie…).

Le problème de la flexsécurité sur lequel les élèves de Bruno Contini à Turin ont écrit des pages admirables, et que le ministre Fornero devrait relire attentivement, la flexsécurité est certes annoncée dans la disposition, mais c'est encore un rêve lointain et indistinct, qui ne me semble pas être financé comme il se doit, c'est-à-dire par une augmentation saine et décisive des dépenses publiques dans ce secteur et non par des impôts spécifiques (sur les entreprises et les travailleurs) car l'établissement d'un État-providence universel est un bien commun à gérer avec soin, qui s'améliore s'il échappe à l'État-providence et à la dépression des travailleurs : c'est un bien commun, disais-je, dont jouit toute la société. Donc, nous allons dans le bon sens.

Cependant, la partie sur le licenciement me laisse très dubitatif, c'est-à-dire sur l'article 18 et sur la distinction entre différents types de licenciement. Mes connaissances en droit du travail sont faibles mais en tant que jeune homme j'ai passé beaucoup de temps avec Gino Giugni alors qu'il travaillait sur le statut des droits des travailleurs puis j'ai collaboré longtemps avec un ami qui me manque beaucoup plus aujourd'hui que jamais : Felice Mortillaro, défenseur hétérodoxe cultivé et très intelligent du patronat. Eh bien, cet article n'est en fait né que pour limiter les représailles syndicales contre la FIM CISL et la CGIL. Brodolini et Giugni y pensaient. Ensuite, la référence a également été étendue à toutes les formes de licenciement; maintenant on veut revenir aux origines mais avec une inexpérience technique que même un amateur comme moi ne peut s'empêcher de voir.

Quelques exemples. En premier lieu, toutes les réglementations élaborées doivent traiter des temps de la justice. L'entrepreneur ne peut pas embaucher un autre travailleur sinon l'emploi augmente et ne diminue pas : au bout de quelques années, il se peut qu'il ne trouve plus un mais deux ouvriers, parce qu'en même temps il en a inévitablement embauché un autre. Et l'ouvrier qui attend la sentence ? Par ailleurs, je me pose cette question : étant donné que c'est toujours le juge, même dans ce modèle, qui a le dernier mot, si en cas de licenciement pour motif économique le motif s'avère inexistant, la réintégration n'est pas envisagée pour le travailleur et c'est un acte injuste. C'est de l'abus. Bref, il me semble qu'il n'y a pas… de technique. Et il y a beaucoup de contes de fées…

Après tout, je suis un vieux Cislino et je suis toujours d'accord avec Storti lorsqu'il a dit à propos du Statut : « Notre statut est le contrat”. C'était une mauvaise loi et une mauvaise loi elle le reste. C'est seulement la négociation et l'accord entre les parties qui peuvent vraiment défendre le travailleur.

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