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Réformer pour grandir : le vrai pari du gouvernement Renzi est une hausse de 1,5 % du PIB

Une croissance du PIB de 1,5% avec une inflation du même montant est un pari réaliste du gouvernement Renzi mais l'objectif doit être atteint par des réformes (à commencer par les institutionnelles) et certainement pas par une augmentation des dépenses publiques - Ce n'est qu'en réformant que l'on peut demander à Bruxelles pour un minimum de flexibilité sur les fonds européens

Réformer pour grandir : le vrai pari du gouvernement Renzi est une hausse de 1,5 % du PIB

Dans la gestion de grande crise qui a débuté en 2008 L'Europe a été lente et a commis des erreurs, mais elle a également opéré des changements fondamentaux, des fonds de sauvetage à l'union bancaire, qui porteront bientôt leurs fruits. L'Italie a fait de nombreux sacrifices et ne peut plus les jeter, mais doit prendre les dernières mesures pour changer certaines règles désuètes, à commencer par celles du fonctionnement du système politique, qui freinent le potentiel de croissance du pays.

C'est le message de base contenu dans l'interview publiée par le ministre de l'Economie Jetée Carlo Padoan à La Repubblica, et qui vise d'une part à contrer le pessimisme de ceux qui jugent l'euro et toute la construction européenne en faillite, et d'autre part à consolider cette légère amélioration du climat d'anticipation que nous commençons à respirer en Italie aussi , et qui se traduit par le retour de la confiance des investisseurs internationaux qui achètent des quantités importantes de nos obligations et actions.

Une relation solide doit être rétablie entre l'Italie et l'Europe. Ainsi, la clameur de ceux qui disent qu'il faut dépasser les paramètres de Maastricht et que notre reprise dépend de l'augmentation du déficit public est non seulement fausse, mais contre-productive, car elle confirme les soupçons sur le manque de fiabilité de notre pays parmi les autorités bruxelloises, et surtout ils risquent d'alarmer les investisseurs qui reviennent pour l'instant convaincus de la capacité de l'Italie à sortir seule du trou noir dans lequel elle est tombée. Et pour renforcer la crédibilité de l'Italie, il faut des pas rapides dans le sens des réformes, celles capables d'induire un changement structurel dans le fonctionnement de notre système. Padoan souligne que les amendements à la loi électorale et les amendements constitutionnels au Sénat et au titre V sont une carte de visite importante pour le reste du monde. Contrairement à la vulgate commune selon laquelle avec les réformes des institutions on ne mange pas, le ministre de l'économie confirme ce qu'il n'a cessé de répéter Le Premier ministre Matteo Renzi, à savoir qu'une gouvernance plus efficace est considérée par les investisseurs comme une condition préalable indispensable pour prendre en considération l'Italie en tant que destinataire de leurs investissements. L'existence d'institutions plus solides est d'ailleurs ce qui a toujours profité à la France (malgré ses faiblesses économiques évidentes) qui voyage encore aujourd'hui sur un spread par rapport aux Bunds allemands de 50 points de base contre le nôtre d'environ 180 points.

Dans les prochaines semaines, il faut aussi mettre en place les autres réformes dont on parle depuis des années : le marché du travail, la libéralisation des biens et services, une fiscalité moins pénalisante pour le travail, et changement dans l'administration publique. Avec la sacoche pleine de ces réalisations, ou en tout cas avec le début d'un chemin qui donne des certitudes, nous pouvons aller en Europe négocier ces marges de flexibilité qui nous permettraient d'anticiper les résultats attendus de l'achèvement des réformes structurelles. Et quelles sont ces marges ? Certainement pas celles que souhaiterait la gauche, qui vise à briser tout plafond de déficit, mais celles qui permettraient d'utiliser les fonds européens sans cofinancement de l'Italie ou avec des cofinancements non calculés aux fins du déficit. Pour la dette qui, comme on le rappellera à partir de 2016, devrait être réduite de 50 milliards par an, on pourrait négocier un allongement des échéances. Et cela surtout parce que, si l'on veut payer les arriérés de l'AP envers les entreprises, ces sommes conduiront à une augmentation de la dette qu'il serait important de pouvoir compenser sur une plus longue période de temps. Sur le pacte fiscal il faut dire que les nombreuses polémiques qui se déchaînent au quotidien, notamment sur les écrans de télévision, sont totalement infondées. En fait, comme il l'a clairement expliqué il y a deux jours le Gouverneur de la Banque d'Italie Ignazio Visco, avec une croissance en termes nominaux de 3%, et une maîtrise des dépenses publiques, la baisse du ratio dette/PIB est automatique, sans nécessité de sacrifices supplémentaires de la part des citoyens. Peut-on aspirer à une croissance autour de 1,5% avec une inflation de même ampleur ?

C'est le vrai pari de Renzi que Padoan soutient sans réserve. Il faut renouer avec la croissance mais cela ne viendra pas des dépenses publiques, mais des réformes que le pays attend depuis de nombreuses années. L'examen des dépenses aura lieu et les réductions serviront à financer les déductions de l'impôt sur le revenu des particuliers. Le décret pour le paiement des dettes de l'administration publique est presque prêt et cela atténuera le resserrement du crédit toujours en place. Enfin, Padoan souligne que le président de la Bundesbank lui-même n'exclut plus les interventions de "quantitative easing" de la BCE, comme cela a été fait aux Etats-Unis par la Fed. Bref, on peut envisager l'avenir avec un peu plus d'optimisme. A condition qu'en Italie le système politique ait une perception correcte de la persistance d'une situation critique, mais aussi des opportunités que nous ne pouvons pas laisser passer.

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