Partagez

Ray, où vas-tu ? Comptes, technologies, réforme par genres radiographiques

La réforme du genre de la Rai, proposée par le nouveau PDG Carlo Fuortes, a lancé une phase très complexe de la télévision d'État, dont la principale urgence reste cependant l'urgence économique et financière : voici où en sont les choses

Ray, où vas-tu ? Comptes, technologies, réforme par genres radiographiques

Avec l'approbation par le Conseil d'administration de la Rai du « Modèle organisationnel pour les genres», qui a eu lieu la semaine dernière, la fonction publique aurait pu entrer officiellement dans une nouvelle ère très complexe, délicate et aux perspectives loin d'être certaines. Le conditionnel s'impose car la nouvelle adresse lancée depuis Viale Mazzini n'est autre que une révision partielle du Plan Industriel voté en avril 2019 par le précédent Conseil, présidé par Marcello Foa et par le CEO Fabrizio Salini, à l'issue d'un long débat entamé lors de leur prise de fonction à la tête de la Société fin juillet 2018 et passé par l'approbation de la Commission de Supervision Parlementaire et du Ministère du Développement Economique.

Pour bien comprendre la portée de cette actualisation du Plan, il est utile de rappeler comment le Conseil d'administration de la Rai en est venu à voter ce passage, dans quel contexte il se situe et quelles perspectives il laisse entrevoir. Foa et Salini ils trouvent le projet sur leur bureau dès leur prise de fonction et, bien sûr, avant de l'approuver, ils doivent demander une "pause" de connaissance et d'approfondissement. Des mois passent avant d'atteindre l'attention du Parlement et du Gouvernement pour les "évaluations des compétences" et nous arrivons aux Lignes directrices formulées par les autorités de contrôle de la Rai en novembre 2019 qui "... engage ... le Conseil d'administration de la RAI à : - en référence à la salle de presse unifiée ainsi que la création de une seule direction d'informations approfondies auquel appartiennent toutes les discussions, mettre en œuvre toutes les mesures appropriées et adéquates pour que la centralisation des fonctions éditoriales ne compromette pas le pluralisme, à partir du moment de la sélection des nouvelles jusqu'à celui de la présentation de celles-ci ; – par rapport aux nouvelles orientations horizontales, détenteurs de budgets, et à la centralisation décisionnelle sur les contenus qui en découle, mettre en œuvre toute mesure visant à empêcher un aplatissement de l'offre télévisuelle selon une seule sensibilité ; – adopter toutes les mesures appropriées et adéquates visant à éviter que l'introduction de nouvelles gestions, en plus et non en remplacement des gestions existantes, n'entraîne un chevauchement entre les différentes fonctions et une augmentation des coûts ». 

Quelques mois plus tard, dramatiquement, la pandémie arrive, et le Le piano est "gelé". Attention au contexte politique de référence : le plan est né dans le passé Conté gouvernement 1 pour ensuite être approuvé dans la phase suivante, le gouvernement Conte 2, pour finalement être repris dans cette phase politique (gouvernement Draghi).

 Le document dont nous disposons écrit plusieurs fois sur FIRSTonline contient (car formellement il est toujours valide) Les lignes directrices qui devrait inspirer la voie de développement de la Société : la très convoitée Media Company. Il convient également de noter que ces mêmes lignes directrices sont une expression directe de ce qui est prévu dans le contrat de service qui est toujours en vigueur et est en cours de renouvellement pour 2023. 

Alors les trois éléments Contrat, Plan et Modèle Organisationnel, sont fortement liés les uns aux autres et précisément à cet égard, le 14 octobre dernier exactement, les structures de l'entreprise ont été informées qu'une table de travail sera mise en place qui regroupera les principaux services concernés.

Nous arrivons à nos jours, avec la nomination du nouveau conseil d'administration, présidé par Marinella Soldi et Carlo Fuortes en tant que directeur général, qui a eu lieu en juillet dernier. Quelques jours seulement après leur investiture, le 4 août, le PDG est convoqué à la Direction de la tutelle où il annonce deux pistes d'action: le premier vise à redresser le bilan et le second à revoir le modèle d'organisation de l'entreprise qui, de fait, reprend largement celui de son prédécesseur Salini. Quelques semaines passent et Fuortes revient à Supervision le 12 octobre pour une audition très importante où le PDG a très clairement expliqué l'état de de graves souffrances dans lesquelles les comptes affluent de la Rai, surtout si elle se réfère aux engagements qu'elle est appelée à respecter. 

Dans ce cas également, ce sont les mêmes propos douloureux déjà exprimés par Salini quelques mois plus tôt et bien connus de tous les parlementaires lorsqu'il déclarait que « C'est pour cette raison qu'il est désormais indéfectible que soient définies les conditions pour établir si le périmètre de la Fonction Publique peut rester inchangé, avec maintien des engagements découlant du Contrat de Service tels que définis dans un contexte économique et financier qui n'est plus d'actualité, ou si au contraire livrer Rai à un nouveau périmètre dans l'ensemble (également en termes d'emploi, avec les inévitables répercussions sociales), avec un déclin probable du rôle central joué par le concessionnaire du service public de radio et de télévision dans le soutien du secteur de référence ainsi que les impacts inévitables sur l'ensemble de l'industrie culturelle et audiovisuelle italienne ”. 

Salini l'a clairement indiqué dans une lettre au président de l'Autorité de surveillance, Alberto Barachini, datée du 20 octobre 2020 : "Dans le contexte brièvement exposé ci-dessus, l'évolution inertielle des résultats pour la période quadriennale 2020-2023 met en évidence une situation économique et financière situation ont tendance à être insoutenables ».

Par conséquent, la prémisse fondamentale, c'est-à-dire la principale urgence à laquelle la Rai est confrontée, est de nature économique/financière : qu'est-elle capable de produire par rapport aux ressources dont elle dispose et comment/où les investissements nécessaires à son développement peuvent-ils faire face à une compétition intense. Mais le thème des ressources n'est que complémentaire et contextuel à deux autres "urgences" affectant la Fonction Publique : la première est de nature réglementaire et la seconde de nature technologique.

Sur le plan réglementaire, l'homologation du bien connu est dans les tuyaux acte gouvernemental 288 (Dispositions communautaires relatives à l'adaptation et à la coordination des dispositions législatives, réglementaires et administratives concernant la fourniture de services de médias audiovisuels). Ces derniers jours, tant la commission des travaux publics du Sénat que la commission de la culture de la Chambre ont approuvé les avis obligatoires mais non contraignants destinés au gouvernement pour l'approbation de la disposition. C'est un sujet qui, en fait, redéfinit les lignes du précédent TUSMAR (Texte consolidé sur la radio et la télévision) issu de la loi Gasparri de 2004 qui indiquait le périmètre des ressources internes du SIC (Système de communication intégré) et implique donc toute la chaîne d'approvisionnement du marché audiovisuel national (voir les récentes déclarations de Giancarlo Leone, président de l'APA sur les fonds destinés aux productions nationales et la position exprimée par Netflix Italia avec les déclarations d'Eleonora Andreatta). Dans ce nouveau passage, au moins un point est d'une grande importance sur les futurs comptes de Rai, où qu'ils aimeraient être revoir les quotas d'encombrement publicitaire ce qui, de fait, pénaliserait la Société par rapport à la concurrence. Nous allons maintenant voir si et dans quelle mesure le Gouvernement pourra ou voudra mettre en œuvre les recommandations exprimées par les parlementaires. 

Par ailleurs, toujours en ce qui concerne les "turbulences" réglementaires, il faut rappeler que diverses propositions ont été présentées pour réforme de la gouvernance Rai de presque toutes les parties et qui tentent aujourd'hui, avec difficulté, de ramener à une seule piste. Une entreprise très difficile avec le risque réel de s'enliser dans des délais peut-être plus longs que ceux de la législature actuelle. Le but est de revoir la loi 220 de 2015 avec lequel le centre de gravité du contrôle de la Société s'est déplacé du Parlement vers le Gouvernement. 

Les enjeux législatifs sont inévitablement liés et imbriqués avec les enjeux économiques où se pose toujours la même question : comment les ressources sont utilisées que possède la Rai, qu'elles proviennent de la redevance ou de la publicité ? C'est exactement la question que les commissaires de surveillance ont posée à Fuortes : "Quel type de service public comptez-vous proposer ?". C'est le cœur du problème : le Rai actuel n'est pas et ne peut pas être ce qu'il était dans une autre ère géologique, quand il n'y avait pas d'internet et que personne n'imaginait le diffusion des OTT avec les différents Netflix & Co. Comme nous l'avons mentionné, d'abord Salini puis Fuortes ont clairement dit qu'avec les ressources actuelles et les perspectives incertaines que l'on peut entrevoir, il sera très difficile de maintenir le périmètre d'engagements qui est demandé à l'entreprise. 

Que faire alors ? Ces derniers jours, l'Ad Rai a clairement précisé la nature de ces ressources : « En réduction. Instable et incertain. Imprévisible et impacté par des variables exogènes » et présenté quatre « modestes propositions » :

  1. « Prise en compte intégrale des ressources honoraires, supprimant le prélèvement actuel de 110 millions d'euros 
  2. Remodulation de la limite pour chaque tranche à 8 % en 2022 et lorsqu'elle sera pleinement opérationnelle 
  3. Annulation de la redevance de concession sur le loyer ordinaire 
  4. Élargissement du champ d'application de la redevance aux appareils multimédias (avec des mesures appropriées) ». 

Comme on peut le voir, il ne s'agit en aucun cas de propositions anodines et indolores lorsqu'on se réfère aux impacts qui sontl'ensemble du marché audiovisuel (voir la redevance qui devrait être payée sur les appareils capables de recevoir des programmes Rai, ainsi que la menace perçue de soustraire des fonds destinés à l'édition qui a soulevé tant de controverses). Par ailleurs, toujours en ce qui concerne la redevance, il faut rappeler les intimidations sans fin sur sa réduction, sa suppression ou son retour à la fiscalité générale, comme on l'a souvent entendu de la part de divers partis politiques (du PD à la Ligue). 

Enfin, toujours en parlant de frais, ça pèse un avertissement de Bruxelles, qui semble pour l'instant en sommeil mais pas tout à fait désamorcé : le retour à son paiement avec l'ancien mode des bulletins de versement postaux, une époque où l'évasion de paiement avait des dimensions importantes. Ce thème est apparu en mai de l'année dernière lorsque, en lisant attentivement les indications sur la réglementation communautaire en matière de concurrence, il est ressorti que les entreprises de distribution d'électricité ne devraient plus percevoir de redevances ne découlant pas directement de leur activité (et la redevance Rai relèverait ces).  

Enfin, Rai est au milieu d'une transformation d'époque qui concerne le front technologique. Comme on le sait, la phase d'arrêt du codage MPEG-20 a débuté le 2 octobre en vue du passage au DVB-T2 prévu pour l'année prochaine. Il s'agit d'entrer dans le nouveau monde de la diffusion des signaux audiovisuels sous le signe de l'opposition frontale entre broadcast et haut débit, entre vision linéaire et non linéaire. Pas quelques-uns sont ceux qui le voientou la fin du numérique terrestre d'ici la fin de la décennie en faveur d'un modèle de production, éditorial et technologique, essentiellement basé sur la diffusion par le réseau. Avec quels moyens la Rai est-elle en mesure de soutenir cet effort, tant d'un point de vue économique que culturel ? Fuortes lui-même a rappelé que les "digital natives in Rai" sont peu nombreux et la moyenne d'âge des employés est très élevée. 

Il reste donc une forte perplexité sur le fait que ce « modèle d'organisation », dans ces contingences spécifiques du marché, puisse constituer et permettre cette avancée capable de remettre la Rai sur les rails de son développement. Salini avait raison et l'actuel PDG l'a bien répété : dans ce contexte l'entreprise a peu de perspectives et, au fur et à mesure, il pourra réaliser quelques économies et peut-être boucher quelques trous budgétaires mais c'est bien plus que d'imaginer comment rivaliser avec ses redoutables concurrents. 

Enfin, la « réforme par genres » lève le voile sur un nerf cru très délicat qui ne concerne pas que la société Rai : l'information. Comme nous l'avons mentionné précédemment, tant le plan d'affaires toujours en vigueur que le contrat de service prévoient explicitement d'avoir à faire face à la "refonte des journaux" et l'adoption d'un projet éditorial sur ce sujet qui envisage la création d'une NewsRoom dont on parle depuis un certain temps sans jamais s'y réconcilier. 

Dès lors, celle qui vient de débuter apparaît comme une réforme tronquée d'un volet éditorial d'une importance phénoménale. Nous sommes à la veille d'échéances institutionnelles importantes qui prévoient l'élection du nouveau Président de la République et la perspective d'un vote parlementaire qui n'est peut-être même pas très éloignée et il semble difficile d'imaginer que la « politique » laisse un instrument d'influence glisser sous son nez d'une telle importance. Le document approuvé ces derniers jours s'est limité à lancer une direction "en profondeur" sans préciser davantage ses missions et objectifs éditoriaux. Ils sont attendus pour la semaine prochaine les noms associés, avec les inévitables polémiques, qui ont déjà commencé, qui surgiront dès que les noms seront annoncés. 

On dit souvent que Rai est le miroir du pays et/ou inversement. Qui sait, c'est peut-être vrai.

Passez en revue