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Pd à la croisée des chemins : plus de réformisme ou de nostalgie du Five Stars ?

Le limogeage du gouvernement Conte et l'arrivée de Mario Draghi ont mis à nu toutes les incertitudes du secrétariat Zingaretti dans un parti partagé entre la volonté de soutenir pleinement le nouveau gouvernement et de retrouver l'élan réformiste et une aile qui regrette au contraire l'étreinte avec le Cinq étoiles - Cela sera discuté à l'Assemblée nationale à la mi-mars

Pd à la croisée des chemins : plus de réformisme ou de nostalgie du Five Stars ?

"La ligne politique a été partagée et choisie ensemble et tout a toujours eu une boussole", a proclamé Nicola Zingaretti, ouvrant les travaux de la Direction le 25 février. En paroles, tout est vrai, mais que c'est aussi vrai en substance, c'est assez difficile à soutenir.

En réalité, la naissance du gouvernement Draghi a enclenché un processus qui ébranle, avec des résultats actuellement imprévisibles, les fondements mêmes du système des partis : des 5 Etoiles déchirées par une situation chaotique à une Ligue couverte par la clandestinité mais également tensions visibles. Et le Parti démocrate, lorsqu'il s'agit de conflits internes tacites ou, plus souvent, mis au jour sans ménagement, ne fait certainement pas exception. Il occupe, le cas échéant, un siège au premier rang.

Une délégation entièrement masculine, choisie pour représenter les démocrates dans le nouvel exécutif, a joué le rôle de détonateur ; Cecilia D'Elia, porte-parole des femmes dem, a dénoncé cette grave atteinte au principe d'égalité par suite de la présence étouffante de courants dans le parti. Mais un "Pd otage des courants", a déclaré le président de l'Anci et maire de Bari, Antonio Decaro, "risque de disparaître" (République, 24 février).

Matteo Orfini, ancien président du parti, parle plutôt d'un parti plongé dans un authentique "confinement politique", en raison des erreurs de leadership commises par l'actuel secrétariat. (La feuille, 19 février). Ce n'est pas tout. 

Il y a un malaise généralisé qui conduit des secteurs du Parti à regretter mal dissimulé la naissance ratée du Conte-ter et à se comporter comme si le gouvernement Draghi représentait une solution à la crise plus subie qu'en réalité voulue.

D'autres, au contraire, voient dans le nouvel exécutif une occasion décisive de donner une impulsion à l'européanisme et à une action réformatrice moderne du pays : celle qui constitue un trait fondateur, même s'il est largement inappliqué, du Parti démocrate.

Il semble donc que le Parti démocrate ait échoué, malgré les paroles suffisantes de Zingaretti mentionnées ci-dessus, précisément la boussole, c'est-à-dire l'outil indispensable pour faire face à cette phase dramatique de la vie italienne. 

L'adhésion unanime du parti à l'appel du président Mattarella, geste nécessaire pour barrer la route au vote anticipé, était en effet certes importante, mais elle ne paraît pas suffisante pour rendre compréhensible la stratégie à long terme que le Parti démocrate entend désormais pratiquer. 

Un indicateur précis du carrefour devant lequel il se trouve est la confrontation serrée qui a eu lieu ces derniers jours sur les colonnes de Le réformiste fra Henri Morando, partisan historique de l'idée d'un Pd "maison commune des réformistes italiens", e Goffredo Bettini, qui souhaiterait un Pd toujours plus proche dans un axe avec les 5 Etoiles et Leu. Deux lignes qui impliquent des cadres politiques et programmatiques très différents. Prendre l'un ou l'autre signifie aussi, pour le Parti démocrate, donner un autre sens à sa relation avec le gouvernement Draghi.

Comment ce nœud sera-t-il dénoué ? Difficile de savoir de la part de la Direction qui se réunira aujourd'hui, lundi 1er mars.

Quelques éléments supplémentaires pourraient peut-être venir de l'Assemblée nationale que le Parti démocrate prévoit les 13 et 14 mars. Mais la vraie réponse ne viendra qu'avec le Congrès qui apparaît désormais comme un rendez-vous incontournable même s'il n'est pas possible - avec la pandémie qui fait rage - de prévoir une date.

Il faut donc espérer que les tensions internes ne fassent pas, en attendant, perdre de vue au Parti démocrate une tâche qui l'investit, aux côtés des autres partis majoritaires. Ce qu'elle impose - à côté du devoir de soutenir le gouvernement Draghi dans le difficile engagement de sécuriser le pays - aussi de « maintenance institutionnelle » complète imposée par le résultat du référendum du 20 septembre 2020 qui a divisé par deux le Parlement. Ce thème semble sorti de l'agenda politique, pourtant la très forte urgence sociale et sanitaire qui s'empare de l'Italie le rend d'une actualité urgente.

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