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Observatoire Agici : secteur des utilities en reprise, voici les nouveaux enjeux

Mardi à Milan, l'Observatoire Agici, fondé et dirigé par Andrea Gilardoni de Bocconi, organise une conférence sur le thème "Utilities : la digitalisation comme levier de développement dans un marché qui se développe et se relance" qui fera le point sur des opportunités concrètes , avec une veille sur l'économie verte, l'économie circulaire, la convergence haut débit-énergie, les réseaux et les agrégations

Observatoire Agici : secteur des utilities en reprise, voici les nouveaux enjeux

La conférence annuelle de laObservatoire des services publics Agici. Le titre est indicatif : Utilitaires: la digitalisation comme levier de développement dans un marché en reprise.

Le monde des services publics italiens a désormais l'opportunité de sortir du tunnel d'une crise qui remonte à près d'une décennie. Le choc de 2008, face aux retards et aux erreurs, s'est métabolisé et le débat tourne aujourd'hui autour des stratégies pour sortir de la longue impasse. La relance part du constat que le marché ne reviendra jamais à celui qui a duré des décennies ; cependant, de nettes opportunités de croissance s'ouvrent, souvent difficiles à saisir, fruit des évolutions technologiques et des dynamiques réglementaires.

Voyons le premier point. Tous les opérateurs sont préparés à une tendance stable ou légèrement à la baisse de la consommation et si la réalité s'avère plus généreuse, cela constituera un avantage. Les données relativement réconfortantes de 2015 (+1,5 % de consommation d'électricité et +9 % de consommation de gaz) ne trompent pas les opérateurs les plus attentifs qui ont pourtant eu l'occasion de prendre un « souffle dans le bras » utile aussi pour accompagner le changement. Une certaine possibilité de croissance peut découler de l'électrification de la consommation, mais surtout au détriment du gaz.

Le thème des opportunités est différent et plus articulé. Il est bien connu que les choix politiques et réglementaires sont très pertinents. Un enjeu politique de grande envergure est celui de l'économie verte, surtout après les résultats de la COP 21. Il faut s'attendre à une forte impulsion pour relancer les investissements à effets environnementaux positifs ; ceci, grâce aussi aux 100 milliards de dollars par an qui devraient être mis à la disposition des pays en développement à partir de 2020. Tous les secteurs qui nous intéressent ont des opportunités de développement international tant pour les technologies que pour les compétences managériales qui ne manquent certainement pas dans notre pays ; un marché de dimensions substantielles s'ouvre qui nécessite néanmoins une capacité industrielle adéquate au niveau mondial. Et là une question épineuse se rouvre : si notre présence à l'étranger est décente ou bonne en énergie, ce n'est pas vrai en déchets et en eau et c'est paradoxal puisque nous avons les compétences pour gérer des problèmes dans des environnements même très différents. Il faut promouvoir un grand opérateur national, un Champion comme on disait, qui sait développer une forte présence aussi en s'appuyant sur le réseau, par exemple des ambassades.

Une autre opportunité dans les déchets se trouve dans l'économie dite circulaire, évoquée dans la proposition de directive européenne formalisée fin 2015. En vérité, beaucoup a déjà été fait dans notre pays (sans l'appeler l'économie circulaire). Mais on peut faire plus. Par exemple, mieux développer les technologies de récupération et de recyclage, intercepter des chaînes de valeur de déchets plus petites mais importantes (telles que celles des matériaux qui convergent dans l'électronique), renforcer et optimiser les techniques de collecte sélective. Ici, le rôle du public apparaît important dans l'orientation des engagements des entreprises puisqu'il n'est pas évident que nombre de ces activités soient immédiatement rentables.

La convergence haut débit-énergie ouvre des espaces de développement d'une extraordinaire importance, s'ils sont saisis. Celles-ci vont de la création du réseau haut débit FTTH (Fiber To The Home), d'une valeur d'une dizaine de milliards d'euros, à sa gestion et sa maintenance, jusqu'à son exploitation pour générer de nouvelles affaires ; pensez à la domotique ou à la gestion de la demande. Enel jouera un rôle très important, mais les grandes anciennes sociétés municipales joueront également un rôle significatif. Le défi est d'époque pour rattraper le retard de notre pays dans la numérisation, et faire une erreur aura des impacts importants sur son développement économique et social dans les décennies à venir. Une fois de plus, le gouvernement a un rôle central à jouer pour maintenir la barre droite vers la direction la plus logique et économique qui voit les sociétés de distribution d'électricité avec des fonctions pivots au moins pour le réseau physique. Bien entendu, il s'agit pour eux d'un saut culturel important qui nécessite également des moyens financiers considérables et de nouvelles compétences. Pourtant, depuis des années on parle de smart grids et nombre de ces sujets supposent l'utilisation de réseaux haut débit : il s'agit de passer de la théorie à la pratique et ici les compétences managériales mais aussi l'esprit d'entreprise des entreprises sont indispensables.

Ainsi, même dans les réseaux – loin d'être rendus obsolètes par les nouveaux modèles de génération-distribution-consommation notamment énergétiques – s'ouvrent de nouveaux défis et de nouvelles opportunités dérivant précisément de l'application de systèmes et de logiques avancées. Les réseaux d'eau, les réseaux de gaz et même les systèmes de collecte (pensez à la benne intelligente dont on parle depuis au moins vingt ans) peuvent devenir beaucoup plus intelligents avec des impacts en termes d'économies de gestion, de durée de vie plus longue, d'efficacité énergétique.

A noter également que la rémunération des réseaux lancés par l'AEEGSI ne peut certes pas être qualifiée d'un peu généreuse et les grognes de certaines sociétés d'exploitation sont étonnantes, qui sont pourtant réduites au silence par les évaluations positives du monde de la finance. Dans un contexte où la rentabilité des investissements sans risque (ou supposés comme tels) est tombée à zéro voire est devenue négative, les taux supérieurs à 5% sont certes intéressants sinon généreux. Cependant, l'Autorité a bien fait de dénouer un fil. Précisons qu'à ce stade, il appartient aux entreprises de mener à bien tous les projets de modernisation brièvement évoqués, garantissant que les investissements sont réellement utiles et efficaces en termes de coût-bénéfice.

Mais les opportunités de croissance sont aussi données par la fragmentation des secteurs en question qui ne permet pas à beaucoup d'entreprises de relever les défis. Il existe des espaces d'agrégation capables de générer des avantages pour les économies d'échelle et de gamme. C'est vrai dans le secteur de l'eau, où la taille des entreprises est toujours trop petite, mais aussi dans la distribution du gaz, des énergies renouvelables et des déchets. Le lancement des appels d'offres gaz ouvre de nouvelles opportunités pour favoriser la concentration ; Un processus de fusions et acquisitions est en cours dans les secteurs du photovoltaïque et de l'éolien avec certains grands acteurs qui recherchent activement des acquisitions d'entreprises encore plus petites. Bref, les espaces et les opportunités ne manquent pas, également poussés par le Gouvernement qui salue la réduction des entreprises publiques porteuses d'inefficacités voire de corruption. En 2015, les opérations impliquant A2A et LGH ont été significatives, ainsi que celle impliquant SEL et AEW Alto Adige ; dans ce dernier cas, l'entreprise qui émerge, Alperia, a des dimensions vraiment significatives pour jouer des rôles importants même au-delà de la Région.

Nous pensons que le cadre législatif est globalement favorable, ainsi que le cadre réglementaire ; le monde de la finance est presque toujours prêt à soutenir des projets d'investissement raisonnables. Bref, les entreprises, leur management et les administrations publiques qui le nomment n'ont plus d'excuses : il y a beaucoup de choses à faire et elles ont un impact sur le pays et elles doivent certainement être mises en œuvre !

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