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Après la pandémie du Nord-Est, il est temps de changer de peau : rapport de la Northeast Foundation

Le Triveneto ressemble un peu à la Chine italienne en termes de taux de croissance, mais dans la période post-pandémique, il devra probablement faire peau neuve : c'est ce qui ressort du Rapport 2020 de la Fondation du Nord-Est - Le sociologue Daniele Marini explique que pour redémarrer il ne suffira pas de s'appuyer sur le talent d'entrepreneurs individuels mais d'un nouveau pacte entre entreprises, organismes intermédiaires, systèmes de formation et institutions : "L'heure est venue de changer de mentalité"

Après la pandémie du Nord-Est, il est temps de changer de peau : rapport de la Northeast Foundation

Que le développement économique de la Vénétie n'a jamais été le résultat d'une planification, mais le résultat chaotique de la capacité et de l'audace de milliers de petits entrepreneurs, c'est bien connu. Le Nord-Est manufacturier est une macro-région qui s'organise, toute seule, avec un esprit entrepreneurial individualiste très fort qui n'est jamais égratigné et véritablement convaincu par la nécessité de faire équipe ou réseauter comme on dit dans le jargon. Jusqu'à présent, tout s'est bien passé, le Triveneto est toujours la "Chine italienne", mais l'après-pandémie pourrait changer certains scénarios, et pour rester leader parmi les grandes zones industrielles continentales, il devra probablement faire peau neuve.

C'est l'un des points de réflexion qui a émergé de Rapport 2020 de la Fondation Nord-Est, le groupe de réflexion qui sonde chaque année les dynamiques micro et macro de l'économie du Nord-Est. Il y a déjà quelques signaux d'alarme aujourd'hui, car s'il est vrai que les entreprises qui exportent ont résisté, et d'ailleurs beaucoup ont amélioré leurs bilans, le Covid a néanmoins porté un coup terrible aussi au PIB produit par la « locomotive de l'Italie » . La baisse subie en 2020 est proche de 10% (-9,3% pour être exact), avec seulement des prévisions de reprise partielle en 2021 (5,6%). Selon les chiffres détenus par les entrepreneurs du nord-est, 70% de ceux qui font des affaires estiment que le redressement des valeurs d'avant-crise ne sera possible qu'en 2022.

L'avenir de la Vénétie industrielle elle n'est pas seulement liée au redémarrage de la demande mondiale, mais comme l'expliquent les chercheurs du FNE, il sera crucial de comprendre comment les entreprises du Nord-Est pourront se maintenir et se régénérer dans les nouvelles chaînes de valeur mondiales. «La capacité à être compétitif dans la nouvelle phase de mondialisation exige des entrepreneurs qu'ils évaluent de manière critique leurs chaînes d'approvisionnement mondiales, en mettant en place des actions possibles pour réduire le risque de blocage de la production en cas de crise de la chaîne d'approvisionnement comme cela s'est produit avec la pandémie» , lit le rapport 2020.

Le raisonnement sous-jacent qui se dégage, en plus des analyses précises sur les pourcentages d'une année catastrophique, est celui d'une "entreprise vénitienne" qui, pour maintenir ses nombreux leaderships, ne pourra plus compter uniquement sur les talents de entrepreneurs individuels mais devront mettre de nouveau pacte entre les entreprises, les organismes intermédiaires, les systèmes de formation et les institutions, pour surfer sur le redémarrage. Ceci est également soutenu par Daniele Marini, sociologue à l'Université de Padoue, peut-être le meilleur connaisseur des mécanismes qui régulent, ou plutôt "ne régulent pas", l'économie du Nord-Est. "Ce sera un redémarrage "désordonné" avec des processus qui vont se dérouler à des vitesses différentes, autrefois on aurait dit de géométries variables.

Nous sommes toujours dans le tunnel de la pandémie, mais les prévisions disent que des scénarios de changement profond vont émerger pour la Vénétie. Le risque est que ces territoires « souffrent » du redémarrage impulsé par d'autres zones. Laisse-moi expliquer: l'« effervescence individualiste » elle a porté ses fruits avec le boom et les différentes étapes de développement des dernières décennies. Même des régions avancées comme l'Émilie-Romagne étaient derrière nous. Après un an et demi de pandémie, avec des filières entières détruites, il faut pourtant des projets de système global, ou plutôt « d'écosystème » du territoire. Depuis des années, l'Émilie-Romagne a mis en place un pacte transversal de développement économique local qui ne repose pas exclusivement sur les entreprises».

Interrogés fin octobre, donc au sein de la deuxième vague qu'on espérait à l'époque être la dernière, les entrepreneurs vénitiens se sont concentrés sur cinq nouveaux segments à fort potentiel industriel : santé, pharmaceutique, logistique, numérique et agro-alimentaire. Pour entrer, ou rester au sommet des chaînes d'approvisionnement mondiales de ces marchés, les chefs d'entreprises du Nord-Est marquent les compétences numériques comme cruciales (pour 30% des interviewés), aux côtés de certaines compétences transversales, comme savoir gérer les imprévus situations et problèmes (43,7 %), prise en charge d'activités nouvelles et stimulantes (43,7 %), autonomie (40,9 %).

« Pour l'industrie, pour le tertiaire et le commerce, pour le tourisme, il y aura une obligation de concurrence au sein de filières intersectorielles qui ne sont plus seulement locales et de plus en plus complexes. Je peux me tromper - conclut Marini - mais le moment est également venu en Vénétie de changer sa mentalité, de celle du "paron che fasso tutto mi" à l'idée de partage, de collaboration, de coopération avec les nombreux organismes et institutions intermédiaires qui produisent "dans nos communautés locales".

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