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Des marchés sans chocs jusqu'aux élections présidentielles américaines

Extrait de "LE ROUGE ET LE NOIR" d'ALESSANDRO FUGNOLI, stratège de Kairos - Il est difficile d'établir maintenant si le cycle haussier des sept dernières années est en train de se terminer car jusqu'aux élections présidentielles américaines de novembre, les banques centrales feront tout pour garder le situation sous contrôle contrôle - Pas de chocs avec Hillary mais Trump déstabilisant - Portefeuilles à réorganiser

Des marchés sans chocs jusqu'aux élections présidentielles américaines

Senectus ipsa est morbus. La vieillesse est mauvaise même lorsqu'elle n'apporte pas de nouveaux maux, car elle est elle-même une maladie. Terence l'a écrit, le dramaturge à qui on a toujours reproché d'être trop sérieux et de ne pas faire rire. Mais c'est précisément à cause de son sérieux et de sa culture (et de sa beauté) que Térence, un ex-esclave berbère à la peau foncée, a été adopté par le cercle des Scipions, le cœur de l'élite romaine gréco-centrée et stoïcienne. Et c'est là, probablement, qu'il a absorbé un pessimisme fondamental sur la vie et la vieillesse. Il ne pouvait pas savoir grand-chose de lui, étant donné qu'il mourut à 26 ans de la douleur, selon la légende, d'avoir perdu 108 précieux manuscrits du grec Ménandre, son inspirateur, lors d'un voyage.

Cicéron, en tant que vieil homme, a peut-être essayé de prendre courage en écrivant que la vieillesse n'est pas si mal, car quelque chose enlève certes mais quelque chose rend. Quand vous êtes vieux, vous pouvez profiter des plaisirs de l'esprit avec plus de conscience et vous pouvez chérir l'expérience en devenant plus sage. Sénèque clôt le débat de l'âge classique déplacer le problème. Ce n'est pas vrai qu'on nous a assigné une vie courte, c'est plutôt vrai que nous l'avons rendue courte en perdant du temps sur des choses insignifiantes et dénuées de sens. Ceux qui vivent en faisant bon usage de leur temps n'ont pas trop de regrets dans la vieillesse et peuvent vivre en paix avec le temps qui leur reste.

On a beaucoup parlé, depuis un an, de la phase d'automne dans lequel entrerait le grand rallye boursier et obligataire des sept dernières années. Il y a essentiellement trois points en discussion. La première est de savoir si nous sommes bien entrés dans une phase terminale du cycle. La seconde est, en supposant que nous y soyons entrés, combien de temps cela peut-il durer. La troisième porte sur ce qu'il faut faire, sortir de scène tant qu'il est temps ou tenter de naviguer dans un contexte qui pourrait rappeler ce que Huizinga, parlant de la phase finale du Moyen Âge en Bourgogne et en Flandre, décrivait comme une explosion inouïe de violence et pessimisme, mais aussi une production impressionnante de faste et de richesse.

Le cycle actuel a sept ans. Statistiquement, il est plus que mature mais, comme on dit toujours dans ces cas, aucun cycle ne meurt de vieillesse mais à cause de chocs externes ou d'erreurs commises par les décideurs politiques. Jean de la Bruyère écrivait, la majorité des hommes passent la première partie de leur vie à rendre l'autre misérable. Et c'est aussi vrai, historiquement, pour de nombreux cycles économiques et boursiers. Lors des deux cycles précédents, l'erreur était d'avoir maintenu des taux trop bas pendant trop longtemps, cette fois-ci, cela pourrait être pareil mais personne ne sait vraiment si, dans les conditions structurelles fragiles dans lesquelles nous nous trouvons aujourd'hui, l'erreur ne pourrait pas être l'inverse à savoir , augmentant les taux trop tôt.

Certains signes de maturité (pas nécessairement de vieillesse) sont déjà présents. Les marges, en Amérique, ont entamé un cycle baissier, même s'il est encore presque imperceptible. Les coûts de main-d'œuvre s'accélèrent, mais pas suffisamment pour alarmer. Il y a de moins en moins de chômeurs, mais nous sommes toujours dans cette zone frontalière entre santé et excès de santé qui, à la longue, crée l'imprudence et donc la maladie.
Pour voler bas on peut très raisonnablement penser que la Fed et les autres banques centrales feront tout pour arriver au résidentiel Américains sans choc. Jusqu'en novembre donc, ça devrait aller, après on verra. Si Clinton gagne (qui a une avance de 13 points sur Trump dans les sondages), nous n'aurons rien de particulièrement imprévisible. Si Trump l'emporte, qui a de son côté le fait d'avoir jusqu'ici débordé sondeurs et commentateurs, quelque chose de potentiellement déstabilisant s'ouvre, négatif mais aussi positif.

En effet, il est clair que Trump, tout en y ajoutant beaucoup d'extravagance, il prend pour modèle, en politique économique, le Reagan des quatre premières années, avec des réductions d'impôts et d'importantes dépenses d'infrastructure remplaçant les dépenses militaires des années 1985. On pourrait donc assister (si le Congrès suit Trump) à cette relance de la politique budgétaire dont on parle tant en cette période comme nécessaire pour soulager la politique monétaire désormais épuisée. Cela pourrait inciter la Fed à relever ses taux plus rapidement, mais le cycle économique dans son ensemble se trouverait soudainement rajeuni. Bien sûr, il pourrait aussi y avoir des résultats moins favorables et on ne sait pas comment le dollar réagirait, poussé à la hausse par les taux mais écrasé par le creusement du déficit. Avec Reagan, le dollar a augmenté jusqu'en XNUMX, puis a de nouveau chuté au cours des quatre années suivantes.

Cette fois, cependant, nous partons d'un dollar déjà élevé et il n'est pas clair combien le protectionniste Trump serait en mesure de modérer le creusement du déficit extérieur créé par la Atout expansif. De ces considérations il devrait donc découler qu'il est trop tôt, plongés que nous sommes dans l'atmosphère de la fin du règne d'Obama, pour tirer des conclusions sur la durée de vie résiduelle de ce cycle. Pour un Druckenmiller qui conseille à tous de sortir des bourses et d'acheter de l'or, il y a après tout un Buffett qui soutient que, si on avait l'assurance que le
taux resteront à ces niveaux pendant les cinquante prochaines années, le Dow Jones, qui est maintenant juste en dessous de 18 100, passerait instantanément à XNUMX XNUMX.

Et nous avons évoqué deux managers au passé impeccable. Dans le doute, entre les inconnues sur la durée du cycle et les aléas politiques, on peut actuellement se limiter à un sérieux contrôle et à une réorganisation des portefeuilles. Le dollar le plus faible, retour aux niveaux de début 2015 si on le considère contre toutes les devises, il peut en fait donner un nouvel élan aux bénéfices américains en 2017. Les mouvements des taux de change produisent leurs effets les plus importants non pas la première mais la deuxième année. L'année prochaine pourrait donc voir une économie américaine moins exsangue que celle que nous voyons cette année. Pour cela aussi, cela peut valoir la peine de rester sur le marché. Cependant, nous devons également prendre en compte la possibilité que les choses empirent et pour cela, nous pouvons penser à trois choses concrètes possibles sur lesquelles nous concentrer dans un avenir proche. Là première est de continuer à réduire lentement et progressivement, trimestre après trimestre, l'exposition générale au risque de marché, sans nécessairement avoir pour objectif, comme nous l'avons vu, de la réduire drastiquement.

La seconda est de constituer sereinement, dans la partie obligataire, les débiteurs les plus fragiles avec les débiteurs solides. Ces dernières années, nous nous sommes trop concentrés sur la durée, en restant dans une certaine mesure sur des maturités courtes ou moyennes, mais il sera désormais bon de se concentrer sur la solvabilité, en évitant les titres susceptibles de faire l'objet de restructurations. Là terza, sur les actions, consiste à concentrer, pour chaque secteur, sur les deux ou trois entreprises leaders, celles qui, en cas de crise grave, pourront non seulement survivre mais aussi acquérir des parts de marché. L'avantage d'un tel portefeuille restructuré n'est pas seulement dans la performance en cas de crise (moins négative que celle d'un portefeuille contenant des titres fragiles) mais aussi d'ordre comportemental.

Dans des conditions de stress, on est en effet plus enclin à mal vendre un titre fragile, peut-être au plus bas. Avec des stocks plus solides, il est plus facile de tenir le coup et d'attendre la reprise. A court terme, le malaise du marché est dû à laépuisement des couvertures après la chute de janvier et février. Cette phase d'ajustement peut se prolonger, mais elle ne doit en aucun cas nous ramener au climat morose du début d'année.

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