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Mais qui pense aux réformes économiques maintenant ?

La très longue campagne référendaire et électorale déjà en cours et les coups de pioche des juges constitutionnels et administratifs sur les réformes des banques et de l'Autorité palestinienne hypothèquent lourdement l'avenir proche des réformes structurelles dont le pays a grand besoin et dont le président de la BCE Draghi qu'il ne manque pas de recommander à chaque occasion – Mais le scrutin proportionnel risque de noyer encore plus la situation

Mais qui pense aux réformes économiques maintenant ?

La crise formelle a été résolue très rapidement et personne ne doute de la bonne volonté du nouveau président Paolo Gentiloni mais nul doute que les résultats du référendum ont ouvert la campagne électorale. Ce qui s'annonce long : si on votait à l'automne 2017, ce serait 10 mois avec le gouvernement se gardant bien d'affecter les intérêts des électeurs potentiels. Il semble donc réaliste d'affirmer qu'en cette période, qui se conjugue avec la campagne référendaire (qui a duré au moins environ 6 mois) où le gouvernement a davantage pensé à essayer de convaincre les électeurs de voter oui, pour des réformes économiques (où par définition les « perdants » sont toujours clairement identifiables et compacts dans la défense de leurs intérêts tandis que les « gagnants » sont rarement capables d'en percevoir les avantages, pourtant pas immédiats) s'ils seront peu nombreux.

Peut-être le gouvernement saura-t-il mettre une éponge sur ces réformes du gouvernement Renzi que les juges constitutionnels et administratifs ont rejetées (banques et administration publique). D'autre part, il ne peut être exclu que même la "bonne école" et le Jobs Act soient remis en cause et que l'on assiste à certaines finances publiques dès le cycle électoral (cadeaux et cadeaux à gauche et à droite et malheureusement la stabilité récente est pas un bon précédent). Resteront la réforme de la fiscalité du premier logement (certes peu convaincante du point de vue des équilibres fiscaux), quelques avantages fiscaux pour les entreprises et le nouveau code des marchés publics. Est-il trop pessimiste de dire que par rapport à où nous en étions en février 2014 (début du gouvernement Renzi) nous aurons parcouru un assez petit bout de chemin sur la voie des réformes économiques ?

Dans cette période, nous pourrons assister à des promesses grandiloquentes dans l'économie pour la période post-électorale : la perspective d'un double cours de la monnaie peut être diffusée plutôt que d'avoir une croissance économique merveilleuse avec l'économie verte. En réalité, la politique ne traitera guère de comment faire croître l'économie du pays à moyen terme, de comment réduire l'écart avec l'Europe. Elle sera bien occupée à fixer les règles du jeu pour établir qui aura le pouvoir et combien devront le partager (rappelons que nous partons de 23 groupes parlementaires qui sont montés au Colle). L'affaiblissement sur le front extérieur est inévitable. La Commission européenne demande des réformes et nous passons un an et demi à discuter d'abord de la Constitution puis de la loi électorale. Quel crédit pouvons-nous accorder à la politique des réfugiés, à la réduction des contraintes budgétaires publiques, à l'achèvement de l'union bancaire ?

Heureusement, Draghi continue de nous accorder du crédit. Mais il recommande également la nécessité de réformes structurelles à chaque occasion. Avec la récente extension du QE, cela nous a donné jusqu'en décembre 2017 ; "au-delà s'il le faut", en tout cas d'un montant moindre et encore moins, probablement, au-delà de novembre 2019, date d'expiration de son mandat. Trois ans, c'est peut-être long pour faire des réformes économiques efficaces, mais pour un pays qui les attend depuis vingt ans et avec des institutions politiques qui avancent à la vitesse de la paresse et qui en plus s'enlisent dans le système proportionnel, seront-elles assez?

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