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Les primaires et les trois raisons de leur flop : comment choisir les maires de Rome, Milan et Naples

Après les désastres du passé, recourir à nouveau aux primaires pour choisir le candidat à la mairie de Rome, Milan et Naples serait suicidaire car les primaires ne sont pas réglementées et on ne sait pas qui votera, car les partis n'existent plus et parce que les primaires ne poussent pas les candidats à se donner une tribune adaptée – Pensez personnalités indépendantes

Les primaires et les trois raisons de leur flop : comment choisir les maires de Rome, Milan et Naples

Les partisans de l'utilisation des primaires pour choisir le candidat à la mairie de Rome, Milan et Naples devraient réfléchir attentivement à l'efficacité réelle, ainsi qu'au caractère véritablement démocratique, de cet instrument. Dans la grande majorité des cas (il y a évidemment des exceptions mais ce sont en fait des exceptions) les primaires ont sélectionné des outsiders incompétents (Marino), mégalomanes et autoréférentiels (De Magistris à Naples et Emiliano dans les Pouilles), d'authentiques Martiens (Doria à Gênes) ou des caricatures tragiques comme Crocetta en Sicile. Dans tous ces cas (et dans beaucoup d'autres similaires) ce sont les administrations et les citoyens qui ont souffert de ces mauvais choix faits avec les primaires. 

Même dans le choix du candidat au poste de Premier ministre, les primaires n'ont pas toujours aidé à faire le bon choix. Le cas le plus récent et sensationnel est celui de Pierluigi Bersani que le "peuple démocrate" a préféré à Matteo Renzi, pour ensuite le larguer face au désastre politique qu'il a lui-même provoqué.

Il n'est évidemment pas certain que l'ancienne méthode, faite de vastes consultations, d'assemblées de section fatigantes, de réunions épuisantes des organes directeurs et de votes répétés en leur sein, aurait évité de tels désastres. Cependant, il est fort probable que les choses se seraient mieux passées. Naturellement, cette méthode ne peut être reproposée aujourd'hui pour la simple raison qu'il n'existe plus de partis ou de structures organisationnelles à travers lesquelles les candidats à proposer comme administrateurs, députés ou maires ont d'abord été formés puis sélectionnés. Mais une chose est sûre : les primaires, que cette méthode aurait dû remplacer, ne fonctionnent pas et si elles ne sont pas modifiées, elles risquent de livrer le pays aux mains d'incompétents ou, pire, d'aventuriers.

POURQUOI LES PRIMAIRES NE FONCTIONNENT-ELLES PAS ?

 D'abord parce qu'ils ne sont pas réglementés. Par exemple, il n'est pas clair qui peut participer au vote : si seuls les membres inscrits ou aussi les sympathisants et les électeurs potentiels ou si toute personne qui le souhaite peut voter. Il n'est même pas clair s'ils sont obligatoires ou facultatifs. Enfin, on ne sait pas qui les gère réellement et surtout qui contrôle leur développement et garantit leur légitimité (le cas de Naples et celui de la Ligurie ont soulevé quelques doutes). 

Deuxièmement, les primaires ne fonctionnent pas parce que les partis, qui avaient parmi leurs tâches celle de former et de sélectionner les administrateurs publics, les députés et les fonctionnaires, n'existent plus aujourd'hui. Aucun des partis actuels ne dispose d'un vivier de militants, d'adhérents ou de sympathisants dans lequel puiser, avec une méthode démocratique et transparente, les cadres à expérimenter dans la gestion des affaires publiques. Aujourd'hui ces cadres se forment de plus en plus en dehors des partis. Ils sont formés dans l'Industrie, la Finance ou les Services, dans les Universités et dans de nombreuses associations. On ne dit pas que c'est une mauvaise chose, au contraire ! Mais il peut le devenir si la sélection des cadres se fait exclusivement par affiliation à tel ou tel leader émergent plutôt que par la rencontre avec la Politique entendue, celle-ci, dans sa plus haute dimension culturelle et organisationnelle (celle que Gramsci appelait la Grande Politique) .

Et c'est là que réside la troisième raison du dysfonctionnement des primaires. Les primaires ne stimulent pas (et ne pourraient pas) la définition par les candidats d'une plate-forme politico-programmatique vraiment adéquate. En effet, un programme électoral sérieux et crédible demande du temps et de l'expertise pour être défini. Il s'agit d'un travail de longue haleine qui doit impliquer de nombreuses personnes. Elle ne peut être le produit d'un individu ou de son personnel seul, mais doit nécessairement être le résultat du travail d'une communauté politique et culturelle plus large, c'est-à-dire d'un Parti, fût-il d'un type nouveau. S'il manque cette "Communauté", il manque aussi les bons contrepoids au protagonisme ou à la mégalomanie des candidats à la primaire.

D'autre part, là où la méthode des primaires est utilisée, comme aux États-Unis, le président élu agit comme un contrepoids, en plus de la Cour suprême, également du Congrès (c'est-à-dire des députés), du Sénat et, last but not least , les parties elles - mêmes . En Italie, cet équilibre n'existe pas encore.

Dans les mois à venir, les partis devront dénouer le nœud des candidats à la mairie de Milan, Rome et Naples. Dans aucun de ces cas, les primaires de parti (mais aussi les primaires de coalition) ne semblent être en mesure de sélectionner les bonnes personnes pour ce rôle. Aucun des grands partis n'a (plus ou moins) de personnalités internes qui ont la compétence et les compétences nécessaires pour gouverner ces villes. Chacun devra forcément regarder en dehors de sa clôture. Il est bien clair que si des personnalités comme Sala à Milan ou Malagò à Rome étaient choisies, pour ne donner qu'un exemple, l'idée de les soumettre au vote aux élections primaires ne serait pas envisageable puisqu'il s'agit avant tout de personnalités indépendantes. . 

Dans ce cas, les partis devraient prendre du recul et proposer de soutenir ces candidats à côté de leur liste. Ceci, bien sûr, devra passer par un large débat au sein des partis et de leurs instances dirigeantes. Bref, une prise de responsabilité claire des différentes forces politiques sera nécessaire, sanctionnée aussi par le vote de leurs instances dirigeantes ainsi que, si elles le souhaitent, par celui de leurs membres et sympathisants. Ceci et non celui des primaires est la voie à suivre aujourd'hui pour donner aux grandes villes italiennes des guides compétents et compétents. La régulation du système des primaires et leur éventuelle institutionnalisation peuvent et doivent être discutées et décidées ultérieurement dans le cadre d'une réforme plus générale et organique du système politique et institutionnel.

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