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L'année électorale allemande, entre Europe et manœuvre économique interne

Dans l'année qui mettra fin au second mandat d'Angela Merkel, l'Allemagne sera le seul pays de la zone euro à se targuer d'avoir atteint tôt l'équilibre budgétaire et de maintenir les niveaux de croissance et d'emploi - Partagée entre Bruxelles et Berlin, une année compliquée attend la chancelière allemande.

Au cours de l'année qui marque la fin du deuxième mandat de la chancelière, l'Allemagne pourra se vanter d'avoir atteint rapidement l'équilibre budgétaire et des niveaux stables de croissance et d'emploi. C'est du moins ce qu'affirment les centres de recherche économiques allemands faisant autorité. Rien n'indique donc que Mme Merkel quittera prochainement son bureau à la chancellerie. Pourtant, à ce jour, le tableau politique est plus incertain qu'on ne le croit. Selon les derniers sondages de début décembre, la CDU/CSU, l'Union chrétienne-démocrate et chrétienne-sociale, oscille autour de 39 %, suivie à environ neuf longueurs de distance de ses adversaires sociaux-démocrates qui, malgré leur désavantage, peuvent comptent cependant sur un allié, les écologistes, dont le taux d'approbation, après les sommets atteints l'an dernier, s'est désormais stabilisé autour de 14%. Complices des données peu encourageantes des libéraux (4%) et des pirates (3%), pour entrer al Bundestag en tant que quatrième force, ce ne serait que Die Linke, l'extrême gauche (7 %) Cela étant, le SPD et vert ils auraient la majorité pour gouverner au cours des quatre prochaines années. Mais les élections fédérales sont dans neuf mois et l'agenda politique des prochaines semaines est encore susceptible de modifier significativement l'équilibre des forces sur le terrain. Tout dépend donc de ce qui se passera en Europe, c'est-à-dire notamment de l'approbation d'un nouveau coupe de cheveux que la Grèce matérialise les pertes allemandes, si et quand le gouvernement de Madrid obtient une aide de la BCE et quand l'union bancaire sera effectivement mise en place. Toutefois, le choc avec Francfort pourrait s'aggraver si la Cour constitutionnelle de Karlsruhe, dans son arrêt définitif sur le MES et Compact fiscale attendus en janvier, devaient également censurer l'OMT, le programme d'achat illimité d'obligations d'État, dont l'Eurotower n'a pas encore fait usage.

Cependant, beaucoup dépendra également des choix de politique intérieure. En cette année électorale, le duo Merkel-Schäuble ne voudra guère mettre la main sur des manœuvres économiques impopulaires, dans le seul but de faire baisser le ratio dette/PIB, désormais supérieur à 80 %. Comment alors lire le rapport du ministère des Finances (secrète et révélée par l'hebdomadaire Der Spiegel) qui comprend une augmentation des impôts et des réductions de dépenses ? Bien que les chrétiens-démocrates nient même l'existence d'un tel rapport, selon l'opposition social-démocrate, il s'agirait d'une anticipation d'une manœuvre de printemps, destinée à être approuvée seulement après les élections en Transport routier Basse-Saxe, prévu fin janvier. En réalité, on ne sait pas comment et pourquoi Schäuble devrait lui forcer la main quelques mois avant le vote. Historiquement, les années électorales sont des années de « cadeaux », certainement pas de doses d'austérité accélérée. Et de fait, à partir de 2013, parallèlement à certaines mesures d'économies et au durcissement des cotisations sociales, le tarif des visites à la clinique sera supprimé, le niveau de zone non imposable, la subvention pour les mères qui ont l'intention de garder leurs enfants entre un et deux ans à la maison a été introduite, les cotisations à l'assurance pension ont été réduites. Il est donc difficile d'émettre des hypothèses sur de nouvelles interventions, telles que celles énumérées par Le miroir. En particulier, le ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, aurait l'intention de supprimer le taux réduit de TVA de 7%, le portant à 19%. Cependant, le projet se heurte à une mesure introduite en début de législature par la coalition chrétienne-libérale, à savoir l'attribution du tarif préférentiel également aux hôteliers, la clientèle traditionnelle du centre-droit. Bref, l'idée, plutôt que d'être mise en œuvre immédiatement, semble destinée à anticiper un point du programme de la prochaine législature, où les chrétiens-démocrates ne gouverneront probablement plus avec les libéraux. Les libéraux qui, juste avant Noël, avec le ministre de l'Économie Philipp Rösler, cette fois à la lumière du soleil, ont délivré un document avec des propositions de privatisation d'actions d'entreprises encore publiques, y compris Deutsche Bahn, poste allemand e Deutsche Telekom; une idée qui fait débat depuis des années, mais, comme Michael Fuchs du groupe parlementaire CDU/CSU s'en est bizarrement justifié, «puis la crise de l'euro a pris le dessus et nous avons dû faire face à cela». La proposition du ministre des Finances de réduire les transferts fédéraux au fonds de santé, créant une contribution, est plus ambiguë ad hoc dans la déclaration de revenus. Le projet de Schäuble comprendrait également des mesures dissuasives à la retraite anticipée, une réduction des pensions de survie ou, alternativement, une nouvelle augmentation de l'âge de la retraite à 68-69 ans. Enfin, la référence à la nécessité d'alléger les politiques sociales est générique, étant donné que, dans un avenir proche, l'État dépensera davantage dans les infrastructures, notamment pour permettre la reconversion énergétique après la sortie du nucléaire.

Le dossier secret sort au moment où les instituts économiques et les fédérations patronales pointent du doigt le gouvernement fédéral pour ne pas avoir suffisamment épargné en ces années de prospérité et de croissance. En particulier, les petits et moyens entrepreneurs se plaignent que l'exécutif n'a pas mené à bien la réforme du système fiscal, comme promis en 2009. Selon les calculs de l'institut IfW à Kiel, en 2013 l'Agence fédérale pour l'emploi devrait alors revenir à rouge et, en cas de ralentissement de la croissance, l'excédent accumulé en 2012 pourrait s'évanouir dès la fin 2014, mettant en péril les finances publiques. Bref, partagée entre Bruxelles et Berlin, une année compliquée attend Mme Merkel.

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