« Cominetti parvient à résumer ce qu'était réellement la guerre de 14-18, au-delà de toute rhétorique », déclare Zorzato (vice-président et conseiller pour la culture de la région de Vénétie). « Dans ses moments épiques, mais aussi et surtout dans les terribles souffrances qui ont uni ceux qui, sur cette terre, étaient à l'intérieur des tranchées du front et ceux qui, courbés comme certains cultivateurs de pommes de terre de Van Gogh, ont été déplacés d'ici, réfugiés dans recherche d'asile lointain depuis le cratère ardent de la mort de nos montagnes ». 85 ans se sont écoulés depuis la dernière grande exposition de dessins de guerre de Cominetti, qui à l'époque était accueillie par le foyer du théâtre Quirino à Rome. L'artiste, qui disparaîtra l'année suivante, ne pourra être présent.
Pour l'occasion, Marinetti a prononcé ce que les chroniques rapportées par "L'Impero" ont rendu comme "un discours fervent". L'académicien d'Italie a souligné l'atteinte des " sommets de l'épopée dans la synthèse rigoureuse et expressive du trait, dans la vigueur représentative de la composition, dans le sens héroïque des rythmes titanesques et dans la vérité profonde de l'atmosphère ambiante " .
Ajoutant des notes de rhétorique grandiloquente, filles de l'éloge de Marinetti de la guerre comme "la seule hygiène des peuples martyrisés par le pacifisme".
Tout cela s'est réglé aujourd'hui. Et l'exposition à la Villa Contarini, avec la puissance brute du signe, rend un artiste d'une stature remarquable et un documentariste d'une grande efficacité.
Ce n'est pas un hasard si certains de ces dessins avaient pour but de raconter la guerre aux lecteurs de revues illustrées françaises, dès le début en 14 dans les Ardennes.
Sur le front, d'abord français puis - en tant que volontaire - sur le front italien, Cominetti était un soldat aux côtés de tous les autres soldats, il a vécu dans ces tranchées et sous le feu austro-hongrois sur Grappa, documentant en artiste ce qu'il a vu et surtout vécu.
Dans les dessins, de tailles très différentes, nombreux et très grands, il synthétise les réalités infinies que lui et les autres vivent au quotidien : le corps à corps des fantassins, les tas de morts, les sorties de la cavalerie, les crashs des avions, les explosions des grenades, les moments de repos, mieux d'abandon, dans les tranchées et dans les abris. Mais aussi l'exode des réfugiés vénitiens sous leurs charges de biens ménagers, la vétusté des maisons, les bœufs abandonnés dans les sillons sous les obus. Bref, le visage terrible et vrai de la guerre, rendu avec l'essence du noir et blanc d'un simple crayon et "avec la lumière de l'âme, de l'artisan capable de risquer, dans l'éclair magique de magnésium de la vérité esthétique révélée, le cœur des camarades vétérans » (« il Lavoro » du 30 juin 1929).
Celles de Cominetti sont certainement des pages documentaires inégalées, qui sont ainsi entrées dans les musées et les centres de documentation de toute l'Europe. Mais ce sont aussi et surtout de superbes oeuvres d'art, d'un artiste qui a trouvé une voie autonome entre divisionnisme et futurisme et nouvelles avant-gardes, faisant preuve d'excellence en tant que peintre, dessinateur, scénographe, costumier et même designer entre l'Italie et Paris . Avant d'être défait, lui qui avait passé des années en première ligne, par un banal accident de moto.
L'exposition, organisée par Beatrice Buscaroli Fabbri, a été commandée par le vice-président et conseiller pour la culture de la région de Vénétie, l'honorable Marino Zorzato, dans le cadre des initiatives régionales de Vénétie pour le centenaire du conflit, avec le patronage de la présidence de la Conseil des ministres , Structure de mission pour les anniversaires d'intérêt national.
