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La France en feu veut la normalité mais entre Macron et les syndicats qui va déclencher le dégel ?

La rencontre du 5 avril entre le gouvernement et les syndicats et le prononcé du 14 avril du Conseil constitutionnel sur la réforme des retraites diront si la France est d'humeur au dégel ou si la rancœur et le ressentiment social l'emporteront sur la raison, ouvrant la voie à la droite réactionnaire de Le Pen

La France en feu veut la normalité mais entre Macron et les syndicats qui va déclencher le dégel ?

Dix jours de grève promu par tous syndicats et un climat de violence déchaîné par Bloc noir: le France ça brûle depuis des semaines, mais ça ne peut pas durer comme ça. Président Emmanuel Macron a eu le courage de l'impopularité en promouvant une réforme de pensions dont lui-même se serait volontiers passé mais qui "est nécessaire" car elle sécurise le système français de sécurité sociale aussi pour l'avenir. Mais le pays ne l'a pas compris et entre l'Elysée et la France il y a un divorce sentimental qui est déjà bien plus que le manque de communication et la méfiance mutuelle. Mais peut-on continuer ainsi ? Non, tu ne peux pas : Macron le sait et les syndicats le savent ou, du moins, le plus intelligent et le plus réaliste d'entre eux le sait, Laurent Berger, leader de la CFDT, deuxième syndicat français, sorte de CISL et autrefois ami de Macron. "Macron renoue avec le dialogue, sinon ça aide Le Pen» a-t-il déclaré mercredi dernier dans une interview à la Repubblica. Mais ce n'est pas le seul signe timide d'un dégel, même si l'élection surprise de Sophie Binet à la tête de l'union communiste CGT, sorte de version syndicale d'Elly Schlein, n'est pas vraiment de bon augure.

FRANCE : PREMIERS SIGNES DE DÉGEL DU SYNDICALISTE BERGER ET PREMIER BORNE

Le jour même où Berger lançait les premiers signes de volonté de dialogue, la Première ministre Elisabeth Borne il a invité les syndicats à une réunion sans ordre du jour le 5 avril. Ce qui veut dire que tout peut se discuter. Même les retraites ? Non pas de la suspension de la réforme comme le demandent les syndicats mais peut-être de certains aspects de son application et ensuite du travail et de la justice. Les distances entre Gouvernement et les syndicats sont abyssaux mais l'ouverture d'une table de discussion c'est déjà quelque chose.

À cette réunion, cependant, il y aura un invité de pierre : le Conseil constitutionnel, présidé par l'ancien premier ministre socialiste Laurent Fabius, qui devra décider le 14 avril si le texte de la réforme est conforme ou non à la Constitution et le 20 avril s'il admet ou non un référendum populaire sur le relèvement de l'âge de la retraite de 62 à 64 envisagé par la réforme Macron.

FRANCE : LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL PEUT JOUER UN RÔLE DÉTERMINANT

Bref, des journées chaudes, très chaudes pour la France et pour le sort non seulement de la réforme des retraites mais pour l'avenir de Macron lui-même. Chacun comprend que la France ne peut pas perdurer dans un affrontement qui la divise verticalement, qui la paralyse et qui offre de plus en plus de marges de manœuvre à la violence et qui finalement ne fait que faire le jeu de la droite. Mais qui fera le premier pas vers le dégel ? Nicolas Domenach n'a peut-être pas tout à fait tort lorsqu'il écrit dans l'hebdomadaire économique Défis que paradoxalement "Macron doit espérer la censure du Conseil constitutionnel", non pas totale mais partielle, pour renouer le dialogue avec les syndicats sans perdre la face. Mais que feront les 14 membres du Conseil constitutionnel le 9 avril ? Certains disent que Fabius pourrait saisir l'occasion de se venger de la censure subie en mai il y a 3 ans par Macron lui-même qui reprochait publiquement au Conseil sa lenteur à valider la prolongation de l'état d'urgence souhaitée par l'Exécutif. Mais ce serait de la mesquinerie. Plus réaliste Le Monde il pense que le Conseil constitutionnel rejettera la réforme des retraites, oui mais seulement partiellement, offrant au gouvernement et aux syndicats la possibilité de renouer le dialogue sur des bases nouvelles et plus constructives.

FRANCE : LE RETOUR A LA RAISON L'EMPORTERA-T-IL SUR LA RESENTENCE ET LA RANCOEUR SOCIALE ?

Macron expérimente à ses dépens que la modernisation de la France n'est pas un dîner de gala et qu'il est impossible de faire des réformes sans consensus, mais parmi les syndicalistes les plus pragmatiques comme Berger, combien pourraient jurer que sans une profonde réforme, les Français système de sécurité sociale est-il capable de tenir malgré l'allongement de l'espérance de vie, la réduction des actifs et la croissance des retraités ? Les prochains jours nous diront si en France le retour à la raison pourra l'emporter sur le ressentiment et la rancoeur sociale.

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