Partagez

Les Frères Sisters, le western crépusculaire d'Audiard

C'est l'histoire de deux frères tueurs professionnels, dont Joaquin Phoenix, engagé pour éliminer un mystérieux chimiste lors du moment épique de la ruée vers l'or dans le Far West des États-Unis à la fin des années 800 - TRAILER.

Les Frères Sisters, le western crépusculaire d'Audiard

Jugement de l'auteur :

Résultat d'image pour trois étoiles sur cinq

Cette semaine, nous vous proposons un nouveau genre de western : crépusculaire et théâtral. C'est l'histoire de deux frères tueurs professionnels engagés pour éliminer un mystérieux chimiste pendant le moment épique de la ruée vers l'or dans le Far West des États-Unis à la fin des années 800. Les frères Sisters racontent une époque désormais en voie de déclin, la civilisation du XXe siècle est à nos portes avec l'arrivée du chemin de fer, le développement du réseau électrique et les indigènes indiens confinés dans des réserves et désormais pacifiés : de ce point de vue, le film est dans le sillage des classiques du genre : le réalisateur Jacques Audiard (avec ce film, il a remporté le Lion d'argent au récent Festival du film de Venise et, avant cela, de nombreux autres prix internationaux prestigieux) mélange habilement les grands scénarios, les prairies sans fin, les tournages à l'intérieur et à l'extérieur des saloons avec des dialogues intimes ainsi que des réflexions profondes dans le sens de la vie.  

L'histoire commence par une tâche qui lui est confiée par un mystérieux et puissant commodore (brève apparition de Rutger Hauer). Le but est de tuer un personnage ambigu qui aurait volé son or et ses dollars. Pourtant, ce personnage est aussi un chimiste qui connaît une formule secrète pour isoler le métal précieux des pierres brutes au fond des ruisseaux et autour de cette chasse à l'homme, entre poursuites et fusillades, le destin des deux frères s'accomplit. Les premières images sont crépitantes : une fusillade dans le noir de la nuit, seulement des éclairs de pistolets et de carabines et on comprend tout de suite le « professionnalisme » des deux frères.

Dans leur travail impitoyable de tueurs à gage et rémunérés, ils se considèrent également bons et capables et admettent qu'ils ne peuvent rien faire de mieux. À notre avis, ils réussissent également. Cependant, le film prend immédiatement une tournure inhabituelle, anormale dans la perception commune du genre cinématographique. Les dialogues entre les deux frères nous ramènent à leur enfance, à leur père violent dont ils ont peut-être été empreints, aux relations fraternelles qui les lient inextricablement. La narration du film se poursuit en grande partie sur cette piste, attirant et intriguant le spectateur qui reste toujours suspendu, attendant quelque chose qui semble devoir se produire à tout moment. 

Il se passe quelque chose, les épisodes mouvementés ainsi que les aperçus du monde de l'Occident proche du changement d'époque, ne manquent pas et sont très suggestifs. Cependant, tout semble être conditionné davantage pour une dimension théâtrale que cinématographique. Les séquences de prairies sans fin ainsi que de montagnes enneigées vues tant de fois me viennent à l'esprit. Pour rester avec les titres récents du genre on ne citera que Quentin Tarantino avec La haineux Huit, exactement à l'opposé de ce qui se passe dans ce film, suppose une lecture largement et profondément typique du grand écran. À propos du film Tarantino susmentionné, une série épisodique a été annoncée pour Netflix. Rien à faire avec Il était une fois dans l'ouest de Sergio Leone (1968) où même le crépuscule d'une époque se lisait déjà dans le titre. Dans ce cas, cependant, un esprit de narration est plus apprécié, une écriture qui pointe droit sur le cœur des individus plutôt que sur les symboles, sur les icônes du genre. 

Il est probable que les fans purs et durs de ce type de film soient déçus (même si, comme écrit, les ingrédients fondamentaux sont tous respectés) de ne pas trouver ce sens et cette action fantastiques auxquels on pourrait s'attendre. Cependant, surtout dans la deuxième partie du film, tout est cousu et compacté dans un produit cinématographique qui respecte les canons traditionnels de ce type de film. Les deux protagonistes méritent la dernière notation : John C.Reilly (Eli)e Joaquin Phoenix (Charlie). De ce dernier, il convient de rappeler un 8mm daté et intéressant – Crime in red lights réalisé par Joel Schumacher (1999).  

Passez en revue